Mathieu, Sébastien
(2007).
« Les fondements psychologiques de la théorie sociale de Friedrich A. Hayek : de l'ordre sensoriel à l'ordre spontané » Mémoire.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en science politique.
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Résumé
Ce mémoire a pour but de faire ressortir les liens qui unissent la théorie psychologique à la théorie sociale de Friedrich Hayek. Pour ce faire, nous avons réalisé un tour d'horizon des principaux écrits de l'auteur dans les domaines de la psychologie, de la méthodologie, de la philosophie et de la politique, en excluant les textes d'économie pure. Notre hypothèse stipule que la théorie psychologique de Hayek a exercé une influence marquante sur l'ensemble de son oeuvre, en particulier sur ses théories de l'ordre spontané et de l'évolution culturelle. Cette influence s'est exercée via l'élaboration, dans les années 1950, d'une théorie de la complexité, qui reprenait et généralisait plusieurs thèses de nature psychologique développées dans The Sensory Order. Hayek délaissa alors son approche scientifique polarisée entre science naturelle et science sociale, pour la remplacer par une opposition entre phénomènes simples et complexes. Cette théorie de la complexité fait ressortir les limites d'explication auxquelles est confronté l'être humain: l'esprit ne pourra jamais expliquer son propre fonctionnement dans le détail, ni celui de la société dans son ensemble, en raison de la complexité extrême des relations de causes à effet qui les caractérisent. Il doit par conséquent se contenter de l'explication de principe, c'est-à-dire élaborer des théories qui décrivent les principes généraux de leur fonctionnement desquels on ne peut dériver de prédictions spécifiques. À cause de ces limites, l'homme doit user de sa raison de façon parcimonieuse, c'est-à-dire dans les champs d'application très limités où sa connaissance des circonstances particulières est suffisante. II doit en contrepartie adhérer aux règles de juste conduite dans les champs très étendus où sa connaissance est insuffisante. Issues d'un long processus de sélection évolutive, ces règles incarnent une quantité incommensurable de connaissances, auxquelles quiconque ne pourrait jamais avoir accès directement. Le processus d'avancement civilisationnel dépend de cet usage optimal de la connaissance, directe et indirecte. En accord avec cette thèse, Hayek adopte une approche méthodologique axée sur l'évolutionnisme, qui s'oppose au rationalisme constructiviste. Hayek se détourne ainsi de l'individualisme méthodologique de ses premières années, qui s'opposait aux doctrines collectivistes. En définitive, toutes ces conclusions méthodologiques et épistémologiques ont pour conséquence de limiter nécessairement le champ d'action politique. La doctrine libérale hayékienne est ainsi soutenue par une solide armature inspirée de sa théorie de la complexité, qui elle-même puise ses racines dans sa théorie psychologique. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Hayek, Psychologie, Ordre sensoriel, Spontané, Complexité.