Aubin Thuot, Annabelle
(2018).
« Se dérober au pouvoir et bâtir une force miraculeuse : le phénomène de la jouissance dans La lettre aérienne de Nicole Brossard » Mémoire.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en études littéraires.
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Résumé
La jouissance des femmes est généralement chose taboue et irreprésentable. Iris M. Young parle de « la répression du désir féminin actif et autonome » (2007), et Gayatri C. Spivak de « l'effacement du clitoris » (2009). Face à cet ordre, à la fois violent et banal, plusieurs stratégies de subversion demeurent possibles. Ainsi, Nicole Brossard déclare : « Écrire ça écrase tout ce qui s'oppose à la jouissance, à l'unanimité en soi ». Son essai poétique La lettre aérienne (Remue-Ménage, 1985) révèle cette jouissance, cette « unanimité en soi » qui se réalise dans le geste amoureux et frénétique de l'écriture. « Mais, remarque Pierre Nepveu, comme il est frappant de constater combien cet élan, qui suppose un combat, un arrachement, conduit au-delà de toute violence » (1989). Même si le constat de l'extérieur tient en ceci : « Notre mémoire est courte, nos héroïnes rares et camouflées par la censure, nos sens altérés par un conditionnement à l'effacement » (LA, p.99), nous allons démontrer combien la jouissance à l'œuvre dans La lettre aérienne est antithétique à l'abnégation, à la traditionnelle et gluante honte, ainsi qu'à l'écrasement des forces intérieures. Cette jouissance prend naissance dans une subjectivité forte et cultivée sans compromis. Brossard souhaite demeurer au plus près de ce qu'elle appelle « la chair de l'écrivain », donc tout près du désir, un désir sans objet et « en lui-même le lieu de plaisir » (Jean Fisette, 1979). La lettre aérienne atteste que la jouissance n'est pas restreinte au corps, qu'elle est une vaste forme d'émerveillement, un trop-plein d'imagination, une intimité redoutable, voir un sens de la métamorphose prenant racine dans l'écriture, pouvant aller jusqu'à bouleverser le réel. Ce mémoire propose d'explorer le lien entretenu par Brossard entre littérature et vie, la littérature étant génératrice de vie et permettant de « vivre d'une autre vie, [...] sentir que notre vie est une œuvre » (Rivard, 2010). C'est ainsi que nous en viendrons à parler de jouissance en tant qu'écologie, maison et floraison. Le phénomène de la jouissance ne répond pas du tout à la socialisation des femmes et aux interdits intériorisés, qui étouffent leurs aspirations intimes, la confiance en leur subjectivité et le goût de l'existence. Nous soutiendrons que la jouissance trouvée dans l'écriture est un tour de force, prenant ancrage dans une foi en la langue et la vie. Il s'agira de mettre en relief « la femme bouillonnante et infinie [qui] donne tant de fil à retordre » (Cixous, 1975) aperçue dans La lettre, revendiquant la hardiesse d'une subjectivité enfin reconnue; femme foisonnante et téméraire découvrant des prises sur le monde. Nous poursuivrons donc les cinq objectifs suivant : éclaircir la notion de jouissance; approfondir la poétique des genres; étudier l'énonciation brossardienne; observer la logique du débordement; saisir le nouvel espace politique déployé dans La lettre.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : La lettre aérienne, Nicole Brossard, Littérature québécoise, jouissance, XXe, essai, études féministes, poétique, énonciation, performativité
Type: |
Mémoire accepté
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Informations complémentaires: |
Le mémoire a été numérisé tel que transmis par l'auteur. |
Directeur de thèse: |
Robert, Lucie |
Mots-clés ou Sujets: |
Nicole Brossard / La lettre aérienne / Plaisir dans la littérature / Écrits de femmes |
Unité d'appartenance: |
Faculté des arts > Département d'études littéraires |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
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Date de dépôt: |
04 juill. 2018 06:29 |
Dernière modification: |
04 juill. 2018 06:29 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/11396 |