Lemay-Roche, Alexandre
(2018).
« Démocratie contre capitalisme en Grèce contemporaine : la bataille perdue de SYRIZA contre l'austérité » Mémoire.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en science politique.
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Résumé
À l'été 2015, au terme d'une bataille de cinq mois contre les créanciers de la Grèce, le gouvernement formé par le parti de gauche radicale SYRIZA a abandonné son programme politique sous le poids de la contrainte, adoptant un nouveau plan d'austérité pourtant rejeté par la population. Dans ce mémoire, nous avons cherché à penser cet échec à partir d'un questionnement sur les rapports entre capitalisme et démocratie. Afin de mieux comprendre les pressions qui ont ultimement fait plier le gouvernement SYRIZA, malgré son mandat démocratique fort, nous avons réalisé une étude de cas portant sur le premier mandat d'Alexis Tsipras (janvier à août 2015). Nous présentons d'abord les théories sur la « crise » de la démocratie ainsi que les théories marxistes de l'État et de la démocratie pour développer un cadre théorique qui oriente l'analyse. Les événements de 2015 en Grèce sont ensuite remis dans leur contexte avant d'être examinés étroitement, avec le souci d'identifier et de situer les acteurs impliqués. Pour déterminer leurs motivations et la façon dont ils entrevoyaient les contraintes à leur action, les témoignages directs des acteurs ayant pris part aux événements sont privilégiés dans l'analyse. Nous démontrons que l'échec de SYRIZA valide l'analyse marxiste du fonctionnement de la démocratie dans la société capitaliste, qui postule l'existence d'un certain cadre politique duquel on ne peut déroger qu'au risque de déboucher sur des crises politiques et économiques. Cet épisode permet en outre d'exposer les contraintes nouvelles qui attendent un parti de gauche au gouvernement, en particulier dans le contexte de l'Europe après la crise de 2007-8. La volonté du gouvernement grec de remettre en cause l'austérité a suffi en 2015 à ce que les autorités européennes justifient contre lui l'emploi d'un coup de force, en dépit du choix démocratique du peuple grec. La bataille perdue de SYRIZA contre l'austérité expose ainsi une tendance lourde du capitalisme contemporain : la normalisation du projet néolibéral et son émancipation croissante vis-à-vis de la démocratie.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Grèce, SYRIZA, démocratie, capitalisme, austérité, gauche radicale, théorie de l'État, partis politiques, Union européenne