Halsouet, Béatrice
(2015).
« La double socialisation de jeunes filles "népalaises" entre famille hindoue et école québécoise en région » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en sciences des religions.
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Résumé
Le but de cette recherche est de mieux comprendre la double socialisation de jeunes filles "Népalaises" entre leur famille de tradition indoue et leur établissement scolaire, en contexte régional québécois. Cette recherche choisit un angle systémique et interactionniste et une approche interdisciplinaire, alliant les sciences des religions et les sciences de l'éducation. L'immigration dans les régions du Québec représente un défi particulier pour les réfugiés qui y sont réinstallés et pour les treize villes d'accueil qui déploient chacune un contexte spécifique. Le rôle de l'école dans ces conditions est primordial pour la socialisation des élèves nouveaux arrivants dont la trajectoire migratoire est souvent complexe. Dans le cas des jeunes filles étudiées, leurs parents sont nés au Bhoutan, mais l'ont quitté précipitamment au début des années 1990 du fait de la politique nationaliste "One nation, one people", et se sont retrouvés dans des camps de réfugiés du Népal pendant environ vingt ans. Elles sont donc nées dans ces camps. Il a été question de cerner la socialisation, c'est-à-dire la négociation entre les acteurs en présence dans une situation commune (Robert et Tondreau, 1997), dans l'école et dans la famille. D'une part, leur socialisation en milieu scolaire a été étudiée grâce aux indicateurs et aux dimensions d'intégration scolaire (Mc Andrew, 1994; Mc Andrew et al., 1999) et à leur perception de l'interculturalité qui se vit à l'école. D'autre part, la socialisation dans la famille a été fondée sur les caractéristiques de la tradition indoue (Boisvert, 2013) et au travers de pratiques rituelles : des pratiques annuelles (Dasain, Tihar et Teej), des pratiques rituelles régulières féminines (le vrat ou barta, jeûne votif, et les prescriptions autour des menstruations) et des conceptions du mariage, le vivaha. La méthodologie, de nature interprétative et qualitative, s'est appuyée sur une posture de chercheure impliquée. Elle s'est fondée sur de l'observation en situation sur plus de quatre années et sur trente entrevues semi-dirigées auprès de différentes actrices (jeunes, mères, personnes enseignantes et intervenantes communautaires). L'analyse a également été de nature qualitative. Les résultats les plus saillants sont de plusieurs ordres. La socialisation scolaire se construit timidement, avec des interactions entre les jeunes filles et certaines de leurs personnes enseignantes impliquées, mais peu – ou de façon temporaire – avec leurs pairs québécois d'implantation ancienne. Les personnes enseignantes se sentent souvent démunies, mais sans forcément faire de ce défi leur priorité de formation continue. Du côté de la socialisation à la maison, cette première génération de jeunes filles indoues participe activement aux pratiques rituelles annuelles et y retrouve notamment "l'être ensemble" qui caractérisait leur vie dans les camps. Leur réseau de socialisation s'étend à un réseau transnational très actif, composé de membres de la famille et d'amies du même groupe ethnoculturel réétablies dans d'autres pays de réinstallation, mais les met également en lien avec des amis, alors que les relations entre genres sont moins tolérées dans leur quotidien familial et communautaire. Ces adolescentes suivent généralement les règles de commensalité autour des menstruations, tout en connaissant des accommodements selon le type de famille que j'ai dégagé; elles pratiquent peu le jeûne votif (vrat ou barta) que leurs mères suivent régulièrement, et gardent unanimement la conception que le mariage sera une étape de leur vie et le souhait de ne connaitre qu'un seul homme, leur mari. Des changements majeurs sont cependant apportés quant aux modalités et à l'âge du mariage; les caractéristiques de l'époux qu'elles souhaitent sont parfois floues. Quant à leur double socialisation entre famille et école, elle s'apparente à une compartimentalisation (Singer, 1972; Beyer, 2007), comme adaptation constante à chacun de ces deux contextes de vie. La complexité reste entière, car les deux sphères, familiales et scolaires, se transforment continuellement. De plus, l'étude a permis l'émergence de deux autres sphères importantes dans leur socialisation : d'une part, le groupe des pairs, sur le plan local et également à un niveau transnational, et d'autre part, l'organisme communautaire, qui, en plus d'assurer la médiation entre école et famille, organise également des activités qui sont des lieux de socialisation profitables pour certaines. Les perspectives de recherche longitudinale seraient très pertinentes auprès de cette première génération de jeunes filles immigrantes, à des moments cruciaux de leur vie comme le mariage, et auprès des générations 1,5 et 2. La réflexion sur l'interculturalité à l'école en région mériterait également d'être documentée et accompagnée.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : socialisation, école, famille, indouisme, région, interculturel.
Type: |
Thèse ou essai doctoral accepté
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Informations complémentaires: |
La thèse a été numérisée telle que transmise par l'auteur. |
Directeur de thèse: |
Boisvert, Mathieu |
Mots-clés ou Sujets: |
Femmes -- Népal -- Socialisation / Adolescentes / Immigrantes -- Éducation / Intégration sociale / Relations culturelles / Familles / Hindouisme -- Rituel / Québec (Province) -- Émigration et immigration / Régionalisme |
Unité d'appartenance: |
Faculté des sciences humaines > Département de sciences des religions |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
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Date de dépôt: |
10 juin 2016 17:17 |
Dernière modification: |
10 juin 2016 17:17 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/8612 |