Ricard-Guay, Alexandra
(2007).
« Les femmes déplacées par le conflit en Colombie : l'expérience associative comme levier d'empowerment » Mémoire.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en science politique.
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Résumé
Dans ce mémoire, nous avons exploré les stratégies locales de réponse au déplacement
forcé entreprises par les personnes déplacées et tout spécialement, par les femmes déplacées en
Colombie. Nous avons étudié en quoi l'expérience associative - en tant que stratégie de réponse au déplacement - peut jouer un rôle de levier d'empowerment pour les femmes déplacées. Nous avons limité nos études à une région, le Putumayo.
Bien que le déplacement forcé puisse avoir un impact disproportionné sur les femmes, ces
dernières semblent toutefois s'adapter plus rapidement à leur nouvel environnement. Elles trouvent de nouveaux espaces à travers des réseaux informels d'appui et de solidarité afin de subvenir aux besoins de leurs familles et de reconstruire leur projet de vie. Le fait de se lier à une organisation de personnes déplacées ou à une organisation communautaire constitue pour plusieurs d'entre elles une des premières étapes dans la formulation de leurs stratégies de réponse au déplacement. Parmi les principaux motifs
derrière cette propension à s'organiser, nous identifions : rechercher une stabilisation socio-économique - ce qui peut impliquer la recherche d'un revenu stable, d'un accès à la terre et à un logement - et participer à un espace de socialisation. Pour cette étude exploratoire, nous avons réalisé une enquête terrain dans la région
étudiée, le Putumayo, à l'été 2005. Nous y avons réalisé des entrevues, individuelles et de groupe, avec i) des femmes déplacées participant au sein d'organisations, ii) des représentants d ' O N G , d'organisations internationales et du H C R , ainsi que iii) des autorités locales. Nous avons également réalisé des journées d'obervation participative lors d'ateliers de capacitation et de formation auprès de femmes déplacées et non
déplacées ; et nous avons participé à des réunions d'organisations de personnes déplacées. Deux constats résultent de notre étude-terrain concernant l'espace associatif de la population déplacée en général tout autant que l'espace associatif des femmes déplacées dans le Putumayo: 1) il y a une non-concordance entre, d'un côté, les objectifs d'empowerment poursuivis par plusieurs organisations présentes dans le Putumayo, via les ateliers de capacitation et le renforcement des capacités organisationnelles de la
population déplacée et, de l'autre, les priorités des hommes et des femmes déplacés : 2) cette inadéquation est en grande partie due au fait que deux préalables ne sont souvent pas satisfaits : la sécurité alimentaire et l'accès à une source de revenu stable, autrement dit la stabilisation socio-économique. Cette question interpelle la tension qui existe entre deux types de stratégies d'intervention auprès des personnes déplacées : celles centrées sur les programmes de capacitation et celles axées sur les programmes de stabilisation économique, notamment d'appui à des projets générateurs de revenus. Dans une perspective différenciée selon le genre, on constate quelques particularités concernant l'expérience associative des femmes déplacées par rapport à la population en général. Cette expérience associative peut offrir un espace de socialisation propice à la création de réseau de solidarité et au renforcement de l'estime personnelle, deux vecteurs
important du processus d 'empowerment. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Déplacement forcé, Colombie, Genre, Initiatives locales, Empowerment.