Discours décolonial, préfiguration et dispositifs : allié.e.s et complices anarchistes à Montréal (2016)

Pillet, Benjamin (2019). « Discours décolonial, préfiguration et dispositifs : allié.e.s et complices anarchistes à Montréal (2016) » Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en science politique.

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Résumé

Cette thèse a pour thème le discours décolonial tel qu'il se présente en Amérique du Nord et au Canada depuis les années 1990. Elle vise à mettre en lumière les grandes dimensions de ce discours, ses visées politiques préfiguratives, mais aussi ses contradictions internes, en se fondant sur des débats ayant eu lieu entre militant·e·s montréalais·es en 2016. La paternité du discours décolonial est généralement attribuée au réseau latino-américain de pensée critique « Modernité/Colonialité ». Cependant, la continuité d'une critique du colonialisme en Amérique du Nord suggère aussi la présence de long terme de conceptions décoloniales dans ce cadre géographique distinct (quoique en lien avec les influences latino-américaines). Une part de ce caractère distinct provient notamment des incarnations politiques et militantes du discours décolonial, à l'intersection de l'indigénisme, de l'écologisme et de l'anarchisme, dans des configurations qui re-territorialisent la décolonialité latinoaméricaine sous la forme d'un projet préfiguratif de décolonisation. De telles critiques visent en premier lieu à remettre en cause la légitimité des souverainetés euro-américaines dans les Amériques, ainsi que les États par lesquelles elles s'incarnent. Qui plus est, ces critiques décoloniales sont portées par des voix plurielles, autochtones comme allochtones, qui cherchent à dépasser les hiérarchies coloniales capitalistes, racistes et genrées qui participent du colonialisme euro-américain. Or, parce que de telles hiérarchies dépassent les individus qui les subissent, elles laissent des traces dans le discours décolonial, voire s'y reproduisent, attestant du caractère omniprésent et intrusif du colonialisme et de la colonialité dans les imaginaires politiques qui coexistent au sein des environnements (politiques, géographiques, sociaux, culturels, etc.) nord-américains. L'objectif de cette thèse est de mettre en lumière de telles contradictions, au travers de l'analyse des dispositifs discursifs et non discursifs employés par les voix décoloniales qui cherchent à inaugurer des pratiques et des existences libérées de la domination coloniale. Nous chercherons ainsi à répondre aux questions suivantes : comment les rapports de pouvoir coloniaux, dont on peut qualifier la présence d'hégémonique dans l'espace nord-américain, participent-ils des rapports de pouvoir entre militant·e·s décoloniaux·ales? Et comment les rapports de pouvoir structurels entre militant·e·s décoloniaux·ales autochtones et allochtones génèrent-ils des dispositifs? Pour répondre à ces questionnements, cette thèse s'arrime à une approche d'analyse de discours inspirée de la méthode foucaltienne développée par Siegfried Jäger, imbriquée dans un cadre théorique naissant des intersections entre les études sur le colonialisme de peuplement, les théories raciales critiques, et la théorie critique autochtone. En partant du prémisse que les questions raciales ne peuvent être évacuées de la lutte décoloniale, une telle approche nous permettra de débattre de l'hypothèse suivante : les dispositifs issus des rapports conflictuels entre militant·e·s autochtones et allochtones décoloniaux·ales consistent principalement en une reconfiguration de l'espace et des conflits – imaginés ou réels – entre autochtones et allochtones au sein du système colonial, cette reconfiguration se faisant au moyen soit d'un renversement soit d'une inversion des positions respectives des groupes autochtones et allochtones au sein des hiérarchies coloniales, par l'intermédiaire de dynamiques racisantes. Or, parce que ces questionnements s'ancrent dans une prise en compte des pratiques présentes dans des milieux militants qui visent à mettre en œuvre des idéaux de justice participant de mouvements qui dépassent le seul cadre montréalais, québécois ou canadien, cette thèse est habitée par la préoccupation de participer à de tels efforts émancipateurs. Les analyses et interprétations auxquelles elle donne lieu s'accompagnent donc d'un ancrage dans des pratiques et débats qui dépassent le champ académique, et qui s'incarnent notamment dans ce que certains auteurs nomment « l'anarch@-indigénisme ». Ce qui en retour justifie la présence dans les derniers chapitres de prescriptions normatives et de réflexions concernant l'avenir de la lutte décoloniale en Amérique du Nord. Selon nous, une telle lutte se doit de prioriser les conceptions et expériences autochtones en se fondant, pour les Allochtones, sur des pratiques que nous résumons sous l'expression de « promesse-traité ». _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : décolonialisme, décolonisation, Autochtone, Allochtone, racisme, hiérarchies, luttes, militantisme, Montréal, Canada, Québec, anarchiste, anarch@-indigénisme, dispositifs, analyse discursive, Foucault, Jäger.

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: La thèse a été numérisée tel que transmise par l'auteur.
Directeur de thèse: Dupuis-Deri, Francis
Mots-clés ou Sujets: Décolonisation / Colonialisme / Autochtones et allochtones / Racisme / Militantisme / Anarchisme / Analyse du discours / Canada / Montréal (Québec)
Unité d'appartenance: Faculté de science politique et de droit > Département de science politique
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 03 sept. 2020 12:51
Dernière modification: 03 sept. 2020 12:51
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/13505

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