La chair aperçue. Imaginaire du corps par fragments (1800-1918)

Cnockaert, Véronique et Fougère, Marie-Ange, ed. (2018). La chair aperçue. Imaginaire du corps par fragments (1800-1918), sous la dir. de Cnockaert, Véronique et Fougère, Marie-Ange. Montréal, Centre Figura, coll. « Cahiers ReMix », no 8, 167 p.

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Résumé

C’est un imaginaire qui travaille autant avec les plis du vêtement que ceux du texte. C’est un imaginaire qui s’exprime dans l’oblique, car il force le regard à envisager ce qui est peu visible. De ce point de vue, les textes présentés ici en seraient de voyeurs. Néanmoins, il n’est pas rare qu’une description de corps par fragments s’élabore à l’intérieur d’une rhétorique de l’excès, d’un excès du visible, par la multiplication des morceaux révélés. Dans ces énumérations de morceaux choisis, le corps se fait collection et devient, à force de détails, indéchiffrable. Que ce soit en littérature, en peinture ou en sculpture, différentes sortes de fragments de corps sont visibles et lisibles. Engoncé dans ses codes et sa pudibonderie, le XIXe siècle peine à laisser le corps exister. Littérature et arts de l’époque rendent compte de cette restriction en ne laissant apercevoir des corps que des fragments. Mais en retour ces morceaux choisis se chargent de sens, se voient investis d’un potentiel dont la charge diffère d’un artiste à l’autre. Le potentiel érogène est sans doute le plus évident: comme le faisait remarquer R. Barthes dans Le Plaisir du texte, «l’endroit le plus érotique d’un corps n’est-il pas là où le vêtement bâille» et les artistes ont beau jeu de «reconstrui[re] les corps, brûlé[s] de belles fièvres», tel le Rimbaud d’À la musique. La femme devient cette fugitive dont l’artiste cherche à deviner le corps —et l’âme— dans les interstices de son échafaudage vestimentaire. Passante, il semble qu’elle abandonne sur la page ou sur la toile des éclats incarnés d’elle-même qui rythment la prose ou accentuent le trait. Dans ce déploiement du corps fragmenté que donne à lire nombre de descriptions romanesques, le corps se fait collection et devient paradoxalement, à force de détails, souvent indéchiffrable; visible, mais éclaté, il en devient étrangement énigmatique. Ainsi, morceaux et fragments invitent à la recomposition d’un ensemble rarement homogène, sorte d’échafaudage esthétiquement subjectif où la partie peut devenir autant l’ombre du tout que sa mise en lumière, c’est selon. Au sein de ces architectures, si les corps se ressemblent, force est d’admettre que chaque partie d’eux-mêmes les individualise fortement. Le fragment de corps est un territoire en soi qui exprime moins la norme que l’exception. Aussi, le motif partiel prend une dimension fortement signifiante: inquiétant et indiciel dans la littérature fantastique, il devient désignation métonymique du caractère dans la littérature réaliste, du tempérament dans la littérature naturaliste. Une sémiologie du corps par fragments s’instaure, dont les douze études qui suivent cherchent à rendre compte.

Type: Livre
Mots-clés ou Sujets: 19e siècle, 20e siècle, corps, fragment, littérature, sémiologie, subjectivité
Unité d'appartenance: Centres institutionnels > Centre de recherche sur le texte et l'imaginaire (FIGURA)
Déposé par: Élaine Després
Date de dépôt: 30 juill. 2024 09:38
Dernière modification: 30 juill. 2024 09:38
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/17912

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