Analyse de l'adoption et de la durabilité de l'agriculture de conservation dans les grandes cultures de maïs et soja au Québec

Takam Fongang, Guy Martial (2024). « Analyse de l'adoption et de la durabilité de l'agriculture de conservation dans les grandes cultures de maïs et soja au Québec » Thèse. Montréal (Québec), Université du Québec à Montréal, Doctorat en sciences de l'environnement.

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Résumé

L’agriculture de conservation est apparue depuis quelques décennies comme une pratique alternative au travail conventionnel du sol pour limiter la dégradation des sols. Depuis son apparition dans les années 1970, les champs sous agriculture de conservation sont sans cesse croissants au fil des années, passant d’environ 106 millions d’hectares en 2008/2009 à plus de 205 millions d’hectares en 2018/2019 (Kassam et al., 2022). Malgré cette croissance, le taux d’adoption de l’agriculture de conservation au niveau mondial reste encore marginal, estimé à environ 14,7 % en 2018/2019. En plus de cette faible adoption de l’agriculture de conservation, il existe encore de nombreuses zones d’ombre concernant la durabilité de l’agriculture de conservation, l’identification de ses adoptants et les facteurs d’adoption. L’objectif général de la thèse est donc d’analyser l’adoption et la durabilité de l’agriculture de conservation. L’agriculture de conservation est définie ici comme étant une pratique agricole qui est caractérisée par l’application des trois principes suivants : une absence du travail du sol ou travail minimum du sol, une couverture végétale permanente du sol et une association et/ou rotation culturale (Kassam et al., 2018). La durabilité quant à elle traduit la capacité d’un système agricole à répondre aux besoins sociétaux actuels et futurs en termes de nourritures, fibres, services écosystémiques et vie en santé, le tout obtenu en maximisant les bénéfices nets de la société lorsque tous les bénéfices et coûts du système agricole sont pris en compte (Tilman et al., 2002). Le premier chapitre de la thèse utilise la méthode PROMETHEE (Preference Ranking Organisation Method for Enrichment Evaluations) et deux groupes de discussion dont un avec les parties prenantes du système agricole et l’autre avec les experts pour analyser la durabilité de 36 pratiques agricoles potentiellement observables dans les grandes cultures au Québec. Les résultats identifient dans l’ordre décroissant les pratiques de conservation suivantes comme étant les pratiques agricoles les plus durables : agriculture de conservation AC1 (Travail réduit du sol + rotation des cultures + plantes de couverture vivantes + résidus agricoles + intrant organique), AC2 (Travail réduit du sol + rotation des cultures+ plantes de couverture mortes + résidus agricoles + intrant organique), semis direct sous couverture végétale permanente SCV (Semis direct + rotation des cultures + plantes de couverture mortes + résidus agricoles + intrant chimique), AC3 (Travail réduit du sol + rotation des cultures+ plantes de couverture mortes + résidus agricoles + intrant chimique) et AC4 (Travail réduit du sol + rotation des cultures+ plantes de couverture vivantes + résidus agricoles + intrant chimique). Les résultats montrent également que les meilleures pratiques dans la dimension économique sont AC1 et AC2. Ces deux pratiques agricoles ont des performances économiques similaires et sont suivies respectivement par les pratiques agricoles AC3, AC4 et SCV. Les résultats montrent aussi que les meilleures pratiques agricoles dans l’ordre décroissant sont respectivement dans la dimension sociale AC2, AC3, SCV, AC1 et AC4; et dans la dimension environnementale AC1, SCV, AC2, AC4 et AC3. L’étude encourage donc l’adoption des pratiques agricoles basées sur les principes de l’agriculture de conservation pour atteindre la durabilité du secteur agricole. La promotion devrait d’abord se concentrer sur les pratiques d’agriculture de conservation biologique (CA1 et CA2) qui ont montré une plus grande durabilité par rapport aux autres pratiques de l’agriculture de conservation (SCV, CA3 et CA4). Le deuxième chapitre de la thèse propose un nouvel indice composite de l’adoption de l’agriculture de conservation permettant de mesurer le niveau d’adoption de l’agriculture de conservation des producteurs de maïs et soja au Québec. Le nouvel indice a été construit à partir du développement d’un modèle d’adoption partielle de l’agriculture de conservation à l’échelle de la parcelle et de la ferme. À partir des données collectées auprès de 144 producteurs de maïs et soja québécois, le nouvel indice révèle que 77,1 % des producteurs de maïs et soja sont des adoptants partiels de l’agriculture de conservation contre 21,5 % et 1,4 % qui sont respectivement des adoptants complets et des non-adoptants de l’agriculture de conservation. De plus, les résultats montrent aussi que beaucoup de producteurs de maïs et soja québécois (38,9 %) ont une certaine flexibilité dans l’adoption de l’agriculture de conservation, c’est-à-dire qu’ils modifient leur niveau d’application des principes de l’agriculture de conservation d’une année à une autre. Il est donc important de tenir compte de la partialité et de la flexibilité dans l’adoption de l’agriculture de conservation si le législateur souhaite rétribuer équitablement les agriculteurs pour leur adoption de l’agriculture de conservation. À partir des données collectées auprès de 93 producteurs de maïs et soja québécois, le troisième chapitre de la thèse utilise l’indice composite de l’adoption de l’agriculture de conservation de Takam Fongang et al. (2023) et un modèle Logit fractionnaire pour analyser les déterminants de l’adoption de l’agriculture de conservation. Les résultats montrent globalement que l’éducation, la possession d’un emploi non agricole et les bonnes perceptions de l’agriculteur sur les rendements et la facilité de mise en oeuvre de l’agriculture de conservation ont des effets positifs sur l’adoption de l’agriculture de conservation. Ces résultats militent donc pour un plus grand soutien technique aux agriculteurs et un plus grand accès à l’éducation à travers les champs-écoles afin d’accroitre le taux d’adoption de l’agriculture de conservation. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : pratiques agricoles, durabilité agricole, analyse multicritère, agriculture de conservation, adoption, grandes cultures, Canada

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A.
Directeur de thèse: Séguin, Charles
Mots-clés ou Sujets: Pratiques agricoles / Québec (Province) / Agriculture durable / Grandes cultures
Unité d'appartenance: Instituts > Institut des sciences de l'environnement (ISE)
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 28 oct. 2024 08:30
Dernière modification: 28 oct. 2024 08:32
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/18152

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