Cardinal, Marianne
(2025).
« L’époque contemporaine du management libéral : harcèlement et évaluation au travail » Mémoire.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en droit.
Fichier(s) associé(s) à ce document :
Résumé
Selon de nombreux travaux de recherche, le monde du travail serait aujourd’hui caractérisé par des nouvelles formes d’organisation de plus en plus axées sur la mesure de l’efficacité, de la productivité et de la performance. Tant et si bien que désormais ce sont toutes les facettes du travail qui seraient contrôlées par les employeurs, au point que certains auteurs évoquent un harcèlement de type « organisationnel ». Dans ce contexte, ce mémoire souhaite contribuer à l’étude des nouvelles formes d’organisation du travail en centrant l’analyse sur la mesure de la performance, en particulier sur les évaluations du travail. Cette recherche vise donc à documenter le contexte dans lequel sont déployées ces nouvelles formes d’organisation du travail, les effets de ces dernières et à comprendre comment les magistrats analysent le droit applicable en la matière. C’est donc dans la continuité des travaux sur le harcèlement dit « organisationnel » et des travaux en psychodynamique du travail développés par Christophe Dejours notamment, que ce mémoire se situe. Toutefois, l’originalité de ce travail est qu’il propose de s’appuyer sur un matériau peu mobilisé dans ce domaine, à savoir les décisions judiciaires relatives à l’évaluation du travail. Plus particulièrement, il s’agit d’analyser les jugements rendus à la suite des plaintes pour harcèlement liés à l’évaluation du travail. À l’aide de ce matériau original, il s’agit donc de questionner les politiques, les pratiques et plus généralement ces nouvelles formes d’organisation du travail où la performance devient la seule mesure valide pour diriger, sévir et contrôler le travail, menaçant très concrètement la santé des travailleurs et des travailleuses. Les conclusions de notre recherche révèlent notamment que lorsque les salariés dénoncent des formes de harcèlement à la suite d’une évaluation du travail, les tribunaux tiennent rarement compte du contexte, des politiques et des pratiques organisationnelles de l’entreprise. Pour les tribunaux québécois, le harcèlement reste d’abord et avant tout un problème inter-individuel, lié à des pratiques individuelles condamnables, mais pas à des politiques internes d’évaluation qui tendent à miner la santé des travailleurs et des travailleuses. Ces politiques sont quant à elles analysées comme étant liées à des impératifs de production, tels que les motifs économiques. Ces derniers amènent les employeurs à bénéficier d’une large marge discrétionnaire en la matière.
_____________________________________________________________________________
MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Harcèlement organisationnel, évaluation du travail, performance, flexibilité, politique d’entreprise