Manganelli, Lara
(2021).
« Money, spending and well-being : five studies based on self determination theory on the factors that influence the relationship between money and psychological health » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en psychologie.
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Résumé
L'argent est l’une des causes les plus importantes de stress dans la vie des individus et entraine des effets néfastes sur la santé physique et psychologique (APA, 2015). Une raison potentielle de ce stress financier est que les gens sont actuellement confrontés à des niveaux d'endettement alarmants. En 2018, l'endettement total de tous les ménages canadiens dépassait les deux billions de dollars, un montant qui équivaut à la production économique totale du pays (Banque du Canada, 2018). Les experts suggèrent qu'avec le crédit plus facile que jamais à obtenir, les gens semblent succomber à la tentation constante de la consommation (Benessaieh, 2017). Il urge donc de comprendre les facteurs psychologiques qui influencent les décisions en matière d’argent et de dépenses. À travers cinq études, la présente thèse a cherché à comprendre ce qui motive les gens à gagner, et à dépenser de l'argent, comment ces motifs affectent la santé psychologique et à identifier des moyens pratiques afin d’aider les individus à développer une relation plus saine avec l'argent d'un point de vue psychologique. Les deux articles de cette thèse s'inscrivent dans la recherche visant à comprendre la relation entre l'argent et le bien-être psychologique. Des études basées sur la théorie de l'autodétermination (Deci & Ryan, 2000) suggèrent que l'argent permet d’acheter du bien-être dans la mesure où il permet, en plus d'acquérir les nécessités de base pour vivre, la satisfaction des trois besoins psychologiques d'autonomie, de compétence et d’affiliation sociale (e.g., Howell & Howell, 2008). De plus, de récentes études soulignent que les motifs qui sous-tendent le désir de gagner et de dépenser de l'argent peuvent encourager ou nuire à la satisfaction des besoins et, par conséquent, ont un impact sur le bien-être (Srivastava, Locke, & Bartol, 2001; Thibault Landry et al., 2016). Alors que l’article 1 de cette thèse se concentre spécifiquement sur les motifs à vouloir gagner de l’argent, l’article 2 explore les motifs à dépenser de l’argent. À travers trois études, l'article 1 visait à comprendre les raisons qui motivent les individus à vouloir gagner de l'argent, comment ces motifs affectent le bien-être psychologique et à explorer s'il est possible d'encourager l'adoption de motivations saines pour gagner de l'argent. L’étude 1 reproduit plusieurs résultats clés de cette recherche en se basant sur des analyses factorielles confirmatoires avec un échantillon de 633 personnes. Les résultats démontrent que les individus sont motivés à gagner de l'argent pour dix raisons principales, qui peuvent être classées en trois grandes catégories de motifs, à savoir la Stabilité financière (sécurité et famille), les motifs Intégrés (valeur marchande, liberté, fierté, loisirs et charité) et les motifs Non-intégrés (comparaison sociale, doute de soi et l'impulsivité). À travers des analyses de modélisation d'équations structurelles (N = 464), l’étude 2 à révélé que vouloir faire de l'argent pour des raisons de Stabilité financière et pour des raisons Intégrées encourage la satisfaction des besoins et le bien-être, tandis que les motifs Non-intégrés mènent à la frustration des besoins et au mal-être. En essayant de comprendre ce qui motive les gens à gagner de l'argent, la grande quantité de recherches révélant les effets négatifs du matérialisme sur la santé ne peut être ignorée (Kasser, 2016). Ainsi, en utilisant des analyses de régression hiérarchique et de modélisation d'équations structurelles, l'étude 2 a également exploré comment le concept de matérialisme est lié aux trois types de motifs et les résultats suggèrent que le matérialisme représente un ensemble de raisons malsaines de désirer de l'argent. Enfin, un objectif secondaire de l'article 1 (étude 3) était de tester l'efficacité d'une intervention visant à aider les individus à développer une relation plus saine avec l’argent. Les résultats de cette étude quasi-expérimentale (N = 41) ont démontré l'efficacité de l'intervention à aider les gens à prendre conscience de leurs propres motifs à faire de l’argent et à éviter une augmentation des motifs malsains. Bien qu'aucun changement significatif des motifs bénéfiques n'ait été observé, les participants du groupe expérimental ont révélé des motifs non-intégrés significativement inférieurs à ceux du groupe témoin, et ce deux semaines après l'intervention. À travers les deux études de l'article 2, cette thèse apporte également une contribution significative à la documentation sur les dépenses. De nombreuses recherches soutiennent la recommandation selon laquelle dépenser de l'argent pour les autres (plutôt que pour soi-même) et investir dans des expériences (plutôt qu’acheter des biens matériels) procurent plus de bonheur (Aknin, Wiwad & Hanniball, 2018). Néanmoins, un petit nombre d’études suggèrent que les raisons qui motivent les individus à dépenser sont importantes, car elles peuvent également influencer la santé psychologique (e.g., Hill & Howell, 2014). En se basant sur l’analyse factorielle exploratoire d’une nouvelle échelle (Motives for Spending Scale; une version adaptée de l'échelle sur les Motifs à vouloir faire de l’argent de Srivastava et al., 2001), l’étude 1 (N = 312) a identifié un ensemble de motifs pouvant sous-tendre les dépenses. Les résultats suggèrent que les individus dépensent de l’argent afin d’assurer le bien-être de leur famille (Stabilité), d’investir dans des objectifs professionnels actuels et/ou futurs (Développement), aider les autres (Aide), de participer dans des activités de loisir (Loisir), et afin de surmonter un doute de soi (Insécurité personnelle). Des analyses de modélisation d'équations structurelles ont également révélé que, lorsque les individus sont motivés à dépenser de l'argent dans le but d'aider les autres, de profiter d'une activité de loisir et d'investir dans leur développement, cela encourage la satisfaction des besoins psychologiques et conduit à son tour au bien-être. Lorsque l'argent est dépensé dans le but de surmonter un doute de soi, cela mène à la frustration des besoins et, par conséquent, à un plus grand mal-être. L'étude 2 (N = 305) a également exploré la présence relative des motifs de dépenses dans les achats matériels, prosociaux et expérientiels. Les résultats suggèrent que les achats prosociaux et expérientiels sont plus susceptibles d'être motivés par des raisons qui encouragent la satisfaction des besoins psychologiques (e.g., un désir d’aider les autres et de participer dans des activités de loisir). Cependant, les résultats suggèrent qu'il est également possible de consommer des expériences pour des raisons malsaines (e.g., pour attirer de l’attention) et d'acheter des biens matériels pour des raisons saines (e.g., loisir et développement personnel). Ensemble, les résultats des cinq études de cette thèse suggèrent que le fait de prendre conscience des raisons qui motivent les individus à gagner et à dépenser de l'argent serait la première étape dans le développement d’habitudes de dépenses saines permettant une meilleure santé psychologique et un bonheur accru.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Argent, Motifs, Dépenses, Théorie de l’Autodétermination, Satisfaction des besoins, Frustration des besoins, Bien-être, Mal-être