Tison, Rémi
(2024).
« Une conception écologique-énactive de la communication dans le cadre de l'inférence active » Thèse.
Montréal (Québec), Université du Québec à Montréal, Doctorat en philosophie.
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Résumé
L’objectif de cette thèse est de développer une théorie pragmatiste de la communication, selon laquelle la communication doit avant tout être conçue comme une forme d’action. Elle se distingue de la conception historiquement dominante selon laquelle la communication a avant tout pour fonction de transmettre de l’information, qui fait face à certains problèmes récurrents motivant à mon sens l’exploration de conceptions différentes. Comme toute action, le comportement communicatif permet à un organisme d’intervenir dans son environnement pour atteindre certains buts. Selon la théorie proposée ici, la particularité de l’action communicative est que celle-ci permet à un organisme d’agir sur son environnement par le biais de l’action d’un autre organisme. La communication a donc pour fonction d’influencer le comportement d’autres organismes afin d’atteindre certains buts. Cette proposition, d’abord appliquée au comportement communicatif des animaux non humains et des bébés, peut également être développée pour rendre compte de la communication coopérative spécifiquement humaine, dont la communication linguistique est un cas particulier. Dans l’approche pragmatiste préconisée dans cette thèse, la communication coopérative émerge dans le contexte d’actions conjointes, c’est-à-dire de situations où des individus tentent d’accomplir quelque chose ensemble. La communication coopérative permet aux participants à une telle action conjointe de coordonner leur comportement afin d’atteindre de manière plus optimale les buts de cette action conjointe. Plus précisément, la communication favorise la coordination en permettant aux participants de construire et d’adapter un contexte partagé sollicitant de leur part les comportements appropriés au bon moment en fonction de l’évolution de leur action conjointe. Les participants peuvent ainsi réguler ensemble la dynamique de leur interaction et guider mutuellement leur comportement vers l’atteinte optimale de leurs buts partagés. Finalement, cette proposition peut être élaborée pour rendre compte du type particulier de normativité sociale qui gouverne l’usage du langage. Afin de façonner un environnement social plus prédictible, les membres d’une communauté adopteront des attitudes normatives régulant leurs interactions communicatives, menant à la sanction positive ou négative des comportements communicatifs produits dans cette communauté. Ces attitudes normatives institueront des normes linguistiques spécifiant la signification des expressions communicatives utilisées dans cette communauté, qu’on pourra dès lors qualifier de communauté linguistique.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : communication, pragmatisme, énactivisme, psychologie écologique, inférence active, affordances, action conjointe, système dynamique, interaction sociale, cognition sociale, construction de niche, normes sociales, langage, signification