D'Aragon-Giguère, Thalia
(2022).
« L'immigration non documentée aux États-Unis : un carrefour discriminatoire pour les migrant-e-s d'origines autochtones du Triangle nord d'Amérique centrale » Mémoire.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en science politique.
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Résumé
Aux États-Unis, l’immigration est rarement étudiée à la lumière des enjeux autochtones. Ces deux sujets font généralement l’objet de débats académiques distincts et un fossé épistémologique sépare leurs corpus littéraires. Pourtant, le portrait migratoire contemporain s’autochtonise alors que la proportion de migrant-e-s en provenance du Triangle nord d’Amérique centrale, soit du Guatemala, du Honduras et du Salvador, est passée de 10 % à plus de 50 % de l’ensemble des flux migratoires enregistrés à la frontière mexicano-étatsunienne au cours de la dernière décennie. Cette mobilité internationale se caractérise par une forte démographie autochtone et ouvre un nouveau chapitre dans l’analyse des migrations. Il parait ainsi essentiel de se demander : quels sont les enjeux propres aux populations autochtones du Triangle nord d’Amérique centrale en contexte de migration non documentée aux États-Unis? Il sera soutenu que les populations autochtones sont doublement discriminées au sein du système d’immigration : elles le sont d’abord en raison de leurs origines autochtones, puis en raison de leur statut de non documentation aux États-Unis. L’objectif de ce mémoire est d’alimenter un débat académique autour d’un sujet encore aujourd’hui peu étudié de manière à introduire au cœur de l’analyse des vécus migratoires largement marginalisés. Cette ouverture ontologique est possible par l’entremise d’une lecture
décoloniale qui permet de concevoir l’immigration au-delà de la vision statocentrée des relations internationales. La pensée intersectionnelle propose d’explorer les discriminations auxquelles sont confrontées les migrant-e-s autochtones par l’entremise d’une perspective à la fois migratoire et autochtone. L’incapacité des populations autochtones du Triangle nord d’Amérique centrale à s’identifier comme tel dans les structures migratoires étatsuniennes tend à invisibiliser leurs besoins spécifiques. L’absence de ressources adaptées, notamment en ce qui concerne l’accessibilité linguistique pour les locuteur-trice-s autochtones, alimente un système à géométrie variable à l’intérieur duquel les personnes migrantes d’origines autochtones se retrouvent en première ligne des politiques anti-immigration aux États-Unis. Le traitement inéquitable qui leur est réservé génère des incompréhensions qui aboutissent à des abus de pouvoir, menant parfois même à des conditions de détention et de déportation injustifiées.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : États-Unis, Triangle nord, Amérique centrale, Autochtone, Immigration, Décolonisation, Identité, Langue.