Le sentiment de culpabilité propre au conflit travail-famille : ressourçant pour les enfants et épuisant pour les parents?

Foucreault, Annie (2017). « Le sentiment de culpabilité propre au conflit travail-famille : ressourçant pour les enfants et épuisant pour les parents? » Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en psychologie.

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Résumé

Cette thèse se penche sur le rôle de la culpabilité travail-famille, un sentiment désagréable qui survient lorsque le parent considère qu’il ne s’est pas comporté de la façon dont il juge la plus appropriée afin de concilier les demandes de son travail et celles de sa vie familiale (Morgan & King, 2012). L’objectif général de cette thèse est de concilier les résultats contradictoires des études qui ont évalué les retombées associées à ce sentiment. D’une part, Cho et Allen (2012) ont mis de l’avant, au sein de deux études transversales, que la culpabilité travail-famille a une fonction adaptative puisqu’elle encourage les parents qui se sont surinvestis au travail à réparer le tort causé à leur relation parent-enfant en les incitant à effectuer des activités récréatives auprès de leurs enfants après leur journée de travail. D’autre part, les résultats d’autres recherches montrent que cette culpabilité peut engendrer des conséquences préjudiciables chez le parent qui la ressent, dont de la détresse psychologique (p.ex., Glavin, Schieman, & Reid, 2011). Le but de cette thèse est donc de mettre en relief que la culpabilité travail-famille peut à la fois mener à des conséquences positives pour la relation parent-enfant et avoir un envers négatif sur l’état des parents. Le chapitre II présente les résultats de l’Article 1, soit une étude par journaux de bord effectuée auprès d’infirmières. Son premier objectif est d’apporter un soutien empirique supplémentaire aux résultats des deux études exposées dans l’article de Cho et Allen (2012) en vérifiant si le rôle modérateur que joue la culpabilité sur la relation entre le conflit de tension du travail-interférant-avec-la-famille (TIF ; strainbased WIF; c.-à-d., situations où le stress généré au travail nuit à la performance à la maison) et la quantité perçue d’activités récréatives parent-enfant s’applique aussi à la réalité quotidienne des infirmières qui ont à transiger avec un double devoir de soins (c.-à-d., soins devant être donnés aux patients et aux enfants). En fait, ce double devoir de soins peut, d’une part, permettre aux infirmières de développer des compétences émotionnelles au travail (p.ex., identification et expression appropriées des émotions) qui leur seront utiles au sein de leurs interventions avec leurs enfants. D’autre part, ce double devoir amène aussi les infirmières à dépenser au travail les mêmes ressources émotionnelles que celles nécessaires à la maison (p.ex., empathie), limitant ainsi les ressources disponibles pour s’investir dans leur cellule familiale. Considérant ces deux effets distincts propres au double devoir de soins, il semblait justifié de mettre en lumière si les conséquences adaptatives associées à la culpabilité décrites par Cho et Allen (2012) sur l’investissement du parent auprès de son enfant se présentent de la même façon auprès de cette profession dont les tâches sont majoritairement de nature émotionnelle. Le second objectif de cette étude est de mettre en relief un envers plus sombre à la culpabilité en se basant sur les prémisses de la théorie de la conservation des ressources (Hobföll, 1989). Cette étude visait à vérifier si la culpabilité travail-famille peut contribuer à une augmentation du besoin de récupération des infirmières dans un contexte de conflit de tension TIF. L’intérêt de vérifier les objectifs de la thèse au sein d’une population d’infirmières québécoises est lié au fait que la présence d’une pénurie d’infirmières dans cette province suite aux restructurations du réseau de la santé exige de plus en plus aux infirmières d’en faire plus avec moins (Canadian Nurses Association, 2009 ; Trépanier, Fernet, & Austin, 2013), ce qui peut nuire à leur niveau d’énergie disponible pour leur vie familiale, accentuer leur sentiment de culpabilité et accroître leur besoin de récupération. Des journaux de bord ont été complétés pendant dix jours par 143 infirmières ayant des enfants de 5 et 10 ans. Les analyses hiérarchiques multiniveaux révèlent que la