Brahimi, Hamida
(2011).
« L'intégration économique des immigrants maghrébins du Québec :le cas des Algériens, Marocains et Tunisiens » Mémoire.
Montréal, Québec, Canada, Université du Québec à Montréal, Maîtrise en sociologie, 145 p.
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Résumé
Le Québec d’aujourd’hui diffère de celui d’il y a une trentaine d’années. Il s’est doté d’une population active très diversifiée, dont une part importante est constituée par les communautés culturelles en constante progression. L'intégration des immigrants occupe une place de plus en plus importante dans les discours politiques des gouvernements du Canada et du Québec. Ils se traduisent par la mise en place de programmes divers, visant à faciliter l'intégration sociale et économique des nouveaux arrivants au sein de la société d'accueil. Dans la pratique, ce processus n’est pas sans obstacles pour les immigrants qui doivent relever plusieurs défis, notamment ceux reliés à l'accès à l'emploi. La présente recherche vise à cerner les principaux facteurs qui influencent le processus d'intégration économique des maghrébins établis au Québec. Notre choix s’est porté sur cette communauté ethnique prisée depuis quelques années par le Québec et donc de plus en plus nombreuse. Pour notre recherche, nous sommes partis de l'hypothèse que l'intégration économique des immigrants maghrébins est multidimensionnelle. Elle relèverait d’un processus complexe, lent et ardu, un véritable périple devant être accompli par ces nouveaux arrivants comme un passage obligé, dont la finalité est de décrocher un emploi satisfaisant qui réponde à leurs qualifications et compétences. Pour réaliser cette recherche, nous avons adopté une démarche mixte qui s'inscrit dans une perspective qualitative et quantitative. La combinaison des deux approches nous a permis d’une part, à travers des études récentes, d’avoir connaissance des principales difficultés rencontrées par les immigrants maghrébins au niveau de leur insertion sur le marché du travail. D’autre part, nous avons pu, grâce à un portrait statistique détaillé et précis de cette communauté, vérifier et confronter nos conclusions à celles des études qualitatives. Notre recherche a été réalisée à partir de données concrètes recueillies auprès de Statistique Canada, concernant plusieurs cohortes d’immigrants maghrébins par pays de naissance (Algériens, Marocains et Tunisiens) à différentes périodes de leur établissement (entre 2001 et 2006, entre 1996 et 2000 et avant 1996). Il est clair qu’un si grand échantillon permet d’arriver à des conclusions d’intérêt à la majorité des membres de ce groupe résidant dans la ville de Montréal. Les résultats obtenus révèlent que, paradoxalement, malgré leur niveau de scolarité élevé, les immigrants maghrébins occupent une position désavantageuse sur le marché du travail comparativement aux autres groupes d’immigrants ainsi qu’aux natifs. Frappés par le taux de chômage le plus élevé, leur insertion professionnelle est plus critique et se réalise beaucoup plus difficilement que pour les autres immigrants et le groupe traditionnel. Par ailleurs, les membres de la communauté maghrébine en activité restent généralement confinés dans des emplois sous-qualifiés qui ne correspondent pas nécessairement à leurs qualifications. Cette déqualification réelle qu’ils subissent ne leur donne pas l’opportunité de mettre pleinement en valeur leurs compétences sur le marché du travail ni de participer par la même occasion, à un apport productif qualitatif pour les entreprises qui les emploient. Outre les facteurs structurels liés au marché du travail et communs à l’ensemble des immigrants, les maghrébins du Québec en tant qu’arabo-musulmans, font face à la discrimination systémique en emploi, particulièrement après les événements du 11 septembre 2001 et l’islamophobie qui a suivi. Exacerbée par les débats récents et controverses vécus sur la place publique québécoise (accommodements raisonnables (2007), laïcité, voile intégral (2010-2011) …, la discrimination est devenue un facteur prédominant frappant davantage les membres de cette communauté.
Nous croyons que l’intégration sociale passe par l’intégration économique. L’immigrant peut créer ainsi un réseau social et interagir avec d’autres membres de la société d’accueil et d’autres cultures, élargir son cercle de connaissances, etc. C’est aussi par l'emploi que l'immigrant peut se réaliser pleinement en contribuant au développement de la société et en améliorant sa qualité de vie et celle de toute sa famille. C’est aussi le moyen pour lutter contre les préjugés et les discriminations et développer le sentiment d’appartenance à la société d’accueil. À travers cet objectif exploratoire, cette recherche se veut une sorte de bilan sur l’intégration professionnelle des immigrants maghrébins à la société québécoise. Nous espérons présenter un portrait réaliste de la situation économique de ces immigrants plein d’espoir, venus améliorer leur qualité de vie en privilégiant comme destination la province du Québec et la ville de Montréal. C’est aussi une occasion d'étoffer la base documentaire particulière à ce sujet et d’attirer davantage l’attention sur une situation problématique qui perdure et tend à s’aggraver avec le temps.