Courville, Denis
(2021).
« La question du psychologisme et du naturalisme chez Husserl » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en philosophie.
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Résumé
La présente thèse se donne pour tâche d’examiner la question du psychologisme et du naturalisme dans la philosophie d’Edmund Husserl. Elle se propose plus précisément de clarifier et d’établir le sens qui revient au concept de naturalisme chez Husserl. La thèse principale que nous défendons à cet égard est que la conception husserlienne du naturalisme s’articule principalement autour de la question du psychologisme. Nous montrerons d’abord que le psychologisme représente, pour Husserl, l’expression privilégiée du naturalisme philosophique, non seulement à son époque, mais également, de manière générale, dans l’histoire de la philosophie moderne. Le psychologisme se présente alors chez Husserl comme un programme naturaliste qui entend réinterpréter la philosophie (notamment la logique et la théorie de la connaissance) dans la perspective de cette science de la nature qu’est la psychologie empirique. Or, afin de comprendre plus précisément le sens de cette thèse, nous mettrons en évidence que l’intérêt de la question du psychologisme tient en outre à ce qu’elle représente le contexte dans lequel se constitue et se développe la conception que se fait Husserl du naturalisme. À ce titre, nous nous proposons de montrer que le psychologisme joue un rôle crucial dans la façon même dont Husserl en vient à concevoir le naturalisme. Nous pouvons en ce sens comprendre l’interprétation que donne Husserl du naturalisme comme l’aboutissement des analyses qu’il consacre à la question du psychologisme depuis la période des Recherches logiques. Force est donc de reconnaître que le psychologisme constitue ici non seulement la forme par excellence du naturalisme philosophique, mais également le cadre dans lequel il convient de conceptualiser celui-ci. Pour démontrer les thèses en question, nous nous proposons dans un premier temps d’examiner le contexte philosophique dans lequel s’insère et se constitue la conception husserlienne du psychologisme et du naturalisme. Nous verrons tout d’abord qu’il convient d’interpréter et de situer la réflexion de Husserl sur cette question dans le contexte philosophique austro-allemand du XIXe et du tournant du XXe siècles. C’est en effet à cette époque que le naturalisme, tel que le comprend Husserl, en vient à se développer et à s’imposer dans la philosophie germanophone, notamment sous la forme du psychologisme. Nous porterons ensuite notre attention sur la thèse du psychologisme en logique, notamment dans le contexte des Recherches logiques. Nous soutiendrons que la réflexion husserlienne psychologisme et, donc, sur le naturalisme se situe et se développe avant tout sur le terrain de la logique. En troisième lieu, nous nous pencherons sur la conception que se fait Husserl du psychologisme dans la théorie de la connaissance. Nous expliquerons en particulier que le problème du psychologisme logique sur lequel s’attarde principalement Husserl dans les Recherches logiques le conduit à se pencher par la suite sur la question du psychologisme dans la théorie de la connaissance. Nous constaterons à cet égard qu’après les Recherches logiques, Husserl se propose de comprendre le psychologisme logique comme le produit d’une conception psychologiste de la connaissance. Il nous apparaît en outre, au cours de cette période, que le statut de la conscience et de l’intentionnalité est appelé à jouer un rôle de premier plan dans les analyses husserliennes du psychologisme. Nous montrerons dans cette optique que Husserl fait dès lors reposer les fondements et la justification du psychologisme en logique comme dans la théorie de la connaissance sur une interprétation psychologiste de la conscience et de l’intentionnalité. Or, nous verrons enfin que lorsque Husserl se propose, à partir des années 1906 à 1913, de définir le naturalisme et d’en déterminer les traits caractéristiques, il s’appuie pour l’essentiel sur ces analyses du psychologisme qu’il réinterprète alors dans une perspective naturaliste. Le psychologisme, sous toutes ses formes, se présente ainsi comme une variante, voire la forme dominante du naturalisme philosophique. Et pour les mêmes raisons, Husserl en vient à voir dans la naturalisation de la conscience et de l’intentionnalité la clé de voûte des programmes naturalistes en logique et dans la théorie de la connaissance.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Edmund Husserl, phénoménologie, naturalisme, psychologisme, logique, théorie de la connaissance, conscience, intentionnalité.