Bouchard, Pierre
(1999).
« Les Amériques du 21 janvier au 6 février 1999 ».
Chroniques des Amériques.
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Résumé
La crise financière au Brésil continue d’ébranler le Mercosur. Non seulement les associations de producteurs industriels des pays membres du bloc réclament à l’imposition de tarifs ou quotas pour empêcher l’avalanche appréhendée de produits brésiliens sur leurs marchés, voici que des sources du ministère des affaires étrangères argentin affirment que ce pays cherchera dans les prochains mois à (re)lancer les discussions visant à la signature, à moyen terme, d’un accord de libre-échange intégrant l’Argentine à l’ALENA. L’administration américaine ayant peu de chances d’obtenir, avant les prochaines élections présidentielles, la procédure accélérée (fast-track) permettant de conduire de manière effective de telles négociations, le gouvernement argentin concentrera ses efforts, un peu à la manière du Chili, à la signature d’accord individuels avec le Canada et le Mexique, un accord dans ce dernier cas étant possible avant la fin de l’année en cours. Malgré les professions de foi presque quotidiennes ces jours-ci du gouvernement Menem envers le Mercosur, et la nécessité selon ce dernier de résister à la tentation de "différencier" l’Argentine trop ouvertement du Brésil face aux investisseurs internationaux, les intérêts divergents pour les deux principaux pays du bloc se manifestent de plus en plus : pour le Brésil le Mercosur est avant tout un instrument politique élargissant le rayonnement de son influence en Amérique latine face aux États-Unis alors que pour l’Argentine il s’agit là d’un vecteur permettant son insertion graduelle à l’économie mondiale. Cette affirmation est particulièrement vraie si l’on regarde le discours argentin actuel au sujet de la dolarización. Si au début de la crise asiatique le président Menem se faisait le champion d’une monnaie commune du Mercosur, il est maintenant clair qu’il ne s’agit là pour lui que d’un pas vers l’adoption du dollar par tous les pays du Mercosur, comme l’exprimait d’ailleurs très clairement hier Jorge Castro, secrétaire argentin à la planification stratégique de la présidence.