Créer des liens avec les personnes âgées ayant un trouble neurocognitif en CHSLD : les savoir-faire de praticiennes alternatives

Ardiet, Grégory (2022). « Créer des liens avec les personnes âgées ayant un trouble neurocognitif en CHSLD : les savoir-faire de praticiennes alternatives » Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en travail social.

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Résumé

Depuis quelques années, le World Alzheimer Report lance un fort signal d’alerte face à l’ampleur mondiale et à l’impact des troubles neurocognitifs dans la société. En effet, les personnes atteintes connaissent de lourdes pertes physiques et cognitives, surtout au stade avancé de la maladie. Maintenir un lien social avec elles constitue alors un énorme défi au quotidien pour les proches et le personnel soignant. En parallèle, on assiste à un développement des pratiques alternatives dites « holistiques » dans la société en général et dans les milieux de la santé. Afin de pallier partiellement ces difficultés communicationnelles, diverses pratiques alternatives, telles la musicothérapie ou la zoothérapie, sont offertes dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) à travers les services des loisirs. La présente recherche exploratoire s’intéresse aux savoir-faire créateurs de liens auprès de personnes âgées (PA) ayant des troubles neurocognitifs avancés hébergées en CHSLD, mobilisés par ces intervenants et intervenantes aux pratiques alternatives créatives, artistiques et sensorielles. Le cadre conceptuel de l’étude s’articule autour de l’approche « centrée sur la personne » de Kitwood (2003) avec ses douze interactions positives avec les personnes ayant un trouble neurocognitif, de la perspective holistique des pratiques alternatives et complémentaires et de la psychophénoménologie afin d’appréhender les savoir-faire. Le devis méthodologique qualitatif exploratoire à visée descriptive est construit autour d’un croisement de trois sources de collecte de données, recueillies auprès de sept praticiennes alternatives ayant des pratiques différentes : une entrevue générale sur leurs conceptions du trouble neurocognitif et de leur pratique, une séance d’observation au cours de leur pratique suivie d’une entrevue d’explicitation sur les savoir-faire qu’elles ont mobilisés pour créer des liens. Les résultats mettent en évidence la grande expérience de ces praticiennes, dotées d’une solide formation interdisciplinaire, universitaire et professionnelle, dans les domaines de la santé et des arts. Ils révèlent aussi des praticiennes animées par une grande passion, des valeurs humanistes, un sentiment d’engagement ainsi qu’une quête de sens. Elles se montrent capables de voir la réalité reliée à la souffrance, mais aussi de percevoir l’être humain avant la maladie. Ainsi, ces praticiennes conçoivent le lien avec les personnes ayant un trouble neurocognitif comme une rencontre axée sur la présence à l’autre, qui s’établit dans le moment présent. Par le fait même, elles envisagent la possibilité de créer des liens privilégiés avec les PA, à travers les sens, où l’expression de la tendresse et des sentiments est favorisée, dans un esprit de liberté. Les analyses qualitatives croisées font ressortir douze savoir-faire des praticiennes déployés au cours de quatre phases de leur pratique (préparation, création de liens, coeur de la rencontre, fin de la rencontre), lesquels sont mis en parallèle avec les interactions positives de Kitwood (2003). La discussion propose un début de modélisation autour de concepts de « savoirs » : savoir-réapprendre, savoir-être, savoir-sentir/ressentir et savoir-faire. Ces derniers oeuvrent en synergie au sein d’une vision sensible qui fait ressortir la place centrale du savoir-sentir et ressentir, présent de façon transversale dans la pratique en lien avec le corps et les sens. Les savoir-faire deviennent alors une mise en acte de ces savoirs en jeu dans la création de liens. L’auteur plaide en faveur d’une reconnaissance des praticiennes alternatives et d’un possible transfert de leurs savoirs auprès des proches, du personnel soignant et des bénévoles, ainsi qu’auprès des personnes travaillant dans le social, beaucoup plus familières avec la communication verbale. La conclusion ouvre sur les futures activités de mobilisation des connaissances qui intégreraient le savoir-sentir et ressentir au sein d’une vision sensible, ce qui pourrait faciliter la création de liens significatifs auprès de divers publics difficilement accessibles par les mots, comme les personnes vivant avec une déficience intellectuelle ou le trouble de l’autisme. Des études potentielles pourraient également se pencher sur l’approfondissement des savoir-faire créateurs de liens, grâce à l’entretien d’explicitation, une méthode de recherche exigeante qui gagnerait à être utilisée en travail social. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : création de liens, personnes âgées ayant des troubles neurocognitifs, pratiques alternatives et complémentaires, savoir-faire, CHSLD

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A.
Directeur de thèse: Charpentier, Michèle
Mots-clés ou Sujets: Patients d'établissements de soins de longue durée / Lien social / Pratiques alternatives / Savoir-faire / Troubles de la cognition chez la personne âgée / Démence sénile
Unité d'appartenance: Faculté des sciences humaines > École de travail social
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 19 avr. 2022 11:15
Dernière modification: 19 avr. 2022 11:15
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/15397

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