Domond, Pascale Misaëlle
(2010).
« Le rôle des comparaisons sociales et des traits de la personnalité délinquante dans le processus d'association aux pairs délinquants » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en psychologie.
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Résumé
Au cours des deux dernières décennies, l'association aux pairs délinquants est ressortie comme l'un des principaux construits pouvant aider à prédire et à expliquer l'engagement dans la délinquance ainsi que d'autres déviances telles que le décrochage scolaire et la consommation de substances psychoactives. Différents facteurs de l'écosystème des jeunes ont été examinés jusqu'à présent en lien avec l'association aux pairs délinquants. La présente thèse propose de se pencher sur un aspect négligé du processus d'association délinquante : les mécanismes sociocognitifs intervenant dans le choix de groupes de pairs. En effet, la majorité des études s'est intéressée aux facteurs de risque provenant de la famille, des conditions socio-économiques, du milieu à risque ainsi que des comportements déviants présents dès l'enfance afin d'expliquer l'association délinquante à l'adolescence. Ni le rôle des facteurs personnels ni celui des mécanismes sociocognitifs intervenant dans le processus de sélection des pairs n'ont été déterminés, de sorte que l'on peut difficilement statuer sur la contribution personnelle des jeunes dans le choix d'amis présentant des caractéristiques délinquantes. Dans le cadre de cette thèse, des nouveautés sur le plan de l'approche explicative de l'association délinquante ont été proposées afin de mieux comprendre le cheminement menant à la formation et au maintien des liens entre pairs délinquants. Cette thèse fait état de deux études qui se distinguent par leur méthodologie, mais qui doivent être vues comme complémentaires. La première étude concerne le processus d'élaboration de deux questionnaires voulant servir à déterminer le rôle des comparaisons sociales dans l'association aux pairs délinquants. Le but du premier questionnaire est d'évaluer la tendance aux comparaisons sociales chez des adolescents alors que le second vise à mesurer plus précisément les processus sociocognitifs - tels que l'identification et le contraste - en jeu dans le contexte des comparaisons sociales avec les pairs. L'identification par comparaison temporelle est le second processus sociocognitif évalué dans notre mesure de comparaisons sociales avec les pairs; elle concerne les représentations que le jeune a de lui-même en se comparant aux pairs dans une perspective future. Ce faisant, deux groupes de pairs sont présentés dans des mises en situation hypothétiques consistant à se comparer soit à des pairs délinquants soit à des pairs conventionnels. L'examen de la validité de contenu des items des questionnaires est d'abord présenté puis suivi des diverses facettes ayant trait à leur validité de construit, leur cohérence interne et leur stabilité temporelle, ce qui permettra de dresser un portrait des propriétés psychométriques de ces instruments. La deuxième étude du projet vise initialement à déterminer lesquelles des dimensions des processus de comparaisons sociales reflètent les jeunes caractérisés par une personnalité délinquante ou non délinquante selon le Jesness. Le Jesness est un instrument bien connu en raison de sa capacité à fournir un portrait très détaillé de la personne en ce qui concerne ses traits criminogènes, ses déficits psychosociaux et affectifs, ainsi que sa capacité de différencier les sujets selon leur risque de potentiel de délinquance. Un sous-objectif exploratoire complète ce premier objectif et vise à déterminer si les liens entre les traits de personnalité délinquante et la tendance à effectuer les comparaisons sociales varient en fonction du sexe des participants. Par la suite, cette étude identifie les liens entre les processus de comparaisons sociales et l'association aux pairs délinquants, cet objectif étant le plus central de la thèse. Ultérieurement, nous déterminerons le rôle médiateur des processus de comparaisons sociales dans le lien entre les traits de personnalité délinquante et l'association aux pairs délinquants. Les analyses rattachées à cet objectif nous permettront de vérifier si les comparaisons sociales décrivent, totalement ou partiellement, les processus à travers lesquels les traits de personnalité sont susceptibles d'influencer l'affiliation aux pairs délinquants. Enfin, nous vérifierons si le lien entre les processus d'identification-contraste aux pairs par comparaisons sociales et l'association aux pairs délinquants est modéré par le niveau de prédisposition aux comparaisons sociales des jeunes. Dans le cadre de notre première étude, les questionnaires élaborés ont été soumis à un comité d'experts puis administrés à 716 participants rencontrés à travers des milieux scolaires et cliniques. Parmi eux, 251 ont répondu à deux reprises, avec un intervalle de six semaines. Ces démarches ont permis de déterminer la validité de contenu des questionnaires, leur structure factorielle, leur consistance interne ainsi que leur stabilité temporelle. Les résultats issus de la deuxième étude indiquent que les comparaisons sociales sont présentes dans le quotidien de la majorité des participants de l'étude. Les analyses de variance effectuées pour évaluer le lien entre les prédispositions à la délinquance et les comparaisons sociales ont indiqué que les jeunes ayant des traits de personnalité délinquante sont plus enclins à effectuer des comparaisons sociales que ceux ne présentant pas ces traits. C'est principalement sur la dimension du statut socio-économique que les deux groupes se distinguent, soit avec un niveau supérieur de comparaisons sociales, et ce, indépendamment de leur sexe. Cette étude montre également que plus les jeunes utilisent le processus d'identification vis-à-vis des pairs délinquants et le contraste vis-à-vis des pairs conventionnels, plus ils s'associent aux pairs délinquants. En outre, plus les jeunes indiquent que les attributs des pairs délinquants les caractériseraient à l'avenir et moins ils mentionnent que ceux des pairs conventionnels les caractériseraient, plus ils s'associent aux délinquants. Notre étude démontre que ces processus sociocognitifs agissent à titre de médiateurs partiels entre les traits de personnalité délinquante et l'association aux pairs délinquants. Les résultats portant sur l'effet modérateur du niveau de tendance à effectuer les comparaisons sociales démontrent que cette dernière augmente sensiblement la force de la relation entre le processus d'identification aux pairs délinquants et la tendance à s'y associer. Cet effet est toutefois à la limite du niveau de signification du point de vue statistique. En conclusion, les résultats de cette thèse permettent de mettre en lumière des facteurs sociocognitifs pouvant être à l'œuvre dans le processus d'association aux pairs délinquants. Ils mettent également en évidence l'importance du traitement d'information sociale porté tant à l'égard des pairs conventionnels que des pairs délinquants dans la compréhension des processus sociocognitifs influençant l'association aux pairs délinquants.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : délinquance, association aux pairs délinquants, traits criminogènes, processus sociocognitifs, comparaisons sociales, affects.
Type: |
Thèse ou essai doctoral accepté
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Informations complémentaires: |
La thèse a été numérisée telle que transmise par l'auteur. |
Directeur de thèse: |
Bigras, Marc |
Mots-clés ou Sujets: |
Délinquance juvénile / Amis / Jeunes délinquants / Personnalité délinquante / Comparaison sociale / Identification |
Unité d'appartenance: |
Faculté des sciences humaines > Département de psychologie |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
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Date de dépôt: |
11 oct. 2023 12:23 |
Dernière modification: |
11 oct. 2023 12:25 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/16860 |