La fondation d'un nouvel espace pour une mémoire blessée : dialogue entre la poétique des ruines dans l'art d'Anselm Kiefer et l'avènement de la psychothérapie

Dion, Flavie (2016). « La fondation d'un nouvel espace pour une mémoire blessée : dialogue entre la poétique des ruines dans l'art d'Anselm Kiefer et l'avènement de la psychothérapie » Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en psychologie (Essai doctoral).

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Résumé

L'art nous offre un espace dans lequel nous sommes invités à réfléchir à notre monde et à notre vie. Nous nous intéressons aux signes d'humanité déposés dans les œuvres de culture et plus précisément à ce que l'art d'Anselm Kiefer peut inspirer comme lecture nouvelle du champ thérapeutique. Anselm Kiefer (né en 1945) est considéré comme l'un des plus éminents artistes de l'après-guerre en Allemagne et a consacré sa carrière à travailler à partir des ruines qui l'entourent depuis qu'il est enfant. Dans le présent essai, c'est à partir de la rencontre avec les œuvres, les ateliers et le travail par l'art de cet artiste allemand qu'un dialogue se tissera avec la psychothérapie. Notre approche phénoménologie et herméneutique amplifiante du sens sera guidée par ses œuvres. Nous tenterons de répondre et de participer à une vérité herméneutique qui nous transforme par cette rencontre avec l'art de Kiefer. À partir de récits en ruine, l'œuvre de Kiefer propose un rassemblement fructueux entre la génération de l'avant-guerre et de l'après-guerre. Par son art, il recherche ardemment à réactualiser le passé, à donner un autre statut aux ruines allemandes. En effet, la transmission d'un héritage blessé n'entraine pas chez l'artiste un repli sur soi ou encore un oubli radical. Dans l'art de Kiefer, une part insoupçonnée du passé se préserve dans ses tableaux tout en laissant une dimension d'ouverture pour de nouveaux récits possibles. Cet artiste accomplit sa tâche de contemporain en « fertilisant » les récits dont il hérite, en les transformant aussi. Son art nous fait penser à ce que la psychothérapie peut offrir au patient, soit un espace permettant d'accueillir et de transformer d'anciens récits associés à la souffrance de la perte et de la séparation. Les ateliers et les œuvres de Kiefer nous apparaissent comme des demeures hospitalières, plus spécifiquement comme des lieux de rassemblements de ruines, où est « réuni ce qui est séparé ». Les ruines constituent le point de départ pour les œuvres de Kiefer. En ce sens, ses ateliers et ses œuvres en ruine prennent à la fois la forme d'un champ d'agriculture ravagé où la terre semble stérile et blessée, mais continue de tenir la promesse d'un renouvellement et d'une renaissance. Son art oscille entre la vie et la mort, la mémoire et l'oubli, la destruction et la fertilité. L'art de Kiefer nous inspire une métaphore pour la psychothérapie, à savoir la possible transformation d'une « mémoire blessée » en « seuil ». En ce sens, les ruines dans l'art de Kiefer peuvent être pensées comme un lieu propice pour une greffe symbolique; la violence d'une blessure ouvre un seuil pour la reprise de dialogue entre la génération de l'avant-guerre et celle de l'après-guerre. La greffe du non-sens sur le langage et de la tradition vivante évoque l'unité d'une historicité, faisant écho à la fois aux cicatrices de l'histoire et aux possibilités narratives de la parole vivante et poétique. Nous élaborerons la « poétique des ruines » dans son art comme un possible recouvrement d'une mémoire blessée à travers un travail créatif, dans la fertilité et la liberté de l'avenir. L'art de Kiefer nous parait aussi inspirant pour penser la fondation du premier espace en psychothérapie, celui de l'aménagement du cabinet du Dr Freud. L'œuvre Fleur de cendre (1983-1997) de Kiefer sera inspirante pour aborder le thème de la création d'un nouvel espace pour une mémoire blessée en thérapie et pour penser l'événement de sens comme une création culturelle. La vie créative chez le patient sera explorée en lien avec la possibilité pour lui de « faire-œuvre-de-soi » en psychothérapie. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : psychothérapie, art, Sigmund Freud, Anselm Kiefer, ruine, espace, mémoire, greffe.

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: L'essai a été numérisé tel que transmis par l'auteur.
Directeur de thèse: Thiboutot, Christian
Mots-clés ou Sujets: Psychothérapie / Art / Kiefer, Anselm, 1945- / Ruines dans l'art / Mémoire / Freud, Sigmund
Unité d'appartenance: Faculté des sciences humaines > Département de psychologie
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 07 oct. 2016 19:00
Dernière modification: 21 nov. 2022 16:10
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/8938

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