L'implantation de l'institution scolaire dans les communautés d'Ivujivik et de Puvirnituq au Nunavik : pour une prise en charge locale

Paul, Véronique (2020). « L'implantation de l'institution scolaire dans les communautés d'Ivujivik et de Puvirnituq au Nunavik : pour une prise en charge locale » Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en histoire.

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Résumé

Cette thèse s'inscrit dans la perspective de mettre au jour le travail effectué par les Inuit d’Ivujivik et de Puvirnituq entre 1950 et 1990, afin de mener un projet de prise en charge local de la scolarisation dans leurs communautés. Au Nunavik, en quelques décennies, les Inuit sont passés d’un mode de vie où l’école était absente à une fréquentation scolaire obligatoire, de la maternelle au secondaire. L’école dans les communautés nordiques est, encore aujourd’hui, une institution en développement, dont l’ancrage dans la communauté est un défi de tous les jours. Cette recherche permet de mieux comprendre d’où elle vient et quel a été le chemin parcouru par ceux qui l’ont fréquentée, subie et construite. À la suite de la sédentarisation des Inuit au milieu du XXe siècle, deux systèmes formels d’éducation se sont imposés, l’un fédéral et anglophone, à partir des années 1950, et l’autre, provincial et francophone, au milieu des années 1960. En 1975, les Inuit et les Cris signèrent la Convention de la baie James et du Nord québécois (CBJNQ) avec les deux paliers de gouvernement malgré l’opposition de 30 % de la population. Regroupés au sein d’un mouvement corporatif dissident connu sous le nom d’Inuit Tungavingat Nunamini (ITN), ils furent principalement actifs dans les villages d’Ivujivik, de Puvirnituq et de Salluit. La convention fixait ainsi le cadre légal de l’administration publique incluant l’éducation. Dès lors, la Commission scolaire Kativik (CSK) devint responsable de la scolarisation de l’ensemble des communautés au nord du 55e parallèle. Deux communautés refusèrent d’intégrer ce système. À partir de leur projet-école déjà entrepris par les comités de parents, elles mirent sur pied des comités d’école afin de construire et d’administrer leur propre projet en marge de la CSK, pour et par les populations locales. Cette recherche vise à apporter une contribution à l'étude de l’histoire de l’éducation en milieu autochtone par l’analyse des stratégies de résistances mises en œuvre face à l’implantation d’une institution scolaire venue de l’extérieure, ainsi que par la redécouverte des moyens qui avaient été utilisés pour inuitiser les écoles. Pour y arriver, nous nous sommes fixée comme objectif général de comprendre les circonstances et de dégager les principaux éléments contextuels qui ont mené à la mise sur pied et au développement de l’institution scolaire dans les communautés de Puvirnituq et d’Ivujivik. Les objectifs spécifiques étaient de (1) repérer et décrire comment les intervenants impliqués dans le développement d’un projet d’école communautaire avaient résisté à l’implantation d’une institution scolaire venue de l’extérieur afin de l’adapter à leurs besoins; (2) saisir le contexte local, régional et global dans lequel ce mouvement avait évolué et (3) comprendre d’où était issu le mouvement communautaire de prise en charge locale de leurs « affaires » par les Inuit de ces communautés qui avaient aussi résisté à l’imposition de structures qallunaat au plan économique (Coopératives du Nouveau-Québec), politique (Inuit Tungavingat Nunamini) et social (Comité de parents). Des entretiens non directifs ont été menés par l’étudiante-chercheuse avec des Inuit et des Qallunaat qui ont été impliqués dans ce projet afin de recueillir leurs récits de pratique. Cette source orale a été mise en relation avec des documents d’archives en vue d’analyser les formes de résistance utilisées par les Inuit pour faire face aux changements rapides qui s’opéraient sur leur territoire. Les résultats démontrent que les Inuit de ces communautés ont résisté passivement au départ, puisque l’institution était investie d’un charisme prometteur. Cependant, rapidement, leur perception d’une contradiction entre la culture de leur peuple et ce qui était enseigné à l’école les amena à résister de façon active. Finalement, une résistance participative émergea au cours des années 1975 par la mise sur pied d’un projet d’école communautaire basé sur les besoins des enfants ivujivimmiut et puvirnitummiut. Puis, à partir de 1984, ces précurseurs s’associèrent à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) en vue de mieux s’approprier les codes associés à l’institution scolaire eurocanadienne et de les adapter à leurs propres épistémologies. Cette recherche est une étape dans la poursuite d’une compréhension plus approfondie de l’histoire récente de la nation inuit et ouvre, par conséquent, à la possible création de référents identitaires. La mise au jour de cette histoire de l’éducation a été demandée par des « leaders » pédagogiques et les jeunes enseignants des écoles de Puvirnituq et d’Ivujivik qui ont l’impression que leur histoire s’efface chaque fois qu’un de leurs « elders » s’éteint. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : histoire, éducation, scolarisation, Inuit, résistance, institution Autochtone, dissident, Ivujivik, Puvirnituq, Nunavik

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Directeur de thèse: Beaulieu, Alain
Mots-clés ou Sujets: Inuits / Éducation / Histoire / 20e siècle / Écoles communautaires / Mouvements de résistance autochtones / Ivujivik / Puvirnituq / Nunavik
Unité d'appartenance: Faculté des sciences humaines > Département d'histoire
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 21 juill. 2021 10:21
Dernière modification: 21 juill. 2021 10:21
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/14430

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