Gillis, Connor
(2024).
« L'affaire du canard-lapin : enquête sur la réception des romans noirs de Jean-Patrick Manchette et le mythe de la «rupture manchettienne» » Mémoire.
Montréal (Québec), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en études littéraires.
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Résumé
Est-ce que ça sent le lapin ? Y a-t-il un cadavre putréfié sous le plancher ? En tout cas, quelque chose pue. Jusqu’à présent, les commentateurs s’entendent sur le fait que les romans noirs de Manchette marquent une rupture dans le développement du sous-genre. Ils affirment que Manchette a créé « le nouveau roman noir », qu’il est « le pape du néo-polar ». Dans le cadre de ce mémoire, nous montrons que, malgré leurs efforts, les commentateurs principaux de Jean-Patrick Manchette n’offrent pas d’argument soutenable qui appuie l’idée selon laquelle les romans noirs de Manchette divergent considérablement de ceux qui avaient préparé le terrain pour sa propre oeuvre. Nous présentons une nouvelle lecture de JPM qui accentue la continuité entre son oeuvre et celles de ses prédécesseurs, examinées dans le contexte du développement du roman noir durant le XXe siècle. Suivant des études récentes, le premier chapitre se penchera sur l’histoire du roman noir – fleurissant pendant les quatre décennies précédant l’apparition du premier roman de Manchette – dans sa riche diversité. Pour ce faire, nous cherchons à établir que ni les schémas structuralistes comme celui de Tzvetan Todorov ni les conceptions réductrices véhiculées par des anti-fans néomarxistes ne représentent l’éclectisme narratif et stylistique du genre. Il s’agira de présenter Manchette comme une variation intéressante et talentueuse parmi beaucoup d’autres dans le royaume du roman noir. Les chapitres suivants traiteront des raisons pour lesquelles il est généralement accepté que les romans noirs de JPM sont manifestement différents de leurs prédécesseurs. Si ses romans s'avéraient être un « nouveau roman noir, » leurs différences avec le (vieux) roman noir seraient aisément identifiables. Hélas, ce n’est pas le cas. Les éléments soulignés comme étant originaux par les commentateurs sont bien présents dans des romans noirs des années 1950 et 1960. En adaptant des concepts des théoriciens de la réception comme Pierre Bayard, Stanley Fish et Wolfgang Iser ainsi que des chercheurs en fan studies comme Matt Hills, Henry Jenkins et John Fiske, nous nous penchons sur les arguments douteux employés par les commentateurs de Manchette afin d’insister sur cette rupture manchettienne. Cette recherche s’intéresse aux tensions entre monde académique et cultures populaires, aux notions caricaturales du genre et des textes populaires, à la surévaluation des textes théoriques et au commentaire contradictoire de JPM lui-même. L’objectif du mémoire est de repositionner l’oeuvre de Jean-Patrick Manchette sur les rayons de la culture afin de le présenter à nouveau comme un pionnier parmi des pionniers plutôt qu’un phénix né des ordures de l’industrie culturelle. En effet, là où les critiques trouvent « un nouveau type d’écriture » (Gérault, 2008), nous verrons comment un lapin se transforme en canard.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Jean-Patrick Manchette, JPM, roman noir, polar, néo-polar, roman policier, littérature criminelle, réception, fan studies, fandom, communauté interprétative, culture populaire, culture de masse, néomarxisme, anti-fan
Type: |
Mémoire accepté
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Informations complémentaires: |
Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A. |
Directeur de thèse: |
Chassay, Jean-François |
Mots-clés ou Sujets: |
Jean-Patrick Manchette / Critique et interprétation / Roman policier / Interprétation-Réception de l'œuvre |
Unité d'appartenance: |
Faculté des arts > Département d'études littéraires |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
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Date de dépôt: |
28 août 2025 10:39 |
Dernière modification: |
28 août 2025 10:39 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/19024 |