Lajeunesse, Sarah
(2019).
« Droit international, mondialisation et vulnérabilité : a lutte globale antidrogue et les populations locales » Travail dirigé.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en science politique.
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Résumé
Le droit international qui se rapporte à la lutte antidrogue adopte une voie unilatérale : un modèle répressif, stato-centrique, visant autant les producteurs que les commerçants et les distributeurs, et utilisant les instances politiques nationales et internationales. Cet essai souhaite mettre l'accent le paradoxe de la lutte antidrogue dans la mesure où cette lutte accroît la v1:,1lnérabilité des personnes qu'elle prétend aider. En misant davantage sur les
droits internationaux et nationaux, les organisations internationales, nationales et interétatiques, les dynamiques politiques en place, et les facteurs de vulnérabilisation, nous
nous questionnons à savoir s'il y a un lien direct à faire entre droit international, guerre contre la drogue et vulnérabilisation de certains groupes ou de certaines communautés. Trois principales questions découlent de cette problématique : quels sont les effets de la lutte contre la drogue auprès de certaines populations ? Comment le droit international contribue-t-il à ce processus ? Comment celui-ci e~t-il reflété à travers le mode malgré des contextes régionaux uniques et spécifiques comme en Colombie ? La thèse ici défendue
est que le droit international de la lutte antidrogue renforce la vulnérabilité de plusieurs groupes parce qu'il place l'État au centre de l'opération, alors qu'il est souvent la source première de cette vulnérabilité pour les personnes et communautés principalement visées
par la lutte antidrogue. Nous sommes d'avis que la lutte contre la drogue, plutôt que de protéger les populations face à la criminalité et à la violence, accentue plutôt leur condition de « vulnérables » et les facteurs contribuant à leur vulnérabilité, ce qui accroit par le fait même la violation de certains droits fondamentaux et humains. Ensuite, en organisant et légitimant l'action des États dans la guerre contre la drogue, le droit international contribue à la marginalisation et à la vulnérabilité de populations entières se trouvant déjà dans une situation fragile face à leur État puisqu'il ne prend pas en compte indépendamment les particularités historique, sociale, géographique et politique de chacune des régions du
monde. Finalement, la lutte antidrogue est un projet du droit international public qui a contribué à globaliser non seulement ladite lutte, mais aussi les États ciblés par cette lutte.
Il a notamment contribué à renforcer des clivages et hiérarchies préexistants entre États du Nord et États du Sud, entre États riches et États pauvres, entre États développés et États en développement, au détriment de populations vulnérables et d'initiatives locales de
développement souvent ignorées.