Quesnel, Jonathan
(2022).
« L'indicible et le cinéma : entre origine et mort » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en sciences des religions.
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Résumé
Il sera question, dans cette thèse, de la mort et de l'origine en tant que limite, du problème qu'elles posent au langage et de leur inscription dans un dispositif cinématographique. Je ferai l'hypothèse que l'indicible, inhérent à ces deux cas-limites, n'est pas inaccessible au sens, qu'il n'est pas extérieur au langage et qu'il peut être montré à défaut d'être dit. Or, ce qui se montre s'inscrit également dans une forme langagière. Notamment dans l'art. Le langage se décline alors en langages, offrant ainsi à l'être humain un large spectre de possibilités quant à son besoin de produire du sens. Dans la première partie, l'indicible sera tout d'abord défini comme déficit de signification pour ensuite être articulé aux différentes stratégies langagières qui cherchent à le dépasser. C'est L. Wittgenstein qui écrivait « ce n’est pas comment est le monde qui est le Mystique, mais le fait qu’il soit », soulignant ainsi la nature ineffable de l'événement du monde. Tout comme le philosophe autrichien, je pense aussi que l'élément mystique se niche sur la zone limitrophe de l'Être, entre son surgissement et sa disparition, entre l’origine et la mort. C'est donc « là » que sera posé le problème de l'indicible : sur le non-lieu de la limite. L'art et le religieux tentent de répondre à ce double problème (ontologique et langagier) depuis toujours et c'est justement pour cela qu'ils seront intimement liés dans cette thèse. Dans la deuxième partie, nous étudierons les mécanismes du dispositif cinématographique pour ensuite souligner comment ce dernier s’emploie à surmonter l’indicible propre à la mort et à l’origine en montrant ce qui ne peut être dit. Cette problématique sera ensuite exemplifiée dans le cadre d'analyses portant sur trois œuvres filmiques particulières. Je me pencherai sur le traitement de l'origine et de la mort de l'autre dans Arrival (Villeneuve, 2016), sur celui de l'origine et de la mort de l’humain dans 2001 : A Space Odyssey (Kubrick, 1968) et sur celui de l'origine et de la mort d’un monde dans A Hidden Life (Malick, 2019). Ces analyses reposeront dans une large mesure sur une démarche herméneutique et se centreront essentiellement sur les enjeux socio-anthropologiques de la mort et de l’origine. Partant, le cinéma sera compris à la fois comme un système de représentations apte à gérer symboliquement l’indicible mais aussi comme un art porteur d’agentivité, capable de « résonner » esthétiquement et d’agir sur le rapport de notre civilisation avec sa propre finitude. En conclusion, nous ferons ressortir l’importance et la fécondité de la collaboration pluridisciplinaire entre les sciences des religions, la philosophie du langage et les études cinématographiques pour comprendre des enjeux fondamentaux de notre époque.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : mort, origine, indicible, esthétique, liminarité, événement, résonance, cinéma