L'idole creuse : passion du sacré et logique de la perversion chez Jean Genet et Marcel Jouhandeau

Hervé, Martin (2013). « L'idole creuse : passion du sacré et logique de la perversion chez Jean Genet et Marcel Jouhandeau » Mémoire. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en études littéraires.

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Résumé

La critique s'est longuement penchée sur Jean Genet et Marcel Jouhandeau. Au fil du temps, leurs textes se sont vus attribués une multitude d'étiquettes : écrits d'auteurs pervers et homosexuels, récits hantés par les fastes de l'imagerie catholique, etc. Écrivains troubles et élusifs, les mondes qu'ils couchent sur le papier se caractérisent par une semblable ambivalence, la morale commune y étant renversée afin de bâtir une métaphysique originale et personnelle. Ce mémoire propose, par le recours aux études développées par l'anthropologie religieuse et la psychanalyse, de soumettre à la question les paradigmes du sacré et de la perversion. Avec Miracle de la rose (1946) pour Genet et Chronique d'une passion (1949) pour Jouhandeau, ce mémoire part d'une matrice amoureuse transfigurée en un culte de la passion homosexuelle, dès lors que l'autre, l'Amant, est élevé au rang de divinité. Pourtant, dans ces deux romans, l'Amant n'est idolâtré qu'à condition que sa mise à mort soit programmée et ritualisée du lieu même de la fiction et de l'écriture. L'alter-ego textuel de l'écrivain mène, par la plume, la cérémonie sacrificielle à son achèvement, et l'autre à sa disparition. Autour de l'Idole vénérée, une troublante logique de la division se manifeste. Tant chez Genet que chez Jouhandeau, le narrateur ne sanctifie son amant que pour mieux l'immoler et réactualiser, au sein du texte, son isolement profond. Par ailleurs, le sujet de l'écriture instrumentalise, statufie l'autre en un pur objet, entier et total, dans l'espoir de l'être en retour, en vertu de la magie spéculaire du fantasme narcissique. Mais le projet d'échapper à la division induite par l'altérité et l'échange avec autrui reste lettre morte en dehors de l'espace barricadé et subjectif de l'imaginaire. Par conséquent, Genet et Jouhandeau révèlent, malgré eux, l'envers du drame de l'exclusion imposée par le monde du dehors en raison de leur sexualité. C'est tout compte fait et tout voile levé (momentanément), dans la posture d'être-mort qu'ils se présentent en filigrane de leurs œuvres. Leur division originelle et irrémissible, ils en rejouent sans cesse l'histoire par l'écriture afin de surseoir à l'horreur d'une confrontation avec le réel, synonyme de déchéance et de folie. Exclus, êtres im-mondes : Genet et Jouhandeau cherchent, en définitive, à faire leurs ces condamnations et à manifester, dans la lettre, une souveraine solitude. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Jean Genet, Marcel Jouhandeau, Sacré, Sacrifice, Perversion, Anthropologie, Psychanalyse, Littérature

Type: Mémoire accepté
Informations complémentaires: Le mémoire a été numérisé tel que transmis par l'auteur.
Directeur de thèse: Lussier, Alexis
Mots-clés ou Sujets: Genet Jean 1910-1986, Jouhandeau Marcel 1888-1979, Ascétisme, Perversion, Psychanalyse, Sacré, Thème littéraire
Unité d'appartenance: Faculté des arts > Département d'études littéraires
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 04 déc. 2014 13:54
Dernière modification: 04 déc. 2014 13:54
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/6428

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