Niang, Awa Ndiaye
(2019).
« Pratiques de prévention de la santé et de la sécurité du travail dans les mines d'or au Sénégal : cas de la minière Teranga Gold » Mémoire.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise ès sciences de la gestion.
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Résumé
À notre connaissance, il n'y a pas ou peu d'études qui se sont intéressées aux pratiques de santé et de sécurité au travail (SST) dans les mines d'or au Sénégal. La présente étude est une recherche exploratoire portant sur les pratiques de prévention de la santé et de la sécurité du travail (SST) dans l'une des mines d'or au Sénégal, la minière Teranga Gold, une entreprise canadienne qui a des opérations dans le pays depuis 2009. Le secteur minier est un levier de croissance économique au Sénégal mais comporte toutefois des dangers. Si les exploitations étrangères sont établies avec des normes sévères, ces normes ne sont pas nécessairement appliquées par toutes les minières au Sénégal. Le but de l'étude est de déterminer le rôle joué par toutes les parties prenantes, internes et externes à l'entreprise, à l'amélioration des conditions de travail des mineurs du Sénégal. Pour documenter les rôles des parties prenantes et leur dynamique, les questions de recherche suivantes ont été adressées aux employés et gestionnaires de la mine (les superviseurs, les travailleurs, les représentants syndicaux) et aux inspecteurs régionaux: 1. a-Quel est le rôle du superviseur dans l'application des normes et des méthodes de travail sécuritaires ? 1.b-Quelles sont ses responsabilités dans l'amélioration des pratiques de SST dans l'entreprise ? 1.c-Comment les travailleurs perçoivent-ils l'application de ces normes et méthodes de travail ? 2.a-Quelle est l'implication des organismes publics dans l'établissement de programmes pour favoriser la prévention ? 2.b-Sont-ils offerts ou commandités par des partenaires externes ? 2.c-Les travailleurs miniers participent-ils à l'élaboration de ces programmes ? 2.d-Quel est le rôle des syndicats ou de leur centrale dans la mise en place de programmes de prévention ? 3.a-Existe-il des mécanismes de contrôle et de suivi des programmes de prévention ? Les données ont été collectées par entrevues individuelles auprès des différentes parties prenantes composées d'acteurs internes et externes. Notre échantillon est composé de trente-neuf (39) personnes dont dix (10) répondants externes (inspecteurs du travail, contrôleurs de la caisse de sécurité sociale, contrôleurs du Ministère des Mines, représentants syndicaux des employés externes, contrôleurs Ministère de l'Environnement), onze (11) répondants gestionnaires et dix-huit (18) répondants employés. Nos résultats montrent que même s'il y a des textes de loi qui réglementent les pratiques préventives des activités d'extraction minières, les répondants externes déplorent une application partielle et même négligente des obligations en matière de prévention. Toutefois, les répondants tant internes qu'externes s'entendent pour dire qu'une mise à jour et une harmonisation des règlements sont requises. Toutes les parties prenantes accordent un rôle primordial aux superviseurs auprès des travailleurs, pour former et encadrer les pratiques sécuritaires, mais les gestionnaires considèrent qu'à la base, les pratiques préventives ne progressent pas parce que les employés ont des comportements non sécuritaires. Un constat pas nécessairement partagé par les répondants externes, mais qui à leur tour dénoncent les contraintes limitant leur implication dans la formation en SST des travailleurs du secteur. Comparativement au modèle canadien de prévention de la SST basé sur le paritarisme où les employés et les employeurs sont représentés à parts égales dans la gestion de la SST, au Sénégal c'est le modèle tripartite réunissant les employés, le patronat et l'État qui prime. Cette étude exploratoire a identifié quelques sujets qui mériteraient une attention dans l'amélioration des pratiques préventives de SST. D'abord, investir dans le développement des compétences des superviseurs en matière de SST, insister sur leur rôle dans l'application des pratiques sécuritaires et le développement de réflexes d'autoprotection chez les travailleurs. Ensuite, il faudrait s'intéresser à l'implication des employés à la table des décisions des mesures préventives au sein de l'entreprise, comme une première tentative du paritarisme et d'évaluer l'impact de ce type de cogestion sur les comportements sécuritaires des travailleurs. Finalement, une attention particulière devrait être accordée à l'harmonisation des pratiques entre les minières multinationales et les petites carrières.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : santé et sécurité, programmes de prévention, mines d'or, Sénégal, perceptions du risque