Arnaud, Sarah Audrey
(2018).
« La conscience émotionnelle : sa fonction dans l'autisme » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en philosophie.
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Résumé
Cette thèse concerne la nature de la conscience émotionnelle et son rôle dans l'autisme. Elle a pour but de mettre en évidence des particularités autistiques de l'accès à la conscience des émotions. Pour cela, ce travail s'intéresse aux notions de « conscience » et d'« émotions » et cherche à en donner des définitions opérationnelles. J'applique ensuite ces définitions aux résultats des études sur l'autisme portant sur ces phénomènes. Pour cela, ma thèse s'appuie sur différents domaines de recherche, qui sont considérés comme étant tous essentiels à une compréhension des particularités autistiques de conscience émotionnelle. Les études en psychologie et en neurosciences sur les particularités émotionnelles de l'autisme sont décrites et expliquées afin de mettre en évidence les particularités qu'ont les autistes concernant leurs propres émotions et celles d'autrui. Les recherches en philosophie et en psychologie sur les émotions, quant à elles, permettent de mieux caractériser les émotions. Celles en philosophie et en neurosciences sur la conscience visent à expliquer les débats autour de la notion de conscience et à en donner une caractérisation qui puisse s'appliquer à tout type d'expérience, notamment aux émotions. L'hypothèse principale de cette recherche concerne les particularités autistiques à propos des émotions propres : les autistes auraient un accès plus « cognitif » à la conscience de leurs émotions par rapport aux neurotypiques, dont la conscience des émotions se fait plutôt sur la base de données phénoménales. Une hypothèse secondaire concerne les liens entre ces particularités et l'ensemble de celles qui concernent la vie émotionnelle des autistes : cette particularité concernant la conscience émotionnelle serait un facteur favorisant la présence d'anxiété et d'alexithymie dans l'autisme, ainsi que la dysrégulation émotionnelle. Elle serait aussi à l'origine des particularités de reconnaissance émotionnelle de l'autisme. Pour démontrer cette hypothèse, je procède en définissant d'abord la conscience émotionnelle dans le fonctionnement typique et j'interprète les résultats des études sur l'autisme à la lumière de cette définition. Plus précisément, je propose des distinctions sur la conscience (basées sur la littérature philosophique) pour dégager trois acceptions de la notion de « conscience émotionnelle » : une conscience par l'émotion, une conscience de l'émotion par un accès phénoménal et une conscience de l'émotion par un accès cognitif. Selon moi, ces trois acceptions ne sont pas clairement distinguées dans la recherche, celles-ci étant souvent utilisées indifféremment par les chercheur-e-s pour désigner la conscience émotionnelle. Je suggère que c'est cette absence de clarté conceptuelle qui est à l'origine de malentendus dans la littérature. Les distinctions que je propose sont une tentative pour remédier à cette absence de clarté. Une fois distingués, ces différents sens attribués à la conscience émotionnelle peuvent être appliqués au fonctionnement émotionnel neurotypique, puis aux études qui montrent des différences de fonctionnement émotionnel entre autistes et neurotypiques. C'est à la lumière de ces différences que les résultats de cette thèse peuvent être dégagés : les études sur l'autisme mettent en évidence des différences claires dans la manière de se rapporter aux émotions propres par les autistes et neurotypiques. Les émotions des neurotypiques accèdent à la conscience avant tout et la plupart du temps par un accès phénoménal, c'est-à-dire que ce sont les éléments subjectifs de l'émotion qui accèdent à la conscience. Chez les autistes, c'est plutôt un mode d'accès cognitif qui permet à leurs émotions de parvenir à la conscience : ce sont donc davantage les éléments objectifs et descriptifs de l'émotion qui parviennent à la conscience. Cette particularité permet d'expliquer certains éléments qui caractérisent l'anxiété et la dysrégulation émotionnelle des autistes. Cette particularité influence également les stratégies de reconnaissance émotionnelle qui caractérisent l'autisme. Une fois bien comprise, cette différence pourrait permettre de mettre au jour un des endophénotypes de l'autisme que la littérature avait jusqu'alors négligés.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Émotions, conscience émotionnelle, autisme, accès phénoménal, accès cognitif.
Type: |
Thèse ou essai doctoral accepté
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Informations complémentaires: |
La thèse a été numérisée telle que transmise par l'auteur. |
Directeur de thèse: |
Faucher, Luc |
Mots-clés ou Sujets: |
Émotions / Conscience / Autisme / Autistes / Affectivité |
Unité d'appartenance: |
Faculté des sciences humaines > Département de philosophie |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
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Date de dépôt: |
24 sept. 2018 10:44 |
Dernière modification: |
24 sept. 2018 10:44 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/11648 |