Le chant des oyseaulx : comment la musique des oiseaux devient musique des hommes

Ouellette, Antoine (2006). « Le chant des oyseaulx : comment la musique des oiseaux devient musique des hommes » Thèse. Montréal, Québec, Université du Québec à Montréal, Doctorat en étude et pratique des arts.

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Résumé

La présente thèse-création se situe dans le courant récent de la biomusicologie en alliant la biologie (ornithologie et écologie) avec la musique (musicologie et composition). En faisant interagir ces champs de recherche, l'auteur vise à déterminer comment la musique des oiseaux peut devenir musique des hommes. Au départ, la chose est possible puisqu'il y a un domaine commun entre ces deux musiques; domaine qui concerne les fonctions liées à la musique, l'existence de traditions d'expression régionales, la variabilité de la douance individuelle, les modalités d'apprentissage d'une activité non entièrement innée, les structures musicales ainsi que l'existence d'une zone ouverte à l'expression individuelle, à l'innovation et à la libre création. Ce domaine commun valide l'idée même de «musique» chez les oiseaux comme celle de composer des œuvres à partir de chants d'oiseaux. Toutefois, les domaines des deux musiques ne coïncident pas totalement. Trois différences sont particulièrement importantes : 1) la musique des oiseaux est une musique en mouvement alors que celle des hommes est essentiellement fixe ou très peu mobile; 2) le rythme de la musique des oiseaux est fractal (non mesuré) alors que celui de la musique des hommes peut aussi être fractal mais, de façon plus typique, est basé sur un temps mathématique; 3) la musique des oiseaux serait surtout composante d'un musilangage alors que celle des hommes est devenue autonome par rapport au langage. Pour les étudier comme pour composer à partir d'eux, les chants d'oiseaux sont transcrits selon quatre techniques possédant chacune leurs forces et faiblesses selon le but recherché : le recours aux onomatopées, la transcription en notes de musique, le sonagramme et l'enregistrement sonore. Fait ignoré par la musicologie : bien avant le compositeur Olivier Messiaen, soit à partir de la mi-19e siècle, de nombreux naturalistes ont transcrit les chants d'oiseaux en notes de musique, souvent avec de hautes exigences de fidélité les menant jusqu'à l'invention de signes musicaux inédits. Depuis les années 1930, le sonagramme a permis l'analyse fine des chants d'oiseaux dont de nombreux détails échappent à notre audition. L'enregistrement sonore a rendu possible la création d'œuvres musicales combinant instruments et chants d'oiseaux réels : l'une d'elles (Les pins de Rome de Respighi, 1924) réunit pour la première fois de l'histoire sons enregistrés et musiciens sur scène. Cette technologie fera aussi naître des œuvres électroacoustiques directement basées sur des chants d'oiseaux. Présents aussi dans d'autres cultures, les chants d'oiseaux interviennent dans la musique occidentale au 13e siècle sous l'influence de la spiritualité franciscaine et la quête d'imitation de la nature. Dès lors, deux oiseaux personnifient deux approches opposées : le Coucou, pour la fidélité aux modèles naturels, et le Rossignol, pour la stylisation plus ou moins poussée de ceux-ci. Ces deux oiseaux seront les principaux protagonistes des œuvres inspirées par les oiseaux jusqu'au début du 20e siècle, alors que l'approche de la stylisation reste largement dominante. Ce corpus d'œuvres exprime différentes visions métaphoriques des oiseaux et reflète l'évolution de la relation de la Culture avec la Nature. Au 20e siècle, le développement des technologies, l'épanouissement de la science ornithologique (qui a relativisé les visions métaphoriques au profit d'une connaissance scientifique) et une prise de conscience grandissante relativement aux problématiques environnementales feront se multiplier les «oeuvres d'oiseaux» de même que le recours à l'approche Coucou (fidélité), cela pour tenter de mieux harmoniser Nature et Culture. En lien avec ces recherches théoriques, le volet création de la thèse, Joie des Grives, est une œuvre symphonique fondée sur des chants d'espèces d'oiseaux vivant au Québec. Comme son auteur, elle s'enracine dans la nord-américanité, ses oiseaux, ses milieux écologiques, sa vision du monde (références à la pensée amérindienne). Faisant la synthèse entre stylisation et fidélité, l'œuvre utilise les chants eux-mêmes ainsi que des éléments propres à la musique des oiseaux, en particulier de la famille des Turdidés (Grives, Merles, etc.), comme les rythmes fractals, les sons harmoniques et la mobilité dans l'espace. Ces éléments sont mariés avec la musique humaine dont certaines traditions (savantes comme populaires, occidentales comme non-occidentales) sont ici réinterprétées et intégrées organiquement à un contexte nouveau. L'œuvre utilise de façon radicale le langage modal diatonique en le réactualisant; langage avec lequel la musique des oiseaux présente de nombreux points communs. Directement inspirée par la musique des oiseaux, la thèse apporte aussi une définition théorique de la «musique fractale», faite d'éléments fondamentaux simples, réitérés et ramifiés hors de la pulsation du temps mathématique. Cette musique fractale constitue une part essentielle de Joie des Grives. L'œuvre poétise ainsi les connaissances scientifiques les plus récentes de l'ornithologie. _____________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Musique, Biomusicologie, Oiseaux, Ornithologie, Fractales.

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: La thèse a été numérisée telle que transmise par l'auteur.
Directeur de thèse: Despins, Jean-Paul
Mots-clés ou Sujets: Chant d'oiseau / Composition musicale / Oiseau / Biomusicologie / Musique d'orchestre / Musique fractale
Unité d'appartenance: Faculté des arts > Département de musique
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 12 mai 2017 10:01
Dernière modification: 01 avr. 2022 13:59
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/9692

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