Bachand, Remi
(2003).
« Conférence de Cancùn : échec conjoncturel ou misère du système commercial international? ».
Chroniques des Amériques, 3(14).
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Résumé
C’est lors de la Quatrième Conférence ministérielle de l’OMC, à l’automne 2001 à Doha qu’a été lancé un cycle de négociations qui ne porte pas son nom – le Programme de Doha pour le développement. À cette occasion étaient lancés des pourparlers concernant l’accès aux marchés agricoles, certains aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce, certaines règles de l’Organisation, le mécanisme de règlement des différends et les liens entre le commerce et l’environnement. Des négociations étaient envisagées sur les quatre « questions de Singapour », à savoir les liens entre le commerce et l’investissement, les liens entre le commerce et la politique de la concurrence, la transparence des marchés publics et la facilitation des échanges. À noter, des négociations étaient déjà en cours à ce moment sur l’agriculture et sur le commerce des services, mais selon les modalités qui devaient être établies par consensus lors de la cinquième Conférence ministérielle. Les discussions du Programme de Doha devaient, l’espérait-on, aboutir avant le premier janvier 2005. La Cinquième Conférence ministérielle qui s’est déroulée du 10 au 14 septembre 2003 à Cancún devait, disait-on, servir de tremplin pour ces négociations. On espérait d’elle qu’elle permette aux ministres du Commerce des pays Membres de diriger les négociateurs dans des directions représentant des positions consensuelles. Avant même le début de la Conférence, les pays Membre s’étaient entendus sur un Accord permettant aux pays les plus pauvres d’importer plus facilement des médicaments génériques coûtant moins cher que les produits originaux. Cet Accord avait été accueilli comme une bonne nouvelle par les négociateurs, voyant en elle la preuve de la capacité des différents Membres de faire des compromis. Nous savons maintenant que les exégètes qui faisaient cette interprétation faisaient alors preuve d’un excès d’optimisme. En effet, les négociateurs des pays Membres se sont trouvés incapables de s’entendre sur une déclaration commune, constat d’échec tirant principalement sa source des divergences de points de vue entre les pays développés et ceux en développement. Cette chronique cherchera à analyser les raisons de ce revers en analysant les différentes positions sur les questions qui se sont révélées les plus conflictuelles entre le Nord et le Sud lors de la Conférence de Cancún.