Thoër, Christine
(2005).
« Ménopause et hormonothérapie, expériences et représentations de femmes baby-boomers » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en sociologie.
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Résumé
La question de la construction de la ménopause par la profession médicale et l'industrie pharmaceutique a suscité beaucoup d'attention depuis une vingtaine d'années, mais la façon dont les femmes issues de la génération du baby-boom vivent et se représentent ce phénomène est moins documentée. L'objectif de cette recherche est de mieux comprendre les représentations des femmes françaises à l'égard de la ménopause et du traitement hormonal de substitution (THS), dans un contexte marqué par la publication de deux études, la Women Health Initiative (WHI) et la Million Women Study (MWS), qui ont remis en question l'innocuité de cette pratique (Beral et al., 2003 ; Rossouw et al., 2002). Cette recherche s'intéresse également aux représentations des médecins gynécologues qui semblent constituer une ressource privilégiée pour les femmes au moment de la ménopause. Nous avons adopté une méthodologie inspirée de la « théorisation ancrée » (Glaser et Strauss, 1967) à base d'entretiens semi-directifs réalisés auprès de 26 femmes ménopausées ou en voie de l'être, d'origine française, nées entre 1944 et 1950 et vivant dans différents quartiers du grand Toulouse. Nous avons sélectionné des participantes de niveaux d'éducation et de revenus variés, ayant exercé ou exerçant une activité professionnelle. Nous avons également mené, dans une perspective exploratoire, des entretiens semi-dirigés auprès de 8 femmes gynécologues. Notre analyse met en évidence des représentations des femmes à l'égard de la ménopause centrées autour de la notion de variation hormonale, témoignant d'une large diffusion du modèle biomédical auprès des profanes. Nous avons construit une typologie de ces représentations qui correspond à cinq façons d'appréhender la variation hormonale et ses conséquences sur la santé, la performance, les émotions, la sexualité, l'image corporelle, et à différentes modalités d'inscription dans le processus de vieillissement (la « ménopause contrôlée », la « ménopause effacée », « la « ménopause naturelle », « la ménopause fatalité » et la « ménopause transition-libératrice »). Le rapport à l'hormonothérapie semble également jouer un rôle important, témoignant d'un resserrement de la construction représentationnelle de la ménopause autour de cette thérapeutique. Les représentations des gynécologues sont également centrées sur la baisse de la production hormonale et sur ses conséquences sur la santé physiologique et psychologique des femmes. Celles-ci considèrent également la ménopause comme une transition identitaire plus ou moins difficile à négocier pour les femmes. Si les médecins restent largement favorables à la prescription du THS qui permet de soulager les troubles du climatère, de prévenir le risque d'ostéoporose et protège du vieillissement prématuré, les représentations des femmes à l'égard de ce traitement varient. Certaines témoignent de représentations positives du THS qui remplit de multiples fonctions. D'autres sont plus ambivalentes à l'égard de ce produit, notamment depuis la publication des résultats des études WHI et MWS. Les dernières adhèrent à une représentation négative du traitement, qui est plus ou moins récente. La médiatisation des risques associés au THS semble en effet avoir provoqué un retour réflexif des femmes sur leur engagement dans l'hormonothérapie, entraînant pour certaines, une modification des pratiques et une prise de distance à l'égard du médecin gynécologue, et plus généralement, du système expert (Beck, 2001 ; Giddens, 1992). Les praticiennes témoignent essentiellement d'une sensibilité accrue au risque médico-légal ; elles considèrent aussi que cette controverse, qui met en évidence l'influence croissante d'autres acteurs (les politiques, les médias, les chercheurs), a eu un impact important sur leur pratique professionnelle. Cette recherche, qui s'inscrit dans la perspective théorique des représentations sociales, a été l'occasion d'interroger la relation entre les représentations, les pratiques et les expériences. Nos résultats convergent vers un modèle où représentations et pratiques s'engendrent mutuellement (Abric, 1994) et où l'expérience intervient comme médiateur entre la représentation et la pratique. Cette notion d'expérience, qui reste assez peu développée dans la théorie des représentations sociales, semble particulièrement riche parce qu'elle permet d'introduire une temporalité. Elle reste toutefois à explorer et à opérationnaliser. Nos analyses soulignent enfin la nécessité de prendre en compte les différents acteurs avec lesquels les femmes entretiennent des relations symboliques. Ces acteurs, qui se situent tout au long de la « chaîne du médicament » (Garnier, 2003), interviennent à divers degrés dans le processus de construction des représentations de la ménopause et des pratiques qui l'entourent.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Ménopause, Hormonothérapie, Femmes, Gynécologues, Représentations sociales
| Type: |
Thèse ou essai doctoral accepté
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| Informations complémentaires: |
La thèse a été numérisée telle que transmise par l'auteur. |
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Directeur de thèse: |
Rafie, Marcel |
| Mots-clés ou Sujets: |
Ménopause / Hormonothérapie / Représentations sociales / Femmes françaises / Gynécologues / Génération du baby-boom |
| Unité d'appartenance: |
Faculté des sciences humaines > Département de sociologie |
| Déposé par: |
Service des bibliothèques
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| Date de dépôt: |
15 nov. 2022 10:02 |
| Dernière modification: |
15 nov. 2022 10:02 |
| Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/16134 |
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