(Dé)construire la danse : essai sur l'expérience esthétique de cinq œuvres de Jérôme Bel

Montaignac, Katya (2016). « (Dé)construire la danse : essai sur l'expérience esthétique de cinq œuvres de Jérôme Bel » Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en études et pratiques des arts.

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Résumé

Cet essai s'inscrit dans le champ de l'esthétique des œuvres chorégraphiques contemporaines et occidentales. Il explore une approche heuristique inspirée de la création artistique et qui fait du chercheur un « performeur » d'idées empruntant ses outils à différents domaines disciplinaires (danse, histoire de l'art, performance, philosophie) tout en assumant la subjectivité de sa perception. Adoptant un point de vue épistémologique, sa méthodologie se nourrit de lectures philosophiques contemporaines marquées par la déconstruction (Barthes, Deleuze, Foucault, Lyotard) et par une pensée critique des discours sur l'art (Michaud, Schaeffer, Shusterman, Rancière). La thèse propose ainsi une triangulation entre l'œuvre, son contexte historique et l'expérience esthétique vécue par la chercheure. Concentré sur la « danse performative » (Roux, 2007) qui questionne la notion même de représentation, mon objet d'étude s'articule autour de l'analyse d'œuvres du chorégraphe français Jérôme Bel. Cet artiste a opéré, comme bien d'autres depuis le milieu des années 1990, une brèche dans le paysage chorégraphique contemporain en rompant avec les codes traditionnels de la représentation en danse basés sur un idéal du corps engageant la virtuosité, l'expressivité et l'ivresse du mouvement. L'ensemble des œuvres de Bel s'inspire d'une réflexion poststructuraliste littéralement mise en corps à travers la déconstruction même du spectacle. Et bien que ces créations évacuent la notion de chorégraphie et que le mouvement prenne la plupart du temps une forme réduite et minimale, mon travail de recherche consiste à repérer « par où [passe] la danse » (Mayen, 2005, p. 13) dans cette redéfinition du médium. Il s'articule autour d'une question principale : quels (nouveaux?) rapports au corps et à la danse engagent les concepts chorégraphiques à l'œuvre dans les pièces de Jérôme Bel? De cette question, découlent deux sous-questions : comment déconstruisent-ils certains mythes de la danse? Et selon quelles modalités constituent-ils un regard différent? Mon corpus de recherche se base sur un ensemble de sept œuvres chorégraphiques créées entre 1995 et 2005 et sur les discours critiques et théoriques qui les accompagnent. En lien avec chacune des œuvres de Bel, l'analyse s'est orchestrée autour de cinq questions : comment les influences artistiques et philosophiques de Jérôme Bel s'incorporent-elles dans son œuvre pour engager un mode de composition chorégraphique singulier? Quels rapports au corps et à la danse ce mode de composition implique-t-il? En quoi ces rapports au corps modifient-ils la présence scénique du danseur? Quelle expérience particulière du spectateur induisent-ils? Et enfin, comment ces éléments dessinent ce que l'on pourrait appeler « une dramaturgie du vivant »? Chaque chapitre analyse une pièce de Bel autour d'un paradigme spécifique qui guide le regard et la réflexion : le « degré zéro » de la chorégraphie ou le glissement du chorégraphique vers le dramaturgique, la mise en jeu du corps comme texture de l'œuvre, les modalités de la présence scénique du danseur, la « naissance du spectateur » à travers l'expérience (soma)esthétique du spectacle et la dramaturgie du vivant par le biais d'un « partage du sensible ». Constituant un contrepoint à une série de mythes classiques et modernes encore dominants aujourd'hui dans le champ de la danse (le créateur démiurge, le corps glorieux, le culte du spectacle, se déprendre de la danse et rapprocher l'art de la vie), l'ensemble de ces partis pris esthétiques élabore une nouvelle doxa chorégraphique par le biais d'un « vidage de la représentation » (Pouillaude, 2009). Dans un contexte « post-utopique » de l'art (Rancière, 2004), ces mutations esthétiques font apparaître une « danse sans mythe », dont les contours se dessinent parmi les idées qui se sont cristallisées, au fil de la thèse, autour d'un art modeste, d'une danse sans ego et de la mise en jeu d'un corps quelconque. Ces constats me conduisent à échafauder l'hypothèse de la Mort du danseur à travers la conception d'une « danse athée ». Par la disparition de son aura, le danseur assume un processus de subjectivation et une forme de « non-jeu » que l'on retrouve actuellement dans le travail de (dé)mise en scène de nombreux artistes de théâtre et de danse. Délivrée de ses croyances, la danse déplace ses effets en plaçant notamment le spectateur au cœur de sa dynamique. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : esthétique, analyse d'œuvres chorégraphiques, danse contemporaine, danse performative, Jérôme Bel

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: La thèse a été numérisée telle que transmise par l'auteur.
Directeur de thèse: Febvre, Michèle
Mots-clés ou Sujets: Bel, Jérôme -- Critique et interprétation / Esthétique / Chorégraphie / Danse
Unité d'appartenance: Faculté des arts
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 07 sept. 2016 13:24
Dernière modification: 07 sept. 2016 13:24
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/8803

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