Wallut, Quentin
(2023).
« Politique et recensement : évolutions et transformations méthodologiques d'un instrument de Gouvernement » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en science politique.
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Résumé
Le recensement est l’une des plus anciennes formes d’enquête gouvernementale, et encore aujourd’hui il offre une foule d’informations sur les aspects démographiques, géographiques, matériels et professionnels de la société qui sont difficiles, voire impossibles à obtenir autrement. C’est l’une des entreprises les plus ambitieuses que peut mener un État, au cours de laquelle il projette son pouvoir et son influence dans chaque foyer. Le recensement est un instrument à la frontière entre les trois dimensions constituantes du politique, le triptyque Polity — Policy — Politics. Cette enquête est utilisée pour organiser les fondations de la vie politique (recherche d’une représentation équitable de la population, l’allocation optimale des investissements publics, etc.). En outre, elle a un impact bien documenté sur les questions politiques et identitaires. À ce titre, le recensement est investi par une grande diversité de groupes et d’acteurs qui souhaitent profiter de son influence symbolique. On observe une tendance vers de nouveaux modèles de recensement, plus éloignés de la définition classique de cette enquête. De plus en plus de recensements nationaux mettent en oeuvre de nouvelles techniques de recensement au profit d’approches radicalement différentes et variées. Un changement aussi brutal dans l’histoire des recensements pourrait, selon certains, faire émerger une ère « post-censitaire » par une transformation radicale de sa définition. Dans de nombreux pays, ces réformes très techniques n’ont pas suscité de forte controverse ni même une attention significative de la part du public. À l’inverse, aux États-Unis, le recensement suscite régulièrement de fortes tensions politiques, et toute réforme notable est accueillie par une forte opposition politique. Au Canada, la crise du recensement de 2010 concernait une modification inattendue et controversée de la méthodologie décidée par le gouvernement conservateur. Nous voulons montrer que la modification des procédures de recensement touche surtout à notre compréhension de son rôle politique, en montrant d’abord que ces transformations techniques et méthodologiques touchent des équilibres nationaux spécifiques. Le recensement n’est pas en voie de disparition, et il conserve une large part de sa puissance symbolique et politique.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : sociologie politique, histoire des statistiques, histoire du recensement, politiques publiques, méthodologies du recensement