culpabilité travail-famille a des conséquences exclusivement délétères sur la relation parent-enfant et sur les parents au quotidien, car elle diminue la quantité d’activités récréatives que les infirmières perçoivent effectuer avec leur enfant et elle exacerbe leur besoin de récupération. Le chapitre III présente les résultats de l’Article 2. L’utilisation d’un devis multi-vagues (multi-wave) apporte un éclairage supplémentaire aux résultats de l’Article 1. En effet, cet article met en relief comment les conséquences associées à la culpabilité se déploient dans le temps. Cette étude auprès d’un échantillon de 289 parents d’enfants âgés de 5 à 10 ans investigue si la culpabilité travail-famille au début de l’étude atténue les effets du conflit de tension TIF sur la quantité perçue d’activités récréatives parent-enfant et teinte aussi le niveau satisfaction de vie des parents trois mois plus tard. Cette étude a été effectuée auprès de parents issus de secteurs d’emploi variés (p.ex., secteur public, privé et organismes sans but lucratif), afin de pouvoir généraliser les résultats de la première étude à un plus large ensemble de travailleurs. Dans le but de soutenir les parents qui éprouvent de la culpabilité travail-famille, cette étude vérifie aussi si le soutien instrumental du conjoint (c.-à-d., autant l’homme que la femme au sein du couple) constitue une ressource qui facilite la réponse aux demandes issues du rôle parental et qui, par conséquent, peut avoir des répercussions positives sur la satisfaction de vie. Les résultats des analyses acheminatoires montrent que les conséquences de la culpabilité sont doublement négatives. Cette dernière n’atténue pas la relation négative entre le conflit de tension TIF et les activités récréatives. Les résultats soutiennent plutôt la présence d’une médiation modérée où le conflit de tension TIF diminue la quantité perçue des activités récréatives effectuées par les parents et où la culpabilité atténue la relation positive entre ces activités et la satisfaction de vie. Enfin, les résultats montrent que le soutien du conjoint constitue effectivement une ressource qui peut être utilisée par les parents afin de répondre efficacement aux demandes issues de la famille et ainsi favoriser leur satisfaction de vie. La discussion générale présentée au chapitre IV souligne que, en utilisant le modèle différencié demandes-ressources liées au travail (Crawford et al., 2010) et la théorie de la conservation des ressource (Hobföll, 1989), cette thèse a permis de mieux saisir comment la culpabilité travail-famille s’avère nocive à la fois pour la relation parent-enfant que pour les parents. Les retombées théoriques et pratiques de cette thèse sont aussi mises de l’avant, puis des propositions de recherches futures de même que des méthodes de transfert des connaissances sont formulées. Enfin, la conclusion générale de la thèse met en relief qu’il s’agit des deux premières études qui ont investigué les retombées quotidiennes et à plus long terme (c.-à-d., trois mois plus tard) de la culpabilité à la fois auprès des enfants et des parents. L’apport des méthodes de recherche sur le potentiel de généralisation des résultats auprès des infirmières (étude 1) et des travailleurs issus de secteurs d’emploi variés (étude 2) est discuté au sein de cette section. Pour terminer, le soutien instrumental du conjoint est dépeint comme étant une ressource qui incite les parents à s’investir davantage auprès de leur(s) enfant(s) et qui contribue ainsi à leur satisfaction de vie. ____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : conflit de tension travail-interférant-avec-la-famille, culpabilité travail-famille, activités récréatives parent-enfant, soutien instrumental du conjoint, satisfaction de vie, besoin de récupération.

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: La thèse a été numérisée telle que transmise par l'auteur.
Directeur de thèse: Ménard, Julie
Mots-clés ou Sujets: Conciliation travail-vie personnelle / Culpabilité / Parents -- Psychologie / Parents et enfants / Travail et familles / Infirmières
Unité d'appartenance: Faculté des sciences humaines > Département de psychologie
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 07 janv. 2019 15:34
Dernière modification: 07 janv. 2019 15:34
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/12041

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