Une pratique du récit en peinture :un espace d'interprétation de la fragmentation et de la non-linéarité de la réalité

Ricard, Benoît (2007). « Une pratique du récit en peinture :un espace d'interprétation de la fragmentation et de la non-linéarité de la réalité » Mémoire. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en arts visuels et médiatiques.

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Résumé

Car chaque marche est une sorte de croisade ... Henry David Thoreau. Mon sujet de recherche découle, en premier lieu, de mes promenades dans les musées, dans ces passages où le temps est dans tous ses états. Avant même d'en être conscient, je fabriquais des liens entre des tableaux qui habitent des salles comme des époques en boîte. La ville, l'entre deux postes de télé, la couche virtuelle de mon écran d'ordinateur sont les forêts que j'arpente et qui me donnent à voir du réel. Mais, voir du réel, c'est quoi ? La quête est incessante et dure depuis les premiers philosophes grecs. Ainsi, la majorité du temps, voir du réel c'est assister au spectacle de ses propres perceptions du monde. Parfois, voir du réel, c'est ne rien voir du tout, sinon des morceaux de théorie scientifique, des bribes, des transes mystiques, mais surtout, voir de la distance et de l'égarement. Alors, je marche et fabrique des fils. Les interrogations qui ont résisté aux contorsions de mes rêveries gravitent, encore aujourd'hui, autour de la nature de « la croyance dans la valeur des données de la perception visuelle » et des paramètres de l'idée du tableau : Toutes les attitudes réalistes ont un point en commun, la croyance dans la valeur des données de la perception visuelle : il suffit donc de montrer l'aspect des choses tel qu'il apparaît au regard pour rendre manifeste certaines réalités; les changements opérés visent essentiellement à rendre le spectacle plus explicite, mais la notion même de spectacle sous-tend les transformations de Corot aussi bien que celles de Monet, voire de Titien ou de Rubens.³ Et, le spectacle est celui de ma position : celle d'un général errant, d'un stratège de salon. Je joue à des jeux de p'tits gars. Là où des monstres d'illusions sont créés par la désinformation et la subjectivité de tous et chacun passe la métaphore d'un héroïsme relativiste et d'une historiographie ludique. Je récupère des récits épiques dans ce qui m'entoure : dans la fuite, dans mes homériques divertissements, dans les élans monumentaux des autres et surtout, dans la distance qui me sépare du réel et de l'évènement : Le héros dégrisé n'est pas aveuglé par sa quête de gloire. La lumière horizontale, sans hiérarchie, dans laquelle baigne le monde quotidien suffit à éclairer toutes ses pérégrinations. À la volonté de marquer l'histoire de son sceau se substitue un désir héroïque nouveau, celui de traverser les incertitudes et les altérations d'une vie sans destin.[4] Ma position est celle d'un peintre : j'observe, retranscris et marque l'écart. Entre l'homme et l'évènement un intervalle demeure, infranchissable.[5] et c'est cet intervalle qui me captive. Dans mes marches, j'ai trouvé le dessin et la ligne : un outil de réflexion sur l'idée de continuum et la nature des dimensions spatio-temporelles de la peinture. Dans mes évaporations et mes réapparitions, il y a un lien, une ligne, une trajectoire : je crois qu’il y a un magnétisme subtil dans la Nature qui, si nous y cédons inconsciemment, nous indique la bonne direction.[6] Je crois, moi aussi, cent cinquante ans plus tard, que, dans des paramètres de marche différents et dans une topographie disloquée, ce magnétisme persiste et la direction, bonne ou mauvaise, peut donner des tableaux qui témoignent de la poésie de l'ébauche. ______________________________________________________________________________ ³ Eugène De Keyser, Art et mesure de l'espace, Collection Psychologie et sciences humaines, Charles Dessart, Belgique, 1970, P. 80. ______________________________________________________________________________ [4] Antonia Birnbaum, Nietzsche, Les aventures de l'héroïsme, éditions Payot & Rivages, Paris, 2000, 293 pages, p. 244. ______________________________________________________________________________ [5] Claude Bochurberg, L'Histoire bafouée ou la dérive relativiste, avec la participation de Jacqueline Baldran, L'Harmattan, Paris, 1992, 125 pages, p. 15. ______________________________________________________________________________ [6] David Henry Thoreau, De la marche, Texte intégral (1862) traduit de l'anglais (États-Unis) par Thierry Gillyboeuf, Éditions Mille et une nuits, 2003, p. 25.

Type: Mémoire accepté
Informations complémentaires: Le mémoire a été numérisé tel que transmis par l'auteur.
Directeur de thèse: Lacasse, François
Mots-clés ou Sujets: Narration / Peinture / Réalité / Mémoires et thèses de création
Unité d'appartenance: Faculté des arts > École des arts visuels et médiatiques
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 16 juill. 2018 15:27
Dernière modification: 16 juill. 2018 15:27
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/11422

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