Bergeron, Laurie
(2023).
« Entre les contraintes de la relation d'aide et les impératifs de la diplomation : une étude de la dynamique du travail des orthopédagogues au secondaire dans leurs interventions en mathématiques » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en éducation.
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Résumé
Cette recherche vise à cerner la dynamique entre la prescription du travail des orthopédagogues et ce qu’elles font de manière effective au regard de leur travail d’intervention en mathématiques au secondaire. L’orthopédagogie est une profession qui, au Québec, émerge de la croissante demande sociale au regard de l’échec et des difficultés scolaires. Étant pourtant institué depuis plus de 50 ans, il est difficile de brosser un portrait clair quant à la nature et aux fondements de ce travail tout comme du corpus de savoirs qui le soutient (Office des professions du Québec [OPQ], 2014 ; Prud’Homme, 2018). D’ailleurs, le fait que plusieurs aspects de la tâche de l’orthopédagogue empiètent sur celles de différents acteurs oeuvrant en milieu scolaire (enseignant, enseignant-ressource, psychologue, orthophoniste, etc.) contribue à la confusion tout comme à certaines tensions entourant le rôle de l’orthopédagogue, mais participe également à leur difficulté à se faire reconnaître comme profession distincte (Bergeron et Barallobres, 2019a ; Prud’Homme, 2018). En raison de leur mission partagée avec plusieurs acteurs du milieu éducatif, les orthopédagogues se retrouvent dans la nécessité de justifier leur présence par la spécificité de leur approche. Puisque ce sont les politiques locales (plan de service des écoles) qui ont le dernier mot sur leurs tâches (Houle, 2016), les responsabilités et les tâches de l’orthopédagogue varient grandement selon le milieu de pratique (OPQ, 2014). En particulier, au secondaire et en mathématiques, le travail orthopédagogique consiste en une énigme et pourtant, le nombre d’élèves en difficulté à cet ordre d’enseignement ne cesse de croître (Conseil supérieur de l’éducation [CSE], 2017) tout comme la demande de soutien en mathématiques pour les élèves (Audet, 2017). Au croisement de l’approche anthropo-didactique (Sarrazy, 2002) et de l’analyse de l’activité (Clot, 2015a), le projet tente d’appréhender le travail orthopédagogique dans son épaisseur contextuelle par la prise en considération des dimensions didactiques, personnelles, collectives et historico-culturelles de celui-ci. Il s’agit ainsi, dans une démarche qui favorise le dialogue entre chercheuse et travailleuses tout comme le développement du pouvoir d’agir des personnes impliquées, de saisir la façon dont les orthopédagogues du secondaire se saisissent des discours de l’institution, les font les leurs, les transforment, se (re)définissent collectivement en tant que profession et les façons dont ces interprétations interagissent dans le cadre d’une activité singulière dans les interventions en mathématiques auprès des élèves. Ces différentes dimensions ont été investiguées par la mise en place d’une méthodologie multiniveaux afin de les appréhender dans leur interdépendance. Les deux premières démarches consistent en l’étude du contexte historico-culturel du métier, sa création et son développement ainsi qu’en l’analyse de la prescription du travail. Par la suite, ce sont des entretiens de type focus group qui ont été menés afin d’accéder aux attendus génériques de l’activité de travail, mais également afin de mieux cerner les défis, dilemmes et conflictualités de la profession. Finalement, afin de mieux comprendre la manière dont se met en place et se personnalise le travail dans une perspective où les orthopédagogues sont partie prenante du processus d’analyse, des observations couplées d’entretiens post-leçon ainsi, que d’un entretien d’autoconfrontation simple ont été mis en place auprès de deux orthopédagogues. Les résultats du croisement de ces analyses permettent, en un premier temps, de mieux comprendre la manière dont la relation d’aide, en tant que fondement prescrit de la mission orthopédagogique, entre en jeu et se déploie comme une contrainte à la fois au sein des transactions didactiques, mais également sur la manière dont les orthopédagogues se réapproprient, en tant que collectif, les règles de leur métier. Ensuite, la démarche menée permet également de constater la manière dont les injonctions concernant la réussite scolaire ainsi que la gestion scolaire y étant associée mettent en tension la relation d’aide orthopédagogique et favorisent, dans l’action didactique, des logiques de réussite aux dépens de logiques d’apprentissage par l’entremise de méthodes pédagogiques réputées efficaces qui visent la production de la réponse attendue par les élèves par l’économie d’un travail épistémique partagé entre orthopédagogue et élèves. Au final, si la recherche a favorisé une meilleure compréhension du métier orthopédagogique, elle a également permis aux participantes et participants de se reconnaître dans l’autre, de se sentir reconnus, mais également de porter un regard nouveau sur leur activité par l’entremise de la redécouverte de celle-ci et ainsi de développer un pouvoir d’agir.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : orthopédagogie, mathématiques, secondaire, réussite scolaire, difficulté scolaire, didactique des mathématiques, anthropo-didactique, analyse du travail, activité, action didactique, jeu didactique.
Type: |
Thèse ou essai doctoral accepté
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Informations complémentaires: |
Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A. |
Directeur de thèse: |
Barallobres, Gustavo |
Mots-clés ou Sujets: |
Orthopédagogie / Pratique / Difficultés en mathématiques / Enseignement secondaire en mathématiques / Réussite scolaire |
Unité d'appartenance: |
Faculté des sciences de l'éducation |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
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Date de dépôt: |
11 juill. 2023 08:50 |
Dernière modification: |
11 juill. 2023 08:53 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/16747 |