Lutter au sein des institutions : action collective et travail en santé et services sociaux au Québec

Dussault, Joëlle (2024). « Lutter au sein des institutions : action collective et travail en santé et services sociaux au Québec » Thèse. Montréal (Québec), Université du Québec à Montréal, Doctorat en sociologie.

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Résumé

Ma thèse porte sur les freins et sur les facilitateurs de l’action politique menée dans un cadre institutionnel. Partant de la réforme de 2015 en santé et services sociaux au Québec, j’y compare les facteurs de mobilisation entre les professions dont le travail relève du soin et de l’accompagnement (care), soit les soins infirmiers et le travail social. Bien que cette réforme ait été critiquée pour l’intensité des changements qu’elle a amenée, elle s’inscrit dans la lignée de néolibéralisation des services sociaux des réformes précédentes. Malgré l’indignation qu’elle provoque, la contestation n’est pas uniformément visible d’une profession à l’autre. Certaines, comme celles menées en contexte des soins infirmiers, sont plus visibles. D’autres, comme en ce qui a trait au travail social, semblent moins actives. Mais est-ce réellement le cas? Partant du concept de structure des opportunités spécifiques et des théories de l’identité collective, je soutiens que l’effet structurant des rapports sociaux de sexe sur le contexte et l’identité explique les variations de mobilisation entre métiers relationnels de la santé et des services sociaux. Si la réforme de 2015 ne crée pas de nouvelles inégalités, elle les reproduit et les accentue néanmoins. Les données montrent que la réforme a un effet particulier sur les métiers relationnels en précarisant leur travail et en fermant davantage leurs opportunités d’agir sur le plan politique. La thèse repose sur une triangulation des données dont le coeur est composé d’entretiens de groupe en ligne et individuels auprès de 20 personnes en soins infirmiers et 20 en travail social ayant permis d’identifier plusieurs contraintes à l’action politique. Les conditions qui découlent du contexte organisationnel placent fréquemment les professionnel⸱les des soins infirmiers et du travail social en situation de souffrance au travail. Néanmoins, la charge de travail et les possibilités de représailles limitent la capacité à passer à l’action. Devant la complexité de l’institution de la santé, cibler ce qui pose problème devient compliqué. Les métiers relationnels peinent également à se défaire des effets des rapports sociaux de sexe sur leur travail. On en constate les effets à partir de la hiérarchisation des professions, qui disqualifie les tâches liées au soin et à l’accompagnement, réduisant également leur place dans les espaces décisionnels. La réification de représentations comme l’ange gardien témoigne quant à elle de la prégnance de l’historique de vocation pour ces professions. Malgré ces contraintes, les employé·es réussissent à développer des formes de contestation. Majoritairement effectuée à l’échelle locale, la mobilisation sert à protéger la qualité des soins et les conditions de travail immédiates. On y retrouve un vaste répertoire d’action collective, mais également individuelle. Ce répertoire comprend une partie importante d’actions qui se mènent de manière discrète et diffuse. On y dénote également des moyens de confrontation que peu de métiers osent adopter. La variation entre les soins infirmiers et le travail social s’explique par l’intersection d’une identité professionnelle plus claire en soins infirmiers, un réseau de collègues plus stable ainsi qu’un répertoire d’action plus fourni auquel se référer. Ce faisant, les personnes en soins infirmiers mènent plus d’actions ouvertement contestataires. Cette thèse comporte deux contributions théoriques principales. Tout d’abord, elle contribue substantiellement à la sociologie des mouvements sociaux, dont la littérature tend à opposer mouvements sociaux et État. L’analyse de mobilisations de professionnel.les en santé et services sociaux démontre une vie politique active par des acteurs et actrices institutionnels, dans une institution. Plus encore cette rend compte de l’action discrète et individuelle, des moments de latence ainsi que de que l’action politique intra-institutionnelle qui se déroulent dans les institutions comme des formes de conflictualité subversives au travail. En étudiant l’influence des rapports sociaux de sexe à la fois sur le travail et sur l’action politique, cette thèse contribue en second lieu à éclairer les effets des rapports sociaux sur l’organisation des institutions. Plutôt que de traiter isolément les rapports sociaux de sexe, le contexte de l’action collective et les éléments culturels, il est possible d’en faire une théorisation multidimensionnelle des variations de l’action collective et des conflits de travail. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : action politique, identité, contexte, rapports sociaux de sexe, santé et services sociaux, travail du care

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A.
Directeur de thèse: Ancelovici, Marcos
Mots-clés ou Sujets: Action collective (Sociologie) / Rapports sociaux de sexe / Personnel de santé publique / Personnel des services sociaux / Métiers relationnels / Infirmières / Travailleuses sociales / Conditions de travail / Québec (Province)
Unité d'appartenance: Faculté des sciences humaines > Département de sociologie
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 26 sept. 2024 10:25
Dernière modification: 26 sept. 2024 10:25
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/18053

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