Les instants, la réalité et la vérité

Klink, Ruby (2018). « Les instants, la réalité et la vérité » Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en philosophie.

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Résumé

La métaphysique analytique du temps aborde son sujet par le biais de deux séries temporelles que nous devons à McTaggart (1908). La série A caractérise les instants comme étant passés ou futurs par rapport à un présent dynamique, alors que la série B caractérise les instants selon une relation d'antécédence ou de succession permanente. Ces séries se prêtent à deux types de débat. Le premier, de nature sémantique, vise à dégager la forme A ou B des énoncés qui rendent vrai notre langage temporel. Le second, de nature ontologique, porte sur la constitution de la réalité : est-ce le présentisme qui distingue le présent comme métaphysiquement privilégié, associé à la série A, ou l'éternalisme qui juge que le passé, le présent et le futur sont ontologiquement équivalents, associé à la série B, qui rend compte de la réalité temporelle? Grâce au précepte méthodologique dominant de la philosophie analytique, le second débat, s'il veut prétendre à une quelconque rigueur, n'est qu'un succédané du premier, puisqu'une métaphysique ne reçoit sa validation que d'une sémantique. Les métaphysiciens A et B reconnaissent que le langage naturel temporel renferme des expressions de type A tout autant que de type B. L'enjeu de l'analyse sémantique consiste à réduire les expressions appartenant à un type donné, à l'autre type considéré comme plus fondamental. Il existe un large consensus à l'effet que l'analyse sémantique des expressions A a réussi à réduire ces dernières à des conditions de vérité de type B, alors que l'inverse n'a pu être effectué de manière convaincante. L'éternalisme attenant à la sémantique de type B s'étant révélé entièrement compatible avec la théorie de la relativité restreinte grâce à un argument philosophique proposé par Putnam (1967), les métaphysiciens B sont confortés dans la justesse de leur démarche puisqu'elle leur permet d'aboutir à une théorie métaphysique indépendamment confirmée par la science. Toutefois, l'éternalisme, avec son indifférenciation ontologique entre passé, présent et futur, est extrêmement contre-intuitif. Ce travail vise à réexaminer les étapes qui nous ont mené à ce point, avec à la clef, ou bien un renversement en faveur de la théorie A du temps, ou bien une compréhension accrue et un assentiment plus enthousiaste envers la théorie B du temps. L'analyse sémantique du langage temporel naturel effectuée par les métaphysiciens s'étant limitée à l'échange de quelques exemples et contre-exemples, c'est chez les linguistes que des analyses plus poussées et plus complètes furent puisées. Il s'avère que, contrairement à ce que prétendent les métaphysiciens B, une analyse sémantique du langage temporel en termes de conditions de vérité de type A est possible. L'analyse de Ludlow (1999) de type A a réussi là où d'autres ont échoué parce qu'elle prend en compte la dimension référentielle et anaphorique du langage temporel, grâce à un procédé sémantique qui attribue une clause-quand implicite à toute expression temporelle du langage naturel, et qui joue un rôle référentiel tout en préservant le type A de la distinction temporelle effectuée. Néanmoins, l'existence d'une sémantique A pour le langage naturel temporel ne relance pas le débat sur la métaphysique du temps car un détour par la logique temporelle et la logique hybride, et des considérations de logique philosophique sur les relations entre logique modale et logique des prédicats, devraient nous convaincre que la structure des modèles qui, respectivement, rendraient compte du fonctionnement du langage de type A et celui de type B, est parfaitement identique, la différence entre les deux langages n'étant qu'une différence par rapport à la perspective que l'on adopte pour parler de ces modèles. L'import ontologique de cette constatation est que l'éternalisme découle tout autant d'une analyse sémantique de type A qu'une de type B, lorsque l'analyse de type A est exhaustive. Si notre langage naturel temporel, de quelque manière dont on l'analyse, ne peut mener qu'à l'éternalisme, le monde physique se révèle-t-il tel que la métaphysique le postule? Une réévaluation de l'argument de Putnam tranche que ce dernier est non concluant et que l'on ne peut défendre l'éternalisme en passant par la théorie de la relativité. Au terme de cette investigation méthodique de la démarche de la métaphysique du temps, nous avons abouti à un renforcement de l'ontologie éternaliste déductible d'une analyse sémantique du langage naturel temporel, mais à un affaiblissement de cette même ontologie par une analyse de la théorie physique qui est supposée y mener. Au lieu de soutenir ou de contester l'une ou l'autre théorie, ce travail suggère plutôt qu'il faudrait revoir la méthodologie même qui sous-tend la métaphysique du temps. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : métaphysique du temps A et B, éternalisme, analyse sémantique, logique temporelle, A. N. Prior.

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: La thèse a été numérisée telle que transmise par l'auteur.
Directeur de thèse: Voizard, Alain
Mots-clés ou Sujets: Temps (Philosophie) / Métaphysique / Sémantique
Unité d'appartenance: Faculté des sciences humaines > Département de philosophie
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 14 mai 2018 09:03
Dernière modification: 14 mai 2018 09:03
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/11247

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