Goyer, Simon
(2022).
« Une alternative énactive et objective à la conception du trouble mental des Research Domain Criteria » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en philosophie.
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Résumé
En 2009, le National Institute of Mental Health (NIMH), le principal institut public responsable du financement de la recherche sur les désordres mentaux aux États-Unis, a mis sur pied les Research Domain Criteria (RDoC), un cadre de recherche pour la psychiatrie. En soutenant des études empiriques dans ce dernier, le NIMH espère améliorer notre compréhension des troubles mentaux et contribuer au développement de traitements nouveaux et efficaces. Les RDoC sont-ils un bon cadre pour faire de la recherche en psychiatrie? Je soutiens que non. Plus précisément, dans ma thèse, je soutiens deux choses. La première est que le plus gros problème des RDoC est sa conception du trouble mental. La deuxième chose est que cette dernière devrait être remplacée par une conception énactive et objective de la santé et du trouble (CÉOST). J’articule cette double thèse tout au long des trois chapitres qui composent ce travail doctoral. Le chapitre 1 me sert à présenter les RDoC (sections 1.1-1.4) et à mettre en lumière ce qui me semble être, d’une part, la conception du trouble mental qui leur est inhérente (section 1.5) et, d’autre part, les hypothèses, théories et principes philosophiques qui forment la base de cette dernière, à savoir une certaine version à la fois pluraliste et réductionniste du néomécanisme de Bechtel (section 1.5.2), une interprétation adaptationniste de la théorie biostatistique (TBS) de la santé de Boorse (section 1.5.3), le principe épistémoquantitatif (qui suppose ce que j’ai appelé la « variante quantitative » du réalisme des entités basé sur la robustesse d’Eronen) (section 1.5.4) et l’hypothèse de l’identité psychoneurale formulée par Bunge (section 1.5.5). Le chapitre 2 contient ma critique de la conception du trouble mental des RDoC. Selon mon analyse, principalement quatre problèmes affectent cette dernière et nuisent à la recherche psychiatrique. Le premier problème est que l’hypothèse de l’identité psychoneurale sous-jacente à la conception du trouble mental des RDoC est inadéquate (section 2.1). En effet, en plus d’être généralement insensible au fait que les mécanismes mentaux sont fortement incrustés dans l’environnement (physique, social et culturel) (section 2.1.1), elle est incapable de saisir le fait que la cognition soit constituée de mécanismes corporels (section 2.1.2), multipersonnels (2.1.3) et cognitivo-institutionnels (section 2.1.4). Le deuxième problème est que l’hypothèse de l’identité psychoneurale nuit à la recherche psychiatrique (section 2.1). En effet, si cette hypothèse ne saisit pas l’incrustation de la cognition dans l’environnement (physique, social et culturel) et sa composition extraneurale, alors (a) elle ne peut pas favoriser des recherches sérieuses sur les mécanismes physiques, sociaux et culturels propices au développement des troubles mentaux (section 2.1.1) et (b) elle ne peut pas favoriser des recherches sur les mécanismes corporels (section 2.1.2), multipersonnels (2.1.3) et cognitivo-institutionnels (section 2.1.4) constituant les troubles mentaux. Cela est regrettable parce que ces recherches ont un intérêt épistémique et pragmatique incontestable. Le troisième problème est dû au principe épistémoquantitatif que je pense être sous-jacent aux RDoC (section 2.2). En effet, comme ce principe suppose que les phénomènes non quantifiables n’ont pas d’intérêt épistémique, alors il empêche que soient menées, au sein des RDoC, des recherches phénoménologiques (section 2.2.1) et qualitatives (section 2.2.2). Cela est malheureux parce que ces recherches ont une pertinence épistémique et des retombées pratiques prometteuses. Le quatrième problème de la conception du trouble mental des RDoC est dû au fait que la TBS qui lui est sous-jacente (interprétée de manière adaptationniste ou non) est incapable de saisir la normativité dans les systèmes vivants et, conséquemment, dans les personnes (section 2.3). J’examine à la section 2.4 si l’utilisation de la dysfonction préjudiciable (DP) de Wakefield (section 2.4.1) ou la dysfonction correctement dévalorisée (DCD) de Powell et Scarffe (section 2.4.2) pourrait régler ce problème que rencontre la TBS et montre que ce n’est pas le cas (section 2.4.3). Le chapitre 3 est l’endroit où je m’engage dans la partie constructive de mon argumentaire. J’y propose, en effet, une solution aux quatre problèmes susmentionnés (sections 3.1.1 et 3.2.2). Je crois que ces problèmes sont tous résolus par une conception énactive et objective de la santé et du trouble (CÉOST) (section 3.2.1), laquelle a pour base la conception énactive autopoïétique de la cognition (CÉAC) (section 3.1).
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Research Domain Criteria, néomécanisme, théorie biostatistique de la santé, principe épistémoquantitatif, réalisme des entités basé sur la robustesse, hypothèse de l’identité psychoneurale, composantes extraneurales de l’esprit, recherche neurocognitive, recherche phénoménologique, recherche qualitative, normativité, dysfonction préjudiciable, dysfonction correctement dévalorisée, énactivisme autopoïétique, conception énactive et objective de la santé et du trouble
Type: |
Thèse ou essai doctoral accepté
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Informations complémentaires: |
Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A. |
Directeur de thèse: |
Faucher, Luc |
Mots-clés ou Sujets: |
Research Domain Criteria (Projet) / Maladies mentales / Classification / Psychiatrie / Recherche |
Unité d'appartenance: |
Faculté des sciences humaines > Département de philosophie |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
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Date de dépôt: |
21 déc. 2022 13:18 |
Dernière modification: |
21 déc. 2022 13:18 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/16238 |