Tremblay, Sacha
(2020).
« L'inceste au principe de l'art et de l'écriture dans À la recherche du temps perdu de Marcel Proust » Mémoire.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en études littéraires.
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Résumé
L’inceste, par ailleurs largement thématisé dans la Recherche, semble constituer un enjeu central de l’écriture proustienne et du savoir qu’elle transmet. L’analyse effectuée dans ce mémoire, par un travail qui consiste à cerner le principe du désir proustien dans certaines
scènes clés, montre que le désir du Narrateur pour Albertine et Gilberte retrouve, tel qu’il se raconte, les matériaux du fantasme associé à la figure maternelle, elle-même dédoublée dans les personnages de la mère et de la grand-mère. Le drame du coucher à Combray est pris ici en tant que fantasme limite où se narre aussi bien l’origine du sujet que celle de l’écriture. Il s’agit, dans ce mémoire, de dégager la place et la fonction de l’inceste transposé sur le mode artistique (la métaphore en étant le prototype) dans la Recherche; inceste sublimé en la « résurrection » d’un corps inédit de jouissance que Proust appelle « un peu de temps à l’état pur ». L’écriture des essences n’apparaît pas comme une création stylistique ex nihilo, mais comme une restitution, par le style, de ce qui compose le rapport fondamental du sujet au monde. Ce rapport, bien loin d’être immanent, trouve son origine dans l’infans et dans l’adresse à l’Autre primordial. Radicalement inaccessible à la mémoire, cette origine constitue néanmoins le pôle de la subjectivité, déterminant le désir et les fantasmes du sujet
depuis lesquels s’élabore l’écriture. Engagée dans le circuit pulsionnel, l’écriture retrouve, par le travail du signifiant, les coordonnées de cette première expérience vécue. Si le récit
peut prétendre en retrouver l’histoire, l’écriture, elle, prise dans sa concaténation signifiante, témoigne de la part qu’a prise le sujet à sa propre histoire. Ce mémoire propose de décrire comment le trauma de l’inceste se raconte dans le roman afin de saisir quel rapport ce récit entretient avec l’œuvre à venir. Il s’agira d’abord de
montrer comment s’organise et se donne à lire ce trauma aussi bien dans l’expérience du Narrateur que dans son écriture, quelle place occupe la métaphore proustienne dans cette double dynamique, de l’expérience et de l’écriture, et comment la « philosophie » de l’art
proustien s’est élaborée à partir du trauma de l’inceste et en sublime la valeur mortifère pour déployer l’œuvre triomphale qu’est la Recherche.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Marcel Proust — À la recherche du temps perdu — Inceste – Trauma — Métaphore — Signifiant
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