Melançon, Andréane
(2015).
« La connaissance abstraite des représentations grammaticales chez l'enfant » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en psychologie.
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Résumé
Ce travail a pour but de mieux cerner la nature des représentations abstraites dans le lexique mental des enfants au début de l'acquisition langagière, à savoir les représentations phonologiques, sémantiques, lexicales et grammaticales. Plus précisément, nous voulons évaluer à quel âge débute l'encodage des caractéristiques grammaticales contenues dans les mots, quelles sont les stratégies d'encodage de ces caractéristiques et l'influence du contexte linguistique sur cet encodage. De plus, nous désirons investiguer comment les représentations grammaticales sont généralisées et récupérées lors de l'activation lexicale, ainsi que le traitement de l'accord grammatical entre deux éléments lexicaux dans une relation adjacente et dans une relation non adjacente. La littérature nous indique que les études précédentes réalisées sur l'activation lexicale et les représentations grammaticales ont pour la plupart utilisé des mesures de compréhension de la parole simultanément à la présentation d'images d'objets familiers chez les enfants de deux à trois ans (voir par ex., Arias-Trejo, Falcon et Alva-Canto, 2013; Kedar, Casasola et Lust, 2006; Lew-Williams et Fernald, 2007; Van Heugten et Shi, 2009; Zangl et Fernald, 2007). Dans ce type de procédure, l'enfant entend une phrase nommant un objet parmi deux images ou plus (« regarde le bateau »). Ses regards pour les différents objets sont analysés et attestent de la reconnaissance de l'objet nommé. En variant le contexte linguistique utilisé, on peut observer l'effet d'un élément agrammatical (« *regarde la bateau »), ou d'un élément non informatif (« regarde les bateaux »). Bien que ces études nous aient fourni bien des éclaircissements quant au traitement des mots selon le contexte linguistique utilisé, il est important d'investiguer si ces effets reflètent une connaissance abstraite des catégories et relations grammaticales, ou plutôt la reconnaissance d'items familiers spécifiques. Effectivement, les études précédentes ont pour la plupart utilisé des mots fréquents et familiers, qui ont bénéficié de nombreuses productions dans l'input langagier de l'enfant. Il est alors difficile d'attribuer les résultats observés à un processus de représentation, plutôt qu'à un processus de rappel. Dans la présente recherche, nous contournons ce problème en utilisant des nouveaux noms (par ex., « ravole » et « cagère ») avec des enfants québécois âgés entre 24 et 36 mois. Nous utilisons une tâche d'apprentissage dans laquelle deux nouvelles appellations sont représentées graphiquement par deux nouveaux objets. Un déterminant indéfini marqué pour le genre (« une » et « un ») placé avant chaque nouveau nom induit une caractéristique grammaticale durant l'apprentissage. Dans la phase de test subséquente, nous présentons les nouveaux objets conjointement à une instruction auditive nommant l'un d'eux (« regarde la ravole »), et il est important de noter que le syntagme nominal utilise un déterminant défini, jamais entendu durant la phase d'apprentissage. Il devient alors possible de suivre le processus d'activation et de récupération de mots nouvellement appris, simultanément au déroulement de la phrase en temps réel. En variant l'environnement linguistique dans lequel le nouveau nom apparait (par ex., le genre du déterminant utilisé), nous pouvons observer l'effet de ces différents items lexicaux sur le traitement de ce nouveau nom. De plus, dans toutes nos manipulations, nous utilisons aussi des mots familiers afin de comparer la solidité des représentations pour les mots nouvellement appris. Nous prédisons que les enfants dès l'âge de 24 mois encodent la caractéristique grammaticale du genre durant une brève phase d'apprentissage. Cette caractéristique est ensuite activée durant le déroulement de la phrase en temps réel, selon les indices lexicaux et syntaxiques contenus dans la phrase. Notre hypothèse est que le traitement sera optimal dans le cas où tous les indices sont cohérents et informatifs, et cela se reflètera par une reconnaissance plus rapide et plus solide de l'objet nommé. Par contre, dans le cas où les indices seraient en conflit (par ex., l'enfant entend « une ravole » durant la phase d'apprentissage et « le ravole » durant la phase de test), le traitement des enfants sera perturbé, démontré par une reconnaissance de l'objet nommé moins rapide ou moins précise. Nous prévoyons observer une tendance développementale selon l'âge de l'enfant : le groupe de 24 mois devrait afficher une moins bonne performance que leurs pairs de 30 et 36 mois. Finalement, nous nous attendons à voir une différence dans le traitement des mots nouvellement appris et celui des mots familiers, avec des résultats supérieurs pour ces derniers. À travers une série de manipulations, nous avons fait varier le contexte linguistique des phrases présentées aux enfants. Les résultats ont démontré que même une brève présentation permet à des enfants de 30 mois d'apprendre un nouveau pairage nom-objet et d'encoder la caractéristique grammaticale du genre associée à chacun des nouveaux noms. Bien que le traitement des noms nouvellement appris ne semble pas aussi efficace que celui des noms bien encodés dans le lexique mental, nous avons pu observer un patron de résultats similaire pour les nouveaux noms et les noms familiers. Ces résultats sont compatibles avec notre hypothèse d'un savoir grammatical généralisable et productif. De plus, il ne semble pas qu'un indice supplémentaire tel qu'un adjectif marqué pour le genre facilite le traitement. Ce sont plutôt les déterminants qui sont importants pour l'encodage et le traitement du genre grammatical des noms. Nous avons aussi établi que malgré une difficulté à répondre à une tâche complexe d'apprentissage et de reconnaissance de nouveaux mots, les enfants plus jeunes (24 mois) encodent et associent la caractéristique du genre grammatical lorsque la procédure est simplifiée et n'implique pas d'apprentissage sémantique.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Acquisition du langage, grammaire abstraite, représentations syntaxiques, généralisation, compréhension online, apprentissage de mots.
Type: |
Thèse ou essai doctoral accepté
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Informations complémentaires: |
La thèse a été numérisée telle que transmise par l'auteur. |
Directeur de thèse: |
Shi, Rushen |
Mots-clés ou Sujets: |
Langage -- Acquisition / Enfants -- Langage / Reconnaissance des mots / Français (Langue) -- Genre / Enfants d'âge préscolaire / Abstraction chez l'enfant |
Unité d'appartenance: |
Faculté des sciences humaines > Département de psychologie |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
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Date de dépôt: |
14 mars 2016 20:23 |
Dernière modification: |
14 mars 2016 20:23 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/7876 |