Girard, Gabrielle
(2024).
« Effets de l'écriture inclusive sur la compréhension en lecture » Mémoire.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en linguistique.
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Résumé
Ce mémoire porte sur les effets de l’écriture inclusive sur la compréhension en lecture. L’écriture inclusive est une manière de rédiger qui vise à rendre visible un plus grand nombre d’identités de genre dans la langue française, en s’opposant à l’utilisation du masculin dit générique pour faire référence à des groupes mixtes. Une grande variété de pratiques existe, comme les doublets abrégés (les lecteur·trices) ou l’écriture épicène (le lectorat). Les doublets abrégés sont formés par l’ajout de la terminaison féminine à la suite du mot au masculin, séparée par un signe typographique alors que l’écriture épicène consiste à éviter les références au genre des individus en utilisant notamment des noms neutres (qui ne varient pas en genre, comme lectorat), des noms épicènes (qui gardent la même forme au masculin et au féminin, comme spécialiste) ou des reformulations. Les diverses techniques d’écriture inclusive sont susceptibles d’affecter la compréhension en lecture. En effet, que ce soit par une complexification ou un allongement des structures syntaxiques ou par l’ajout de signes typographiques, il est possible que la difficulté à comprendre des textes soit augmentée par l’écriture inclusive. Afin d’examiner cela, nous avons réalisé une expérience utilisant, d’une part, l’oculométrie, qui permet de nous renseigner sur les processus de compréhension en lecture (Rayner, 1998 ; Rayner et al., 2006a), et d’autre part, des questions de compréhension s’inspirant des trois niveaux de compréhension proposés par Kintsch et van Dijk (1978) afin de vérifier la construction du modèle mental lors de la lecture (van den Broek et Espin, 2012). Au cours d’une tâche de lecture, les mouvements oculaires des participant·es (N=37) ont été enregistrés par l’oculomètre Tobii Pro Fusion (250 Hz) et des questions de compréhension ont été posées après chaque texte. Ainsi, une mesure online (les mouvements oculaires) et une mesure offline (les réponses aux questions de compréhension) ont servi à déterminer l’impact de l’écriture inclusive sur les processus de compréhension en lecture. Le matériel expérimental était composé de 15 paragraphes comportant 4 zones cibles écrites dans l’une de ces 3 conditions : (1) masculin, (2) doublets abrégés, (3) écriture épicène. Les résultats ont montré un ralentissement en présence de doublets abrégés sur trois mesures oculométriques soit le temps de fixation dans la première passe, le temps de fixation total et la durée du regression-path. Nous n’avons pas trouvé d’effet des doublets abrégés sur les réponses aux questions de compréhension. Aucun effet de l’écriture épicène n’a été trouvé sur les mesures oculométriques ni sur les réponses aux questions de compréhension. Ces résultats suggèrent une difficulté de compréhension générée par les doublets abrégés, mais qui ne nuit probablement pas considérablement à la création du modèle mental. La difficulté semble résolue simplement en fixant plus longtemps le doublet abrégé, menant à un temps de fixation total supérieur d’environ 60 millisecondes par rapport aux mots écrits au masculin.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : écriture inclusive, compréhension, lecture, oculométrie, doublets abrégés, écriture épicène
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