Abenavoli, Lorella
(2017).
« Le son plastique : empreindre le flux et l'inouï. Sonification et audification dans l'art de l'installation » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en études et pratiques des arts.
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Résumé
Le son s'est affirmé depuis un siècle comme matériau des artistes plasticiens grâce aux techniques d'enregistrement d'abord analogiques puis numériques. Depuis les années 1920, avec l'arrivée du son optique, et de façon plus décisive à partir des années 1960, de nombreux artistes, d'abord dans le domaine de la musique puis dans celui des arts audio, ont utilisé le son afin de révéler certains phénomènes physiques comme source de leurs œuvres. Par ailleurs, depuis les années 1990, parmi les nouvelles disciplines de recherche, corrélatives du développement de l'informatique et de l'audio-numérique, on peut identifier le développement d'un vaste domaine qui utilise le son à des fins de « visualisation » de phénomènes physiques ou de données abstraites non sonores. Ce domaine de recherche s'appelle la sonification. La sonification au quotidien se retrouve dans toutes nos interfaces numériques sous la forme d'alertes ou d'alarmes ou encore en médecine (dont les échographies sonores sont un exemple désormais familier), mais elle se déploie aussi dans la recherche proposant des systèmes de représentation auditifs complexes en plein essor. La sonification s'est définie et nommée comme telle depuis 1992, à l'occasion de la fondation de l'International Community for Auditory Display (ICAD) par Gregory Kramer. Si les sciences ont réalisé une production technologique et théorique foisonnante et protéiforme dans ce domaine foncièrement interdisciplinaire, la recherche en arts audio a très peu théorisé cette pratique bien que les artistes en déclinent de nombreuses variations à travers des productions qui croissent de façon exponentielle. Cette thèse en recherche-création en art se concentre sur la pratique de la sonification dans les installations et interroge la place du son comme médium des artistes plasticiens. Sculpteure de formation, la sonification s'est imposée dans mes œuvres depuis la fin des années 90. C'est au sein d'un dialogue entre ma pratique artistique, celle d'autres artistes et le champ théorique de la sonification que s'est élaboré ce texte. S'approprier le terme de sonification tout en le redéfinissant dans un contexte de production artistique constitue l'un des défis majeurs de celui-ci. Cette thèse vise à élargir le territoire de l'art audio en y incorporant la sonification comme branche spécifique du domaine. La médiologie qui constitue le cadre épistémologique de ce travail en structure son orientation : comprendre comment les artistes s'emparent de l'audiosphère moderne et contemporaine en vue de produire des paysages sonores révélant des dimensions inouïes de la matière. Le Souffle de la terre (Abenavoli, 1997-2007) et VERTICALE, L. son d. la m..té. d. .a sève d..s un a.bre au pr..temps (Abenavoli, 2006-2015) sont deux de mes œuvres qui encadrent cette recherche. Outre ma pratique, l'histoire de la sonification, ses définitions, ses applications, ses catégories fonctionnelles et taxonomiques ont servi de référent pour mettre à l'épreuve de l'analyse diverses œuvres du répertoire des arts audio. À partir de ce travail ont surgi les deux grandes orientations de la sonification en art : d'une part les œuvres dont les sons ont une relation analogique et indicielle avec leur source et qui s'inscrivent dans la catégorie taxonomique de l'audification. D'autre part les œuvres dont les sons ont une relation codée et symbolique avec leur source et qui s'inscrivent dans la catégorie taxonomique de la sonification par mise en correspondance. C'est au sein de l'audification que se nouent intimement mes recherches artistiques et théoriques. L'audification consiste essentiellement, mais pas uniquement, à saisir des mouvements et vibrations inaudibles qui appartiennent le plus souvent au domaine physique des ondes électromagnétiques et des ondes mécaniques. Elle révèle et joue avec ces flux imperceptibles qui traversent et lient nos corps aux phénomènes cosmiques. Cette pratique partagée par de nombreux artistes appartient à une catégorie artistique, les éolectrosoniques, dont le terme a récemment été conçu par Douglas Kahn (2013). Si cette pratique est éminemment contemporaine, la relation indicielle qu'elle entretient avec le monde la situe dans la lignée d'une pratique plastique archaïque, celle de l'empreinte. Cette approche morphologique de l'art réaffirme l'une de ses fonctions implicites, en envisageant la pratique artistique comme une connaissance en acte pour le praticien et comme une connaissance matérialisée pour l'amateur. À l'instar de la perspective à la Renaissance, la sonification élabore des systèmes symboliques de description et de construction du monde. La sonification s'est invitée dans cette thèse comme terme, comme technique, comme discipline de recherche théorique et pratique neutralisant les termes historiquement chargés de figuration et de représentation. Comment, en art, le son produit-il des images auditives qui inaugurent de nouvelles représentations du monde? C'est la question pourtant posée en filigrane tout au long de cette thèse.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Sonification, Audification, Sonification par mise en correspondance, Installation, Art audio, Éolectrosonique, Art sonore, Installation sonore, So(g)nification.
Type: |
Thèse ou essai doctoral accepté
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Informations complémentaires: |
La thèse a été numérisée telle que transmise par l'auteur. |
Directeur de thèse: |
Poissant, Louise |
Mots-clés ou Sujets: |
Art sonore / Son dans l'art / Installations sonores / Sonification / Mémoires et thèses de création |
Unité d'appartenance: |
Faculté des arts |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
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Date de dépôt: |
01 déc. 2017 10:28 |
Dernière modification: |
01 avr. 2022 14:21 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/10757 |