Rasavady, Nalida
(2020).
« «C'est les règles du jeu» : une exploration de l'univers normatif du graffiti à Montréal » Mémoire.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en droit et société.
Fichier(s) associé(s) à ce document :
Résumé
Le présent mémoire porte sur la complexité de l’expérience de la normativité au sein du champ du graffiti à Montréal, et ce, dans un contexte où plusieurs règles, provenant de systèmes normatifs différents, aspirent à le réguler. Construit dans un désir de se
dégager des catégories juridiques préétablies, ce mémoire prend comme ordre normatif de référence celui des graffeurs et des graffeuses ; ce sont donc les préoccupations et les classifications qui caractérisent les discours normatifs des acteurs et des actrices du
graffiti qui constituent l’objet de ce mémoire. Le cadre du pluralisme juridique radical et les concepts de la théorie des jeux ont été mobilisés pour aborder la normativité vivante au sein du champ du graffiti. Par l’entremise de méthodes de recherche qualitative, neuf membres de la sous-culture du graffiti à Montréal ont été interviewés sur leur expérience. Les résultats de recherche
indiquent que les règles qui encadrent la pratique du graffiti sont également celles qui la distinguent d’autres pratiques artistiques dans l’espace public et qui, en même temps, définissent l’identité du graffeur et de la graffeuse. Pourtant, ce mémoire relève
l’hétérogénéité des interprétations et des usages des règles répertoriées. Il propose donc une typologie des graffeurs et des graffeuses de Montréal mettant en lumière les stratégies par lesquelles ceux et celles-ci participent à la régulation de leur champ, et ce, selon leurs identités d’Artiste, de « Street artist », de Bomber traditionnel ou de Bomber iconoclaste. Fondée sur les prises de position et les enjeux normatifs qui divisent les membres de la sous-culture, la typologie démontre que les frontières du
graffiti, et les modalités par lesquelles le champ est perméable aux autres systèmes normatifs, sont l’objet de négociations constantes entre les graffeurs et les graffeuses. Pour terminer, ce mémoire offre une réflexion sur le graffiti à partir d’une perspective
géographique du droit. Il suggère que les règles du graffiti participent à la territorialisation d’un contre-espace, lui-même déterminé par l’espace matériel dans lequel la pratique du graffiti s’inscrit.
_____________________________________________________________________________
MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : graffiti, normativité, jeu, pluralisme juridique radical, géographie du droit