Deslandes, Sandra
(2013).
« Les stratégies visuelles chez Vermeer, ou, Le paradoxe du spectateur » Mémoire.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en histoire de l'art.
Fichier(s) associé(s) à ce document :
Résumé
Ce mémoire se penche sur les intérieurs intimistes réalisés, entre 1657 et 1673, par le peintre hollandais Johannes Vermeer. Les historiens de l'art qui se sont manifestement intéressés à son œuvre, au XIXe siècle, l'ont abordée sous l'angle du réalisme, puis, au XIXe siècle, à partir de l'approche iconographique. D'autres ont abandonné toute tentative d'analyse au profit de considérations très libres qui font surtout l'éloge du mystère et de la magie de sa peinture. L'art hollandais a longtemps été laissé de côté par les historiens de l'art, puisque analysé en regard de la tradition italienne, il était perçu comme un art pauvre, un art de la description dénué de sens puisqu'aucun texte n'y est explicitement narré. Ce mémoire veut revoir la contribution de cet artiste à l'histoire de l'art en démontrant que son œuvre affirme une conception différente de l'art que celle qui prévaut durant la Renaissance italienne. En ce sens, ce mémoire consistera en une analyse pragmatique et sémiotique des scènes d'intérieur, chez Vermeer, qui confrontent le spectateur à un paradoxe fondamental. En effet, malgré l'apparent réalisme de ses tableaux, ceux-ci ne cessent de mettre en échec la logique de la mimèsis et cachent autant, sinon plus, qu'ils ne montrent. L'objectif de ce mémoire consiste donc à expliciter quelles sont les différentes stratégies visuelles et iconographiques utilisées par l'artiste qui rompent radicalement avec les principes de la Renaissance italienne selon lesquels le tableau est une vedute ouverte sur le monde racontant une historia empruntée aux grands textes de la tradition. Nous verrons que les tableaux de Vermeer empêchent le spectateur d'adopter cette position omni-voyante et omnisciente supposée par la théorie albertienne de la peinture, d'une part, par les moyens conceptuels, donc par le message verbalisé qui fait « dire » à la peinture que la vision est ambiguë, mais aussi par le déroulement même du processus visuel du regard posé par le spectateur sur le tableau. Nous verrons que, visuellement, le spectateur est amené à douter de ce qu'il voit vraiment, puis que, conceptuellement, l'espace représenté le renvoie à une invisibilité que la représentation picturale ne fait que lui pointer. Notre hypothèse étant que son œuvre s'inscrit dans une crise de la mimèsis classique, au XVIIe siècle, qui se traduit par une scission de l'art et du savoir ; le « voir » n'est plus uniquement au service du « savoir » mais pose les conditions de vision du spectateur. Nous nous plongerons, dans un premier temps, dans le contexte social de l'époque afin de situer l'émergence la scène de genre et les influences artistiques de Vermeer, puis nous expliciterons quelles sont les différentes stratégies spatiales, plastiques et iconographiques utilisées par l'artiste qui rompent avec les principes d'univocité et de transparence de la mimèsis classique. Nous aurons démontré, au final, que l'œuvre de Vermeer s'inscrit au seuil d'une conception moderne de l'histoire de l'art conçue comme histoire de la relation entre les spectateurs et les œuvres.
______________________________________________________________________________
MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Johannes Vermeer (1632-1675), scènes de genre, baroque, vision, spectateur, modernité
Type: |
Mémoire accepté
|
Informations complémentaires: |
Le mémoire a été numérisé tel que transmis par l'auteur |
Directeur de thèse: |
Lupien, Jocelyne |
Mots-clés ou Sujets: |
Vermeer Johannes 1632-1675, Appréciation de l'art, Peinture d'intérieur, Perception visuelle, Spectateur |
Unité d'appartenance: |
Faculté des arts > Département d'histoire de l'art |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
|
Date de dépôt: |
03 oct. 2014 17:48 |
Dernière modification: |
01 nov. 2014 02:29 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/6198 |