Dupuis, Olivier
(2020).
« Le concept de populisme : la construction théorique d'un ennemi politique » Mémoire.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en science politique.
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Résumé
Intuitivement, le populisme nous apparaît comme quelque chose de mauvais. Dans un contexte où le concept gagne en importance – tant dans la sphère publique que dans la littérature scientifique – il nous paraît important d’explorer les raisons qui expliquent
cette connotation péjorative. Une telle enquête nous conduit à prendre pour objet d’étude non pas le populisme lui-même, mais le concept de populisme. Il s’agit d’étudier ses usages passés et actuels afin de comprendre comment le concept a été formé, dans quels contextes et avec quels objectifs. Nous émettons l’hypothèse que les intellectuels ont contribué à forger les connotations négatives associées au populisme en cherchant dans ce terme un concept apte à dénoncer des idées perçues comme hostiles à la démocratie libérale et au pluralisme. Nous faisons d’abord l’histoire de l’élaboration du concept et de sa circulation entre les États-Unis, l’Amérique latine et l’Europe au siècle dernier afin de montrer qu’il a été utilisé moins pour sa dénotation qu’en raison de son sens péjoratif. Nous montrons ensuite que l’usage dominant du concept dans la documentation scientifique actuelle, l’approche idéologique du populisme, contribue à consolider cette connotation en faisant du populisme un phénomène irrationnel menaçant le pluralisme et la démocratie. Nous concluons que le populisme a acquis un sens péjoratif dans la littérature scientifique parce que ses concepteurs, de même que ses utilisateurs, en ont fait un outil de lutte contre les positions politiques auxquelles ils s’opposent.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : populisme, histoire conceptuelle, connotation péjorative, approche idéologique