Lacroix, Nicolas
(2020).
« Ulysse en conflit : modernité, modernisme et politique chez James Joyce » Mémoire.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en études littéraires.
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Résumé
À force d’être rabattu sur les avant-gardes, le modernisme dit « historique » en est venu à être conçu comme exemplifiant et participant du processus d’autonomisation artistique (institutionnel et social) et esthétique (formel) de la modernité littéraire. Dans le sillage de ce paradigme interprétatif, la postérité critique du roman Ulysse (1922) de James Joyce a été marquée par une opposition entre deux tendances critiques et deux modes de contextualisation distincts – l’un, esthétique et moderniste; l’autre, historique et politique. En prenant appui sur la contre-histoire de la modernité littéraire formulée par Jacques Rancière, ce mémoire se propose de mettre à distance cette opposition et de montrer que les rapports entre politique et littérature sont à même d’être saisis depuis le modernisme d’Ulysse. En d’autres termes, ce mémoire tente de montrer que la dimension politique du roman est indissociable des contradictions et des antagonismes qui structurent sa forme même et qui élaborent une représentation paradoxale et conflictuelle du monde social. Le mémoire se divise ainsi en trois chapitres. Le premier définit les concepts de « modernisme » et de « politiques de la littérature », et tente d’en identifier les enjeux et les limites. Il vise à prendre appui sur ces limites afin de rendre compte de la spécificité de la conception de la modernité que propose Rancière et de la manière dont elle permet de penser
autrement les rapports entre politique et littérature. Le deuxième chapitre resitue dès lors le projet critique d’Ulysse au sein de cette conception de la modernité. Il montre que le dispositif esthétique du roman donne à voir une représentation de la ville et de son quotidien qui est prise dans une tension entre la visibilité qu’elle acquiert et la possibilité qu’elle a d’être mise en discours; et que c’est depuis cette tension que s’expose le politique. Le troisième chapitre analyse enfin la manière dont ce dispositif esthétique rompt avec l’unité et l’homogénéité apparentes de la ville en présentant, à travers différentes scènes d’interlocution, la rencontre et l’articulation de différents publics et contre-publics subalternes.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : James Joyce, Jacques Rancière, modernité, modernisme, politiques de la littérature