Summerhays, David
(2020).
« Crime et châtiment : l'énigme des politiques pénales de Stephen Harper » Mémoire.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en science politique.
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Résumé
Ce mémoire cherche à comprendre les politiques en matière de justice du gouvernement conservateur de 2006-2015, dont Stephen Harper lui-même était l’auteur des grandes lignes. Malgré des mesures législatives soutenues, ces politiques étaient en grande partie symboliques. Pour cette raison entre autres, ces politiques ont déconcerté de nombreux observateurs qui ont noté que le taux de crime signalé baissait depuis plus de 15 ans et que ces politiques semblaient aller à l’encontre du désir général du gouvernement de réduire le rôle et le budget du gouvernement fédéral; de plus, elles n’avaient guère de sens en tant que stratégie électorale. Ce mémoire fait appel à des études biographiques, criminologiques et sociologiques, concluant que les politiques pénales du gouvernement Harper étaient motivées par l’idéologie, c’est-à-dire par le désir de transformer le Canada selon ses valeurs conservatrices. Pour comprendre cette vision, il faut définir en quoi consiste la pensée de Harper : sa perspective sur les problèmes du Canada et les solutions qu’il envisage. Ce mémoire soutient que le premier ministre a cherché à changer le Canada en ayant recours au symbolisme du châtiment, un choix qui doit être compris comme une forme proprement canadienne de « romantisme politique ». Le conservatisme de Harper soutient que la rationalisation et « l’éthicisation » excessives de la société moderne ont conduit à une crise de sens; en réponse à cela, il cherche à faire revivre un Canada plus cohérent, plus patriotique et plus « naturel ». Justifiant ses gestes par une rhétorique qui, elle, demeure moderne, Harper a tenté de re-construire le sentiment national sur un fondement de valeurs partagées, ritualisées à travers le recours au châtiment – en partie imaginaire – des personnes ayant commis des crimes extrêmes et rares. En fin de compte, ce projet « romantique » peut nous en apprendre beaucoup sur la motivation, sur les capacités et sur les limites du conservatisme à l'ère moderne.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : justice, Stephen Harper, conservatisme, châtiment, rituel, romantisme, populisme pénal