Bouchard, Marie-Chantal
(2020).
« Les relations entre le décrochage et le contexte socio-économique local au Québec : étude de cas dans la région de Lanaudière » Mémoire.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en sociologie.
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Résumé
Bien que les politiques de réussite éducative mises en place depuis plusieurs années ont eu un effet bénéfique, le décrochage demeure encore préoccupant dans certains milieux. L'acte de quitter l'école sans avoir obtenu de diplôme est le résultat d'un processus dans lequel plusieurs facteurs interfèrent. En adoptant une approche examinant différentes échelles de l'action sociale et une stratégie méthodologique mixte pour comprendre ce phénomène, nous avons cherché à saisir si les considérations économiques participent au décrochage. Ces dernières peuvent prendre plusieurs formes : les perspectives d'emplois comme alternative aux études, le rapport à l'emploi de l'entourage et, plus globalement la situation socio-économique familiale. Avec un survol des données quantitatives et une étude qualitative, nous avons d'abord observé la relation entre les vecteurs économiques et scolaires. Puis nous avons comparé les représentations des possibilités d'emplois issues du milieu économique et celles des jeunes pour repérer un impact possible de celles-ci sur leur décision de quitter l'école sans avoir obtenu de diplôme. Nous nous sommes aussi demander si de passage était différent selon le genre. Lanaudière est une région bipolaire, tant au niveau des caractéristiques socioéconomiques que du portrait des entreprises. Au nord, la MRC de Matawinie est rurale, plus défavorisée, peu peuplée et a un taux élevé de décrochage (plus de 20%). Peu d'entreprises y sont établies, surtout des PME concentrées dans deux municipalités, ce qui limite les opportunités d'emplois. Au sud, la MRC des Moulins, milieu urbain à proximité de Montréal est plus peuplée et favorisée. Son taux de décrochage se situe sous la moyenne québécoise (moins de 9%). Ce territoire, qui est aussi devenu une banlieue au sein de la grande région montréalaise, est desservi en termes de transport collectif, un facteur facilitant l'emploi des jeunes. Dans Lanaudière contrairement à l'ensemble du Québec, il existe une relation inversée importante entre le taux d'emploi et de diplomation. En d'autres termes, plus la proportion de personnes qui occupent un emploi est grande plus les jeunes quittent l'école sans diplôme. Cette observation est d'autant plus marquante en Matawinie. À l'échelle des MRC, le genre affecterait aussi l'articulation économie-scolarité-territoire. Contrairement à ce qui est véhiculé dans le discours publique, l'adéquation diplôme-emploi ne reflète pas la situation des localités sélectionnées. En effet, au moment de notre étude, les non diplômés étaient les bienvenus dans la majorité des entreprises (65%) et plus particulièrement en Matawinie (plus de 80%). Les résultats de nos entrevues indiquent d'abord que le décrochage est sur le plan de l'expérience sociale une situation plus compliquée qu'il n'y paraît. La notion de décrochage ne peut être conceptualisée de façon binaire. Ainsi, nous avons dégagé une typologie en trois catégories : [Les persévérants non diplômés] Les jeunes qui sont demeurés à l'école secondaire jusqu'à l'atteinte de l'âge maximal soit 18 ans mais sans avoir réussi les acquis pour obtenir un diplôme (DES ou DEP). [Les contraints au décrochage] Les jeunes qui ont quitté l'école sans avoir vraiment eu le choix, des contraintes externes les ont obligés à quitter sans avoir terminé leur scolarité. Cela ne veut pas dire toutefois, qu'ils n'ont aucune responsabilité face à cette situation, des actions antérieures ou la notion de devoir peut ici entrer dans l'équation. [Les sortants volontaires] Ceux qui pour une raison ou pour une autre ont fait le choix de quitter le secondaire avant l'obtention du diplôme. L'Attrait pour l'emploi constitue un premier motif. Le second motif est le désengagement scolaire décrit par des auteurs comme Waterhouse
(1990) et Bernard (2011). Les jeunes décrocheurs ne font pas a priori une analyse des opportunités d'emploi qui influencerait leur parcours menant au décrochage. Les expériences vécues à la suite de leur départ de l'école leur ont permis de se faire une représentation des opportunités d'emplois, qu'elle soit fondée sur leur propre expérience ou celle de leur entourage. Toutefois, la situation économique n'est pas sans impact sur eux, elle agit plutôt comme structurant les conditions de vie sociale et est associée aux dimensions culturelles. Ce n'est pas par le biais des opportunités d'emplois qu'elle interfère mais bien aux niveaux des inégalités socio-économiques et sur la défavorisation familiale. Les facteurs d'ordre familial et le rapport à l'école auraient davantage d'impact dans le parcours menant au décrochage. De plus, celui-ci est souvent considéré comme un moment transitoire car l'espoir du retour aux études est présent. Si a priori la question de l'emploi intervient peu dans le processus de décrochage, elle devient toutefois, une préoccupation importante suite à leur départ du secondaire. Particulièrement pour les raccrocheurs, qui choisiront le type de programme et le domaine vers lequel ils se dirigent en fonction des opportunités d'emplois.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Décrochage scolaire, Facteurs économiques, Diplomation, Territoire
Type: |
Mémoire accepté
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Informations complémentaires: |
Le mémoire a été numérisé tel que transmis par l'auteur. |
Directeur de thèse: |
Doray, Pierre |
Mots-clés ou Sujets: |
Abandon des études / Aspect sociologique / Aspect économique / Élèves du secondaire / Développement économique régional / Lanaudière (Québec) |
Unité d'appartenance: |
Faculté des sciences humaines > Département de sociologie |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
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Date de dépôt: |
19 janv. 2021 14:00 |
Dernière modification: |
19 janv. 2021 14:06 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/13854 |