Lapierre, Josée-Anne
(2012).
« Les usages des récits de légitimation en travail social : quelle prise en compte du destinataire de l'intervention sociale? » Mémoire.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en travail social.
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Résumé
La légitimation constitue une part importante des pratiques langagières des intervenants sociaux; cette forme d'explication et de justification de l'action sert à établir en quoi une action posée est adéquate, pertinente ou efficace. Certains travaux tendent toutefois à démontrer que les processus de légitimation contribuent à évacuer le sens donné à l'action par le destinataire, notamment par la catégorisation de ce dernier (Hall et al., 2006; Huot, 2005), ce qui a pour effet d'occulter sa singularité et sa subjectivité. À partir de ce constat et vu la rareté des recherches empiriques sur ce thème, le principal objectif de ce mémoire est de documenter les récits de légitimation déployés par les intervenants en travail social pour en appréhender l'impact sur la prise en compte (Karsz, 2004) du destinataire de l'intervention sociale. Pour ce faire, il adopte un cadre théorique postulant la construction sociale des phénomènes (Berger et Luckmann, 1986). Il emprunte de plus une orientation narrative, affirmant à l'instar de Lyotard (1979) qu'à la suite de l'effondrement des grands récits légitimateurs, la légitimation est construite par le biais de « petits récits » de légitimation, qui témoignent de consensus locaux et partiels. Pour cerner ces pratiques de légitimation, des entrevues structurées autour de vignettes cliniques ont été menées avec neuf intervenants sociaux, détenteurs d'un baccalauréat ou d'une maîtrise en travail social. Des analyses narratives thématique, performative et structurale ont été réalisées à partir du corpus recueilli. Sur le plan thématique, cinq thèmes prédominent : les informateurs produisent des récits sur le destinataire, sur le contexte de pratique, sur l'éthique, sur la professionnalité ainsi que sur le savoir pour légitimer leur action. Sur le plan performatif, plusieurs stratégies rhétoriques ont été relevées dans l'argumentation des informateurs, par exemple l'adaptation contextuelle des récits et la mise en œuvre de prétextes. L'analyse structurale dénote pour sa part la présence de paradoxes. Une analyse comparative des récits a finalement été menée : elle indique que les pratiques de légitimation ne sont pas liées logiquement à l'action, mais découlent plutôt de leur contexte d'énonciation. Différents effets des récits de légitimation sont identifiés : il est constaté que les pratiques de légitimation permettent de consolider la professionnalité des intervenants et qu'elles étayent des stratégies identitaires principalement de type défensif. Ce faisant, elles contribuent cependant à évacuer la demande du destinataire et, ainsi, à restreindre sa prise en compte.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Légitimation, travail social, analyse narrative, prise en compte, rhétorique
Type: |
Mémoire accepté
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Informations complémentaires: |
Le mémoire a été numérisé tel que transmis par l'auteur |
Directeur de thèse: |
Huot, François |
Mots-clés ou Sujets: |
Analyse narrative, Intervention sociale, Légitimation, Narration, Relation d'aide, Rhétorique, Travail social |
Unité d'appartenance: |
Faculté des sciences humaines > École de travail social |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
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Date de dépôt: |
24 oct. 2012 13:43 |
Dernière modification: |
01 nov. 2014 02:23 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/4978 |