Mahroug, Adil
(2025).
« Essais sur le cycle économique et la croissance schumpétérienne » Thèse.
Montréal (Québec), Université du Québec à Montréal, Doctorat en économique.
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Résumé
Cette thèse comprend trois chapitres sous forme d’articles, chacun apportant une contribution significative au domaine de la macroéconomie en intégrant une analyse du cycle économique avec la théorie de la croissance endogène.
Dans le Chapitre 1, nous développons un modèle hybride combinant un modèle de croissance endogène schumpétérien avec un modèle de rigidité nominale néo-keynésien, en nous concentrant sur l’interaction entre la croissance tendancielle d’une économie et ses fluctuations cycliques. Pour des fins de tractabilité, une structure de brevets est imposée au modèle dans lequel les droits de propriété intellectuelle d’une technologie expirent après une période. En conséquence, seuls deux niveaux technologiques coexistent à tout moment dans le secteur intermédiaire. Ainsi le modèle de croissance endogène offre une compréhension plus nuancée de la dynamique économique, en particulier en ce qui concerne les fluctuations du cycle économique. Le modèle met l’accent sur l’importance de la R&D et des effets de retombées, offrant un aperçu des impacts de la politique monétaire, de l’efficacité des investissements et des avancées technologiques. Une analyse de décomposition de la variance souligne l’importance du choc de spillover dans la variabilité des investissements en R&D et en capital physique. L’étude contribue à la littérature en démontrant le pouvoir explicatif amélioré du modèle de croissance endogène dans l’analyse des cycles économiques et suggère de nouvelles recherches pour affiner ses capacités prédictives.
Le Chapitre 2, "Croissance schumpétérienne, rigidités des prix et cycles économiques", prolonge la discussion sur la croissance schumpétérienne en examinant l’impact des rigidités des prix et des salaires sur les cycles économiques. Il s’appuie sur le modèle du Chapitre 1 en s’affranchissant du système de brevets. Cet ajout permet d’enrichir le modèle en permettant à un continuum de technologies de coexister dans le secteur intermédiaire et donc d’avoir une intéraction plus riche entre la technologie et la rigidité des prix. Les prix sont fonctions d’une technologie, à travers le coût marginal, qui varie dans le temps et à travers le secteur intermédiaire. Le chapitre analyse les caractéristiques communes d’un modèle DSGE néo-keynésien avec des ajouts schumpétériens, étudiant les implications de ces modèles sur les niveaux de prix agrégés, les taux de salaire, la production et les contraintes de ressources. La calibration du modèle est alignée sur les données empiriques, capturant à la fois les éléments néo-keynésiens et schumpétériens. L’assouplissement de la contrainte sur les brevets permet une interaction beaucoup plus riche entre le progrès technologique et les rigidités nominales. Nous constatons que notre modèle reproduit les caractéristiques clés du cycle économique grâce à une calibration standard, capturant efficacement les dynamiques liées à la production, la consommation et les investissements tant dans le capital physique que dans la RD. Cette calibration équilibre le compromis entre précision et temps de traitement. De plus, nous observons que les changements dans la probabilité d’innovation à l’état stable, tout en maintenant constant le taux de croissance global de la production réelle, affectent significativement les réponses dynamiques des variables macroéconomiques. Une probabilité d’innovation plus élevée, qui tend à représenter des avancées technologiques plus modestes, conduit à des retombées technologiques plus larges et à une réduction des rigidités des prix nominaux, à mesure que de nouvelles entreprises établissant des prix optimaux émergent. Nous trouvons également que différentes combinaisons de probabilités d’innovation à l’état stable et d’étendues de retombées de connaissances, même en maintenant un taux de croissance constant pour la frontière technologique, ont des implications profondes pour le bien-être. Spécifiquement, un scénario avec une probabilité d’innovation à l’état stable plus élevée entraîne un niveau de bien-être équivalent à la consommation nettement supérieur. Par exemple, une économie avec une probabilité d’innovation trimestrielle de 23%, par rapport à 15%, produit un impact sur le bien-être 4, 7% plus élevé, en tenant compte des interactions dynamiques. Cela souligne le rôle significatif de la probabilité d’innovation et des retombées de connaissances dans la formation du bien-être économique.
Dans le Chapitre 3, nous présentons une analyse empirique qui s’appuie sur les fondements théoriques établis dans les chapitres précédents. Ce chapitre introduit un taux positif d’inflation tendancielle et les mécanismes d’indexation des prix et des salaires dans le modèle. L’utilisation de l’inférence bayésienne pour l’estimation des paramètres est une contribution méthodologique significative, renforçant la robustesse empirique du chapitre. Les résultats du chapitre, qui valident les modèles théoriques, éclairent la dynamique complexe entre l’innovation, la croissance et les cycles économiques, en particulier sous l’influence de l’inflation tendancielle positive et des mécanismes d’indexation. L’estimation bayésienne dans ce modèle économique néo-keynésien révèle plusieurs résultats clés : les paramètres de Calvo pour la rigidité des prix et des salaires suggèrent une durée moyenne de contrat de 2,5 trimestres. Une forte indexation des prix et des salaires, ainsi qu’une élasticité-prix de la demande indiquant une majoration de 16% par rapport à la tarification concurrentielle, sont observées. L’inflation est inférieure aux 2% anticipés, attribuée à l’impact de la destruction créatrice dans le modèle. La politique monétaire montre une forte réaction à la croissance de la production, avec moins de lissage que prévu. Des paramètres de croissance endogène et une forte persistance dans les paramètres de choc sont notés, avec une suggestion d’étendre la durée des investissements en R&D pour un modèle plus précis de la persistance économique. Le chapitre conclut en suggérant des avenues potentielles pour des recherches futures, notamment dans l’affinement et l’expansion du cadre empirique utilisé dans l’étude.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : croissance schumpétérienne, cycle économique, modèles néokeynesiens, rigidités de prix, rigidités de salaires, innovation, croissance, équilibre général, estimation bayésienne, inflation tendancielle,
coûts de l’inflation, dynamique de la croissnce, dynamique de l’inflation