Atsiga Mballa, Georges Franck Carl
(2024).
« Essais sur la compétition imparfaite dans le marché du travail dans les modèles macroéconomiques » Thèse.
Montréal (Québec), Université du Québec à Montréal, Doctorat en économique.
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Résumé
Cette thèse se compose de trois chapitres centrés sur l’analyse approfondie de la compétition imparfaite dans le marché du travail et son intégration dans les modèles de la nouvelle macroéconomie keynésienne, ainsi que sur les implications macroéconomiques qui en découlent, particulièrement dans le contexte de l’économie américaine. Dans le premier chapitre, nous explorons deux paradigmes opposés du marché du travail. D’une part, la vision standard des modèles de la nouvelle macroéconomie keynésienne où, en raison de leurs compétences distinctes, les ménages exercent un pouvoir de monopole en déterminant les salaires. D’autre part, nous examinons une approche où, dans un marché du travail dans lequel les travailleurs ont des options limitées, les firmes exercent un pouvoir de monopsone en dictant les conditions d’embauche et les salaires. En calibrant les deux modèles de manière similaire, notre analyse révèle que l’introduction de la compétition de monopsone dans le marché du travail ne bouleverse pas de manière significative les propriétés cycliques traditionnellement identifiées dans la littérature standard, en ce qui a trait aux chocs structurels standards. Toutefois, les effets d’un choc specifique sur les salaires (plus précisément sur la marge ajoutée ou sur la minoration sur les salaires) sont significativement plus prononcés dans le modèle avec monopsone, mettant en exergue les différences d’incitatifs qu’ont les firmes et les ménages lorsque les premiers ou les seconds possèdent et exercent le pouvoir de marché. Par ailleurs, notre analyse et nos résultats ne nous permettent pas d’établir une supériorité de la performance empirique de la modélisation sur la base d’un marché du travail en concurrence imparfaite avec pouvoir de marché détenu exclusivement soit par les ménages soit par les entreprises. Le deuxième chapitre adopte une perspective possiblement plus réaliste du marché du travail en introduisant une structure à trois segments. Nous avons la compétition de monopole dans un premier segment où les ménages détiennent le pouvoir de marché, leur permettant de fixer les salaires. Dans un deuxième segment, les firmes possèdent le pouvoir de marché, donnant lieu à la compétition de monopsone dans laquelle elles prennent les décisions d’embauche et de fixation des salaires. Enfin, dans un troisième segment, employés et employeurs évoluent dans un environnement purement concurrentiel dans lequel l’évolution des embauches et des salaires est dictée par les conditions générales du marché. Ce cadre démontre sa pertinence théorique en produisant des trajectoires de réponses cohérentes avec les études existantes sur le cycle économique. Nos analyses mettent en lumière l’interaction significative entre les chocs de politique monétaire, la composition du marché du travail et le degré de pouvoir de marché et de rigidité des salaires nominaux. En outre, notre modèle performe mieux que le modèle de la nouvelle macroéconomie keynésienne standard en terme de sa capacité à reproduire des moments empiriques tels que la volatilité cyclique de certaines variables macroéconomiques clé telles que a production, de l’investissement, du salaire réel, du travail, de la productivité marginale du travail et de l’inflation. Finalement, nous trouvons qu’une économie dans laquelle la proportion des travailleurs oeuvrant dans un segment de concurrence monopsonistique est plus faible affiche un niveau de bien-être plus élevé. Le troisième chapitre s’appuie sur le modèle de la nouvelle macroéconomie keynésienne enrichi du deuxième chapitre et procède à son estimation en utilisant des méthodes bayésiennes. Face au défi que représente l’estimation de nouveaux paramètres en l’absence d’évidences empiriques et théoriques substantielles, nous adoptons une approche innovante, s’appuyant sur des preuves indirectes, des distributions à priori non informatives, et une intuition économique raisonnable. Nos résultats sont cohérents avec les contributions majeures de la littérature et capturent efficacement certaines caractéristiques clés de l’économie américaine, notamment la diminution de la volatilité macroéconomique et l’augmentation du pouvoir de marché des entreprises observées depuis le début des années 1980. De plus, en réexaminant les sources des fluctuations du cycle économique, nous obtenons des perspectives contrastées et enrichissantes par rapport à la littérature.