"Cet évêque fait sortir la vérité, même si cela ne plaît pas à ceux qui la disent" : faire parler et savoir taire au tribunal d'inquisition de Pamiers (1318-1325)

Laurendeau, Danielle (2008). « "Cet évêque fait sortir la vérité, même si cela ne plaît pas à ceux qui la disent" : faire parler et savoir taire au tribunal d'inquisition de Pamiers (1318-1325) » Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en histoire.

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Résumé

Ce travail met en lumière les initiatives du juge et du suspect d'hérésie au cours de l'interrogatoire inquisitorial. L'un comme l'autre poursuivent des buts qui sont exactement contraires: faire avouer est l'objectif du premier, taire ses « crimes » et ceux de ses proches est l'objectif du second. Les procès étudiés ont été menés au tribunal de Pamiers (Ariège France) par l'évêque Jacques Fournier entre 1318 et 1325. La source documentaire est le manuscrit 4030 de la Bibliothèque vaticane ou Registre d'Inquisition de Jacques Fournier. Les récentes avancées historiographiques sur l'hérésie dite cathare et sur l'étude des textes de la pratique que sont les registres de l'Inquisition ont débouché sur deux prises de conscience récentes et fondamentales. D'abord, l'hérésie fut en quelque sorte fabriquée par les clercs, en ce sens où ce sont eux qui l'ont définie et recherchée en fonction de critères et d'a priori propres à leur culture. Ensuite, les aveux transcrits dans les registres de l'Inquisition ne peuvent en aucun cas être tirés de leur contexte. Occulter ce contexte leur donne l'aspect d'une parole libre, dédramatisée et, finalement, vide de sens. Reconnaître que les documents relatifs à l'hérésie et à sa répression renseignent davantage sur les clercs que sur les hérétiques a amené les historiens à mettre les premiers au coeur de leurs préoccupations. Concernée par les seconds, nous choisissons de les rencontrer au sein même du rapport de pouvoir établi entre eux et le juge. Nous nous interrogeons sur les problématiques du pouvoir et de la résistance et en particulier sur la marge de manoeuvre dont disposent les dominés dans un échange inégal. Nos intérêts sont paliagés puisqu'un petit groupe d'historiens étudie depuis peu quelques procès du Registre de Pamiers en se questionnant sur les rapports de pouvoir entre juge et déposants. Notre étude est plus vaste que celles-ci. Son aspect le plus novateur réside dans la déconstruction du Registre de Pamiers (dont la logique est celle des dossiers traités) permettant une recomposition fine de l'activité journalière du tribunal de Pamiers et dans la mise en parallèle des procès menés simultanément. Les suspects d'hérésie cités au tribunal de Pamiers, à travers d'infimes détails, mais à tout moment de leur procès, ont oeuvré à leur défense. Mettre en lumière ces touts-petits indices est rendu possible par la reconstitution de la plus vaste enquête menée par l'évêque de Pamiers sur un petit pays, le pays d'Aillou, et sur une famille, la famille Clergue. Des lectures successives, la multiplication des points de vue et la variation de l'échelle d'observation font apparaître successivement et simultanément les enjeux croisés propres aux nombreux protagonistes. En se racontant à leur juge et en dénonçant les personnes de leur entourage ils répondaient à ce qu'il attendait d'eux. En ce sens, ils se sont soumis à lui. Ils ne sont toutefois pas allés au devant de ses demandes, taisant ainsi tout ce qui pouvait encore être dissimulé. Ils ont fait un tri dans leurs souvenirs en fonction de ce qu'ils se figuraient être les attentes de l'évêque de Pamiers. En autant qu'ils ont été capables de le faire, ils ont avoué ce que l'évêque savait déjà et ce qu'ils croyaient être le plus anodin. Leur objectif était de limiter, dans la mesure du possible, le châtiment qui les attendait. Sans opposer de véritable résistance, tout en avouant et en abjurant l'hérésie, ils n'ont pas endossé le rôle du pénitent que leur assignait l'Inquisition. L'originalité de notre travail tient, avant tout, à l'angle d'approche. Le Registre d'Inquisition de Jacques Fournier est un document connu, mais les confessions qu'il contient ont encore été peu étudiées pour ce qu'elles sont: des aveux d'hérésie obtenus dans le cadre d'un procès d'Inquisition. Les moyens de défense des plus humbles parmi les suspects d'hérésie sont méconnus parce que, ayant eu peu de succès, ils passent inaperçus. L'apport de notre recherche tient, en premier lieu, au fait de les avoir apréhendés dans leur déploiement plutôt que dans leur résultat, leur restituant ainsi leur réalité et les rendant pensables pour l'historien. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Inquisition, Procès, Pouvoir, Résistance, Hérésie, l4e siècle, Registre d’inquisition de Jacques Fournier.

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: La thèse a été numérisée telle que transmise par l'auteur.
Directeur de thèse: Hébert, Michel
Mots-clés ou Sujets: Registre d'inquisition de Jacques Fournier, 14e siècle, Cathare, Hérésie, Inquisition, Moyen Âge, Procès, Languedoc (France), France
Unité d'appartenance: Faculté des sciences humaines > Département d'histoire
Déposé par: RB Service des bibliothèques
Date de dépôt: 12 févr. 2009
Dernière modification: 01 nov. 2014 02:08
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/1735

